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LES ELECTIONS CONSISTORIALES DE DIMANCHE 29 NOVEMBR

LES ELECTIONS CONSISTORIALES DE DIMANCHE 29 NOVEMBRE
Institution d’origine napoléonienne qui a fêté récemment son bi-centenaire, le Consistoire de Paris est le plus important consistoire du Consistoire Central de France qui en compte un peu plus de 230 en France métropolitaine et à l’outre-mer.
En institutionnalisant la vie religieuse des citoyens français de religion juive, l’Empereur Napoléon entendait les intégrer pleinement à la Nation et réglementer aussi leur culte, faute de quoi ils n’auraient pas dépassé le stade que connaissent aujourd’hui les musulmans de France qui ne parviennent toujours pas à dépasser leurs querelles identitaires, entravant ainsi gravement la légitimité de leurs représentants… Les juifs firent jadis preuve d’une grande sagesse en suivant l’Empereur qui leur témoigna une grande mansuétude, sachant bien que leur ingéniosité exégétique proverbiale, aiguisée par un exil bi-millénaire, leur ferait trouver une place convenable dans le cadre des institutions de la France impériale. Et même au-delà… Il ne s’est pas trompé dans son calcul. Qui pourrait en toute légitimité parler au nom des juifs, en l’occurrence au plan religieux ? Car c’était bien de cela qu’il s’agissait du temps de Napoléon ; c’est le problème qui se pose encore de nos jours, bien que l’appartenance religieuse s’estompe dans le cadre de la République qui se veut avant tout laïque, tout en reconnaissant de manière absolue la liberté de conscience et de culte…


Depuis qu’il existe sous sa forme napoléonienne, le Consistoire de Paris, qui va renouveler la moitié de ses élus ce dimanche 29 novembre, aurait pourtant besoin d’un sérieux renouveau. D’où cette multitude de listes, constituées de gens peu connus, mais animés du désir de prendre en main leur devenir communautaire.
Et il semble que le corps électoral, c’est-à-dire les fidèles des synagogues de Paris et de l’île de France, ait pris conscience de cette nécessité de changement
C’est le premier enseignement du scrutin de dimanche. Il suffit de jeter un coup d’œil, même rapide, sur les listes et les quelques candidats indépendants, pour voir que le scrutin est plus ouvert que jamais. Plus de cinquante candidatures, principalement des nouveaux venus, des gens qui feraient leur première entrée dans le Conseil de l’Institution, s’ils étaient élus. Ce dont je doute personnellement car leur bonne volonté va le plus souvent se limiter à une courageuse participation au scrutin. Mais le fait méritait d’être signalé tant il est nouveau. La participation électorale promet d’être plus forte qu’à l’accoutumée. Cette effervescence était déjà nettement perceptible sur les ondes et dans les colonnes de la presse communautaire. Mais il y a plus, notamment le concours de l’internet qui permet à tout candidat inventif de déverser sous les yeux des internautes un flot d’informations et de promesses, s’il venait à être élu.
Le second enseignement porte sur un reclassement sociologique de grande ampleur : c’est la banlieue, la petite comme la plus grande, qui promet de prendre sa revanche sur Paris, longtemps accusé de détourner à son profit les meilleurs éléments et de maintenir des communautés moins favorisées dans un état peu enviable. Pendant longtemps circulait au Consistoire un mot d’esprit : les CSG ne signifiait pas Contribution Sociale Généralisée mais … Créteil, Sarcelle Garches, trois communautés, animées par des gens merveilleux  mais qui ne réussissent généralement pas à sortir du rouge…  Pour réagir à cette situation, une liste de présidents s’est constituée et son programme reflète bien ce type de préoccupations. Une sorte de tentative de rééquilibrage mais qui a peu de chance de réussir, en raison du peu d’audience de ses tenants qui ne sont connus que de leurs ouailles. Ce qui est loin d’être suffisant.
Le troisième enseignement semble bien être le désaveu que les électeurs se préparent à infliger à la liste des sortants, accusés ( à tort ou à raison) de n’avoir rien fait, de laisser l’Institution péricliter, d’être incapables de juguler les déficits, de servir un égo démesuré plutôt que le Consistoire qui aurait pourtant bien besoin que l’on accourt à son chevet.
En fait, il semble bien qu’une nouvelle génération se prépare à prendre en main l’avenir de cette institution et de réaliser, vaille que vaille, les réformes qui s’imposent. Qu’ils le disent clairement ou le laissent simplement entendre dans leurs entretiens, les chefs de listes veulent procéder à un double assainissement : moral en tout premier lieu, et enfin administrativo-financier. Les deux vont ensemble. Le problème est qu’aucune réforme structurelle digne de ce nom n’a pu être menée à bien au cours de la décennie écoulée, en raison des lourdeurs administratives et des pesanteurs, des obstructions et de la politisation de certains personnels. Or, les mêmes causes produisent les mêmes effets, l’impartialité de l’administration consistoriale ne sera effective qu’après l’édiction de nouvelles règles.
Il y a quelques années, c’est la nécessité d’assurer  l’existence pérenne de l’Institution fut durablement à l’ordre du jour en raison de déficits chroniques. Le consistoire ne peut plus se contenter des dons, des prix des places dans les synagogues, et de la redevance sur la viande, il lui faut reconstituer son portefeuille d’actions financières et reconstruire le vaste parc immobilier dont il disposait il y a quelques années. On peut dire, hélas, que l’Institution, vit désormais au jour le jour. Après une incroyable cascade de cessions immobilières et un nantissement quasi total des actions du portefeuille, rendu nécessaire par les besoins financiers, que reste-t-il au consistoire pour faire face en cas de coup dur ?
Et je laisse de côté des problèmes idéologiques internes, notamment la baisse du nombre d’adhérents au cours de ces dernières années. Le consistoire est-il l’institution d’avenir de la communauté juive parisienne et francilienne ? A en juger par le nombre d’oratoires et d’associations cultuelles indépendantes qui se créent, on peut en douter. Voyez le cas fort instructif du XVIe arrondissement de Paris où les synagogues et les oratoires poussent comme des champignons ; eh bien, aucun  oratoire, aucune synagogue n’est affiliée au consistoire. Une telle situation se passe de commentaire.
Il faut donc se ressaisir. Analyser les erreurs du passé et en tirer les conséquences. Pour rayonner de nouveau, le consistoire doit changer, raffermir ses bases, pratiquer une gestion rigoureuse, placer la représentativité nettement au dessus de la représentation et des egos personnels, développer l’éducation et la culture juives, bref il a besoin d’un authentique leadership à son service.
On souhaite donc aux nouveaux élus de dimanche soir du courage, de la persévérance et du succès.

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