Nos collègues zurichois ont récemment consacré une longue chronique au discours du ministre turc des affaires étrangères, devant le forum mondial de Davos. La NZZ relevait avec raison que la Turquie avait changé de langage ou de tactique. Ce ne sont plus les cris effarouchés d'une susceptibilité nationale maladive, mais des arguments datés et chiffrés semblant montrer une attitude plus mûre face à l'adhésion ou la non adhésion de ce pays à l'Union Européenne.
On se souvient des grandes réserves exprimées par les partis politiques et par l'opinion publique en France au sujet de cette adhésion. L'ancien président de la république était presque le seul à envisager, sur le très long terme, une telle adhésion. En Allemagne, des personnalités aussi distinguées que l'ancien Chancelier Helmut Schmidt (sans même parler de la chancelière actuelle) marquaient nettement leur opposition, en offrant à la Sublime Porte le statut de partenaire privilégié .
La Turquie est une grande nation, le Turcs ont beaucoup apporté à l'histoire, mais de tels états de service ne suffisent pas, surtout lorsque l'on constate tous les autres points qui ne sont pas vraiment positifis.
Certes, les partisans de cette adhésion ne manquent pas de souligbner les dangers inhérents à un rejet: la masse turque dériverait alors vers un paysage menaçant, constitué de pays tout juste indépendants et surtout situés dans une zone vitale pour les approvisionnements égergétiques de l'Europe. En une phrase, l'admission de la Turquie serait alors un gage de stabilité politique et énergétique de notre Europe de l'ouest.
Cet argumentaire porterait si, par exemple, la question chrypriote était réglée, si les chrétiens n'étaient plus menacés en Turquie, si les minorités étaient mieux traitées et si l'islamisme était maîtrisé… Il faut attendre: laissons du temps au temps.