Demain commence aujourd’hui : Nicolas Sarkozy devant le Congrès à Versailles
Paru dans le FIGARO du 24 juin 2009 page 14)
C’est un Nicolas Sarkozy porteur d’un grand projet et animé d’une vaste vision qui s’est présenté devant le Congrès réuni à Versailles. Il est apparu grave et déterminé, pleinement conscient de l’enjeu : montrer aux Français qu’il savait dépasser les clivages pour ne prendre en considération que les intérêts supérieurs de la nation. Pas de dramatisation, pas d’excessive solennité, juste le ton qui convient pour s’adresser au pays avec la ferme volonté de transmettre sa foi en la France et en sa capacité à surmonter la crise.
Le principe architectonique de ce discours est clair: la crise, comment la combattre, quels remèdes apporter aux ravages qu’elle laisse derrière elle, en l’occurrence, ceux générés par l’exclusion. Pour sortir de l’impasse, le président a fait le pari de marier libéralisme et humanisme, un alliage susceptible de préserver cette cohésion sociale sans laquelle nul, en France, ne peut gouverner. Pour cette raison, Nicolas Sarkozy devait reformuler les thèmes de la campagne présidentielle que l’irruption soudaine de cette crise a repoussés à l’arrière-plan. Que vaudraient les avancées technologiques si elles se font au prix d’insoutenables drames humains ? Comment accepter les mutations apparemment inéluctables de l’économie mondiale, s’il faut leur sacrifier nos valeurs les plus chères ?
Demain commence aujourd’hui : Nicolas Sarkozy devant le Congrès à Versailles
Paru dans le FIGARO du 24 juin 2009 page 14)
C’est un Nicolas Sarkozy porteur d’un grand projet et animé d’une vaste vision qui s’est présenté devant le Congrès réuni à Versailles. Il est apparu grave et déterminé, pleinement conscient de l’enjeu : montrer aux Français qu’il savait dépasser les clivages pour ne prendre en considération que les intérêts supérieurs de la nation. Pas de dramatisation, pas d’excessive solennité, juste le ton qui convient pour s’adresser au pays avec la ferme volonté de transmettre sa foi en la France et en sa capacité à surmonter la crise.
Le principe architectonique de ce discours est clair: la crise, comment la combattre, quels remèdes apporter aux ravages qu’elle laisse derrière elle, en l’occurrence, ceux générés par l’exclusion. Pour sortir de l’impasse, le président a fait le pari de marier libéralisme et humanisme, un alliage susceptible de préserver cette cohésion sociale sans laquelle nul, en France, ne peut gouverner. Pour cette raison, Nicolas Sarkozy devait reformuler les thèmes de la campagne présidentielle que l’irruption soudaine de cette crise a repoussés à l’arrière-plan. Que vaudraient les avancées technologiques si elles se font au prix d’insoutenables drames humains ? Comment accepter les mutations apparemment inéluctables de l’économie mondiale, s’il faut leur sacrifier nos valeurs les plus chères ?
L’autre thème majeur de ce discours est la nécessité du changement, gage d’un avenir meilleur et d‘une France plus forte : le monde a changé, la France doit elle aussi changer, qu’on le veuille ou non. La France d’après la crise ne ressemblera pas à celle d’avant la crise. Comment peser sur un tel monde dont nous ignorons encore presque tout ? Pourrons nous y préserver le modèle français ? La tradition républicaine nous en fait l’obligation . Le modèle français n’est pas caduc, mais il convient de le transformer afin de l’adapter aux exigences du temps présent. Où puiser notre inspiration ? L’héritage légué par les générations précédentes ne suffit plus, car l’avenir n’est écrit nulle part.
Ce discours, comme on le disait plus haut, présente une forte tonalité humaniste. On y perçoit les craintes qui hantent une bonne partie de nos concitoyens: Pourquoi la vie est-elle devenue si difficile ? Comment reprendre confiance, comment faire renaître l’espoir en des temps meilleurs ? Comment ne pas être démoralisé par cette épidémie quasi-quotidienne de licenciements et de fermetures d’usines, de gens qui ont du mal à conserver leur emploi ? Que dire à ces jeunes, parfois sur-diplômés, mais qui peinent à trouver un travail, ou enfin à ces parents angoissés par l’incertitude qui obère l’avenir de leurs enfants… Le président en est pleinement conscient, lui qui a même utilisé le terme de malaise …
En fait, la crise a joué un rôle de révélateur. Nicolas Sarkozy a déploré en termes très mesurés les retards accumulés par le pays : retraites, déficits chroniques, endettement colossal, etc… En revanche, il n’a pas mâché ses mots pour dénoncer ce qu’il faut bien nommer le mal français par excellence : l’égalitarisme (nivellement par le bas) que certains confondent allégrement avec l’égalité ( offrir à tous les mêmes chances).
L’égalité des chances, voici un leitmotiv dans le discours de tous les gouvernants, de droite comme de gauche : comment faire pour que tous (ou presque) avancent d’un même pas ? On sait l’attachement viscéral des Français à l’école ; il était donc nécessaire de dire que nul ne devrait quitter le système scolaire à l’âge de seize ans, démuni de diplôme et de formation professionnelle…
A l’examiner de près, ce discours a établi une fusion harmonieuse entre deux principes apparemment opposés : les aspirations légitimes à une tradition humaniste bien française et les exigences incontournables d’un libéralisme à l’échelle du continent européen. Avant d’aborder la seconde partie du quinquennat le président se devait de rappeler certains principes inséparables de la socio-culture française : dans ce pays, nul ne peut s’accommoder d’un dangereux creusement des inégalités. La nouveauté est que seul un train soutenu de réformes peut y remédier. Mais on connaît bien cette mentalité française si rétive aux réformes : leur poursuite est pourtant vitale pour demain.
Le paragraphe sur la laïcité est venu à point nommé. Le rappel de l’injonction de Jules Ferry de respecter une stricte neutralité et de ne froisser aucune sensibilité s’imposait, tout comme le refus de la bourka qui asservit la femme et la coupe de tout contact avec un monde dont elle fait naturellement partie. Ne soyons pas prêts à faire bon marché des valeurs de la République : quand on a des convictions on se mobilise pour les défendre.
Ce discours se signale par de nombreuses occurrences du terme stratégie, de fréquentes projections dans l’avenir et la nécessité d’anticiper afin de ne pas être pris de court. Un véritable hymne au mouvement, car l’avenir commence aujourd’hui.