Le procès AZF de Toulouse : que peut faire la justice ? La relaxe générale accordée à tous les accusés du procès AZF de Toulouse a soulevé une émotion considérable. Au terme d’un procès qui a duré presque 8 ans, les familles des victimes se disent effondrées par le verdict qui ne répond pas à leurs attentes : ayant perdu des proches, elles réclamaient des sanctions, même symboliques, mais des sanctions quand même. Faute de quoi, elles auraient l’impression que leurs proches sont morts pour rien.
On pet comprendre l’émotion des familles, mais il faut savoir que la justice ne correspond pas toujours ni en tout point à ce permet ou prévoit le droit… Je veux dire par là que le rôle de la justice n’est pas ce qu’on croit. Dans un monde qui est tout sauf idéal, la justice est nécessairement à l’image de ce que l’on vit et voit. J’ai déjà eu maintes occasions de rappeler l’exemple de ce sage andalou du XIIe sicèle, Avempace, Ibn Badja chez les Arabes, qui définissait dans son opuscule Le régime du solitaire (Tadbir al-Mutawahid) la société parfaite par deux absences : celle du juge et celle du médecin… Il suffit de voir que dans nos sociétés, les deux secteurs les plus déficitaires (sur tous les plans) sont précisément la sécurité sociale (secteur assurance maladie) la justice… Donc, nous sommes loin du compte.
Mais disons un mot de ce qu’attendent nos concitoyens de la justice. Ils en attendent trop, sans le savoir et espèrent qu’une action en justice. La justice ne répare jamais le préjudice subi, car c’est impossible, la justice ne coïncide jamais avec le droit qui est une convention sociale, c’est-à-dire qui n’est pas d’intention première. Il faudrait donc remplacer le droit par une sorte de convention, une manière de conciliation qui recherche le compromis bien plus que le rétablissement du statu quo ante… En fait, pour la justice fût parfaite, il faudrait ne pas avoir à y recourir ; ce qui veut dire que lorsqu’un préjudice est subi, il ne faut pas s’attendre à ce que la justice, par son action annihile ce fait ou ce drame en faisant comme s’il n’avait jamais existé.
Ceci pose la question de la société sans risque. Or, celle-ci est rigoureusement impossible. Cela n’existe pas.
En théologie, on tente d’expliquer comme Dieu tout-puissant tolère l’existence, voire même la prévalence du mal dans sa création réputée parfaite. Les théologiens répondent que le bien est d’intention première, c’est lui qui est visé dans l’économie de la création. Il est souhaité, il est voulu. Mais lorsque cette intention divine première entre dans le champ magnétique où circulent d’autres forces, ce bien se transforme et son évolution donné naissance à des forces d’une autre nature…
Question : comment voulez vous que le droit qui n’est pas la justice, puisse faire mieux ?