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  • Jean-Noël PANCRAZI, Je voulais leur dire mon amour (Gallimard) Ou les affres de l’exil et de la séparation

    Jean-Noël PANCRAZI, Je voulais leur dire mon amour (Gallimard)

                           Ou les affres de l’exil et de la séparation

    Sorte d’autobiographie romancée, centrée autour d’un épisode douloureux, le plus marquant d’une vie, le départ précipité d’Algérie, une Algérie indépendante et musulmane qui rejetait les descendants de ceux qui vivaient sur place depuis le premier tiers du XIXe siècle, ce livre est un véritable chef-d’œuvre, tant l’écriture en est travaillée et l’émotion à peine retenue. Il est rare que je rende compte d’un tel ouvrage, me contentant de parler de livres de philosophie, mais dans le cas de Pancrazi, ce traitement exceptionnel allait de soi : quand vous prenez ce livre entre les mains, vous ne le déposez qu’après l’avoir lu dans son intégralité. Car l’ouvrage est d’une seule pièce, il n’y a pas de chapitre, ni de partie, juste un double interligne pour permettre au lecteur, avide d’en connaître enfin le dénouement, lequel est assez inattendu, de reprendre son souffle.

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  • Esquisse de la kabbale chrétienne…

    Esquisse de la kabbale chrétienne…

    Les Belles Lettres ont bien de publier cette nouvelle traduction annotée de l’Esquisse de la kabbale chrétienne.

    Qui a bien pu commettre ce petit monument d’érudition kabbalistique au profit avoué de la religion chrétienne dont les savants les plus éminents de l’époque, ont conçu le projet de convaincre, par ce truchement, leurs contemporains juifs de venir s’abriter enfin sous les ailes de l’Eglise ? On pense généralement que le projet a été réalisé par F.M. Van Helmont et porté à la connaissance du public cultivé en 1684. Le nouveau traducteur de cette Esquisse… Jérôme Rousse-Lacordaire, juge qu’il faut laisser ouverte la question de la paternité littéraire. Et il faut bien reconnaître que ce traducteur, appartenant à l’ordre des Dominicains, a mobilisé une érudition écrasante, notamment dans les notes qui dépassent en volume le texte de la traduction. C’est un travail d’orfèvre.

    Parlons un peu du contexte dans lequel le monde chrétien de la fin du Moyen Age, et même un peu avant, a commencé de s’intéresser durablement à cet étonnant renouveau de la pensée juive, qui semblait renaître justement sous la forme d’un mouvement mystique et ésotérique. Les théologiens chrétiens qui avaient un peu hâtivement enterré le judaïsme, considéré comme une incompréhensible séquelle d’un passé révolu, virent apparaître sous leurs yeux médusés une nouvelle floraison de cette même pensée juive dont la fécondité, la profondeur et la fascination ne manquèrent pas de produire leur effet. Y compris et tout particulièrement sur les têtes pensantes du culte établi.

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  • Gerard Nahon in memoriam: hommage d’un simple disciple à un grand maître

    Gerard Nahon in memoriam: hommage d’un simple disciple à un grand maître

    La triste nouvelle vient de me parvenir : Notre maître, le grand historien du judaïsme français, vient de passer à l’éternité. Il fut mon maître comme il fut celui de milliers de gens, tant en France que dans le reste du monde ; à tous il prodigua sans relâche son enseignement ou, mieux encore, des livres d’une remarquable profondeur, ayant toujours puisé aux meilleures sources. Je voudrais dans les lignes suivantes témoigner d’une relation humaine entre un simple disciple et un grand maître et faire ressortir les qualités éminemment humaines de ce grand savant dont la modestie et l’humilité étaient proverbiales.

    J’ai été, ainsi que mon frère Samuel, élève de Gérard Nahon vers 1967-68, alors que nous étions internes à l’Ecole Maïmonide à Boulogne / Seine. C’est ce grand savant qui me parla pour la première fois dans mon existence (j’avais à peine seize ans) d’histoire juive spécifique. Mes camarades de classe et moi-même n’avions pas la possibilité de savoir qui nous prodiguait de tels cours sur une histoire juive, sur cette histoire dont nos ancêtres étaient les acteurs, et ce depuis les temps bibliques jusqu’à nos jours. Comment aurait-il pu en être autrement ? Je le revois, revêtu de sa blouse blanche, nous parlant de l’Antiquité juive, des patriarches, des héros bibliques, des personnages hauts en couleur de la diaspora et des grands noms de la philosophie juive.

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