Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Bachar a survécu à tout…

    Bachar a survécu à tout…

    Il aura triomphé de tous ses ennemis, de toutes les adversités possibles et imaginables. Bachar est toujours là, il a colmaté les brèches, stoppé l’hémorragie, convaincu Poutine de le soutenir puissamment, mis fin à l’épidémie de défections de ses généraux et autres officiers supérieurs, bref il s’est joué de toutes les condamnations et de toutes les aversions, notamment celles d’une diplomatie française assez sotte pour demander, contre toute évidence, son départ immédiat. En fait, Laurent Fabius voulait complaire aux vœux des Saoudiens et des Emirats dont dépendent des pans entiers de l’économie française…

    Bachar est devenu tellement fort qu’il s’est offert le luxe de conclure des accords de cessez le feu et d’évacuations de rebelles… sous l’égide de l’ONU ! C’était inimaginable il y a tout juste quelques semaines ! La chance et une grande finesse diplomatique ont guidé ses choix : un régime moribond, dont la capitale était directement menacée dans ses faubourgs par le feu des rebelles, a su se rétablir, reconquérir le terrain perdu et, disons le, s’imposer, envers et contre tous.

    Cette survie et ce sursaut d’énergie, Bachar les doit à l’aide puissante et déterminée des Russes dont les intérêts convergent pour le moment avec ceux du régime. V. Poutine est très isolé sur la scène internationale, son économie est en récession, la crise ukrainienne empoisonne ses relations avec les Occidentaux, bref, il ne peut pas battre en retraite en Syrie aussi.

    Bachar a la baraka. Son armée ne s’est pas effondrée et surtout la fuite de ses généraux a cessé, grâce à la vigilance des commissaires politiques iraniens. Le Hezbollah lutte à ses côtés, en dépit de lourdes pertes et de cas d’indiscipline. La milice chiite libanaise a subi de graves défaites et perdu beaucoup d’hommes…

    On doit revenir sur la sottise française de réclamer un départ immédiat auquel personne ne croyait. Comment demander le départ d’un homme dont l’armée est la seule à combattre contre Daesh et les autres factions rebelles, sur le terrain ? C’est irréaliste. La France a perdu beaucoup de temps. Et c’est dommage.

    Paris ne devrait plus se préoccuper de Bachar mais mettre l’accent sur le combat contre le terrorisme qui a ensanglanté le pays, lequel met du temps à s’en remettre. C’est la leçon de 2015.

    Ne commettons pas en 2016 les erreurs de 2015.

  • Année 2015, annus horribilis

    Année 2015, annus horribilis

    Quand j’étais enfant, j’avais demandé à mon père de me traduire une expression hébraïque qui revenait en refrain lors de l’office religieux du nouvel An, Rosh ha-Shana. La traduction qu’il me fournit avait intrigué, voire troublé le talmudiste en herbe que j’étais : que s’achèvent (enfin) l’année (écoulée) et ses malédictions, que commencent (enfin) l’année (nouvelle) et ses bénédictions.

    On s’étonnera peut-être de cette référence liturgique dans une France si acquise (avec raison) à la laïcité, et pourtant jamais une telle prière n’aura été aussi adaptée à la situation, intérieure et extérieure, que nous connaissons, ou devrais-je dire, que nous subissons.

    A peine avions nous commencé 2015 que les assassinats de Charlie Hebdo et de l’Hyper cacher nous plongeaient dans le noir absolu. Mais ce n’était rien en comparaison de ce que nous réservait un funeste avenir… Ce serait trop triste de s’y étendre de nouveau : notre pays, frappé au cœur, le centre même de notre capitale sillonné par un groupe de fanatiques assoiffés de sang, animés par un seul désir bestial, outre celui de se suicider : faire un maximum de victimes, tuer le plus de Français possible. François Hollande que l’on disait incapable de prendre la moindre décision (voir un article allemand ravageur dans la Frankfurter Allgemeine sur ce sujet) infligea alors un cinglant démenti à tous ses détracteurs : il a réagi vite, de manière claire et efficace. Et cette fois-ci, il a évité d’être un simple tacticien pour agir en vrai stratège : un homme d’Etat porteur d’un projet et animé d’une vision au service de la France.

    Mais le pire était à venir. Nul n’avait prévu ce qui allait se passer en cette soirée fatidique du 13 novembre de cette même année terrible, annus horribilis, pour parler comme la reine d’Angleterre.

    Mais ces calamités ne touchent pas que la France. Même la Russie de M. Poutine, qui s’est puissamment engagée en Syrie, n’est plus à l’abri de ce déferlement de fanatisme. Les républiques musulmanes du Caucase qui lorgnent vers l’Etat Islamique, risquent de céder aux sirènes des islamistes qui posent désormais un problème global. Un commentateur allemand connu a relevé que sans les problèmes liés au communautarisme et à l’islamisme, les journalistes n’auraient plus grand chose à dire ni à écrire.

    Dans ce domaine, je pense que le chef de l’Etat a enfin pris conscience de la nature de l’enjeu. Il faut une le plus lecture politique des événements, et notamment de ce qui se passe en Corse. Ce qui m’a le plus frappé dans cette affaire, c’est la réaction des gens d’Ajaccio qui ont dit verbatim qu’ici on ne restera pas inerte, comme c’est toujours le cas sur le continent lorsque des individus attaquent les forces de l’ordre ou même les pompiers…. Imaginez ce qui se passerait sien France métropolitaine, des individus décidaient d’imiter les Corses… Ce serait la guerre civile.

    Certains signaux constituent autant d’indices inquiétants, dont le moindre n’est pas cette phrase sibylline, utilisée par l’ancien président dans ses vœux au pays : Rester français… Tout un programme !

    C’est pourquoi l’exécutif a raison de tenir à cette déchéance de nationalité qui déchaine les passions et transforme le camp de la gauche en un vaste champ de ruines. C’est une bonne mesure, une bonne initiative, mais le Premier Ministre n’a pas encore trouvé le juste ton ni le bon mode. Il fait preuve d’un tempérament un peu ibérique, un peu enflammé. Cela dit, révérence gardée. Il faut des arguments pas des invectives… Cela ne calme pas les choses.

    L’année 2016 qui s’annonce n’a pas besoin d’un regain de tension, car déjà en l’état, elle promet d’être assez agitée. Je ne suis pas d’un naturel pessimiste, en tout cas pas comme mon ami Jacques Attali qui, dans son blog abrité par l’Express, ne présage rien de bon. C’est un avenir apocalyptique qu’il déroule sous nos yeux.

    On peut lire l’excellente interview de Son Eminence Mgr Barbarin dans le Figaro de la semaine dernière, la veille de Noël ; le prélat a développé avec adresse uns superbe dialectique entre deux concepts séparés par une forte tension polaire : le devoir de fraternité et l’obligation de réalisme. En termes plus clairs : il ne faut pas céder au pire, pas plus qu’il ne faut fermer les yeux sur ce qui se passe réellement. L’analyse de ce texte me pousse à déplorer ce bannissement insensé du discours religieux dans la France d’aujourd’hui. Le cardinal a regretté cette amputation de la spiritualité dans la France d’aujourd’hui. Mais la déploration ne saurait constituer un discours politique. Il faut se ressaisir, il faut choisir intelligemment un cap et s’y tenir. J’espère que les vœux du chef de l’Etat le 31 décembre iront dans ce sens.

    On finira par un rappel à la célèbre phrase de Carl von Clausewitz : Les conflits ne naissent pas de la volonté des hommes mais de la rupture d’équilibre.

    Et l’équilibre, c’est vraiment ce dont la pays va avoir grand besoin…

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 29. 12. 2015

  • Les troubles en Corse : à surveiller comme le lait sur le feu…

    Les troubles en Corse : à surveiller comme le lait sur le feu…

    Il y a un peu plus de quarante ans, VGE avait parlé de l’âme corse, signifiant par là que la sensibilité des insulaires devait être respectée, ou au moins qu’il fallait en tenir compte. Certes, j’aime la Corse et les Corses, mais je dois reconnaître qu’ils sont un peu spéciaux. Surtout pour un parisien qui ne connaît nullement cette appartenance insulaire. L’insularité, c’est bien mais il faut s’ouvrir aussi aux autres, sans toutefois accepter sans rechigner que les nouveaux venus prennent le pouvoir chez vous. C’est tout le problème avec l’île de beauté. Car l’île est vraiment très belle.

    Et si les Corses ne s’y étaient pas opposés par tous les moyens, on aurait bétonné leur littoral et défiguré leur île. Néanmoins, je désapprouve les moyens itilisés pour se faire respecter.

    Quand les enfants étaient jeunes, nous avons passé nos vacances d’été trois ans de suite en Corse du sud. Nous en avons gardé des souvenirs merveilleux, mais nous avons aussi assisté à des scènes absolument uniques et absolument improbables sur le continent.

    Par exemple, dans un restaurant au bord de l’eau, le patron peut considérer que vous lui avez mal parlé et refuser de vous servir, voire vous mettre à la porte… La même chose sur une plage. Et aussi dans un autre lieu si l’on considère que vous faites trop de bruit. Le maître d’hôtel d’un splendide établissement, très luxueux, se plaindra si des clients fortunés lui parlent avec une certaine désinvolture, estimant que sa dignité est mise à mal… Même s’ils acquittent une note très onéreuse.

    Bref, des comportements un peu à part.

    Dans l’affaire qui occupe les journaux, j’ai retenu une ou deux réactions qui identifient bien le mal et sa nature : à la télévision, deux dames corses, ont dénoncé avec une véhémence incroyable l’attitude des maghrébins qui auraient agressé les pompiers et les policiers. Elle sont dénoncé l’impuissance et l’inertie de l’Etat français, soulignant que la Corse n’admettra jamais de tels crimes sans réagir. D’où les événements que nous vivons et qui ne sont pas près de s’arrêter.

    Les Corses veulent être maîtres chez eux. Je ne pense pas que leur majorité soit pour l’indépendance, ils veulent simplement leur autonomie et empêcher l’établissement de populations issues d’autres cultures, d’autres comportements, en contradiction avec leur propre mode de vie. Mais cela ne justifie pas que l’on saccage un lieu de prière, même si ce local n’était pas officiel ni déclaré à la préfecture (d’après Fl. Philppot).

    Les manifestants et les victimes de cette agression ont dit que leurs agresseurs voulaient pratiquement les tuer et que les coups de barre de fer assénés à leur camion auraient pu leur coûter la vie.

    Un dernier point : les Corses considèrent que l’Etat ne réagit pas, qu’on ne peut pas lui faire confiance, qu’il est paralysé, etc… D’où leur volonté de se faire justice eux-mêmes et d’arrêter les coupables.

    D’un point de vue plus général, et en lien avec l’autre débat sur la déchéance de nationalité, on a l’impression qu’une certaine communauté religieuse en France commence à poser un problème global. En clair, il y a une rupture de l’homogénéité de la société française qui se constate dans les banlieues, à tous les niveaux, depuis l’école maternelle jusque dans la vie professionnelle. Les attentats de janvier et de novembre ont mis cette plaie (car c’en est une) à nu. Comment guérir la société française ? Comment rétablir ou favoriser l’unité ?

    Nous sommes pour la déchéance de la nationalité mais cela divise nettement la majorité actuelle et risque d’entériner une profonde désunion. La société française n’a pas besoin de cette nouvelle césure.

    Le FN a peut-être raison de dire qu’il ne faut plus accueillir de nouveaux migrants et se concentrer sur l’intégration de ceux qui sont déjà là.