A ses débuts, cette chaîne de télévision, surgie au Qatar il y a déjà quelques années, fut saluée par l’ensemble de la profession mais devint très vite la bête noire des régimes arabes les plus dictatoriaux. Cet organe de presse adopta les mêmes méthodes que les journalistes anglo-saxons vis-à-vis des hommes politiques. Des questions embarrassantes leur étaient posées et les journalistes ne se contentaient pas de faux fuyants. Mais avec le temps, les autorités se mirent à instrumentaliser la chaîne, en privilégiant les gouvernements amis et en dénonçant les autres, c’est-à-dire tous ceux dont la politique ne convenait pas au régime qatari.
Du coup, le monde arabo-musulman se divisa en deux camps opposés : ceux qui admettaient la chaîne et y trouvaient leur compte et ceux qui se sentaient insultés et maltraités par elle. Ces dissentiments commencèrent à se faire sentir d’abord en Egypte, sans même parler de la Syrie d’Assad dont les massacres étaient régulièrement dénoncés. Le régime du maréchal al-Sissi n’hésita pas à arrêter des journalistes, même titulaires d’une double nationalité et à intenter des procès à des correspondants de la chaîne présents sur place et dont l’orientation lui déplaisait.