Un Français sur cent a besoin de l’aide des restos du cœur
C’est un chiffre alarmant : un Français sur cent. Il y a quelques années, lorsque Coluche avait mis sur pied cette structure, c’était à titre provisoire, il s’agissait d’aider un peu de gens à franchir un moment difficile dans leur vie. Et maintenant cela fait des décennies que cela dure.
Qui compose cette population ? Selon les commentateurs, les chômeurs, en tout premier lieu, les familles nombreuses aux revenus modestes, les personnes âgées, les malades et les retraités.
Je me suis souvent demandé comment on pouvait mener une existence vertueuse, agir selon la volonté divine, bref faire le bien. Agir bien. Etait-ce par la prière, par le jeûne, par la fréquentation des lieux de culte ? Ou par tout autre chose… Notamment en aidant ceux de nos congénères qui ont froid, ne mangent pas à leur faim. Et je me suis souvenu des passages du livre d’Isaïe (VIIIe siècle avant Jésus !) qui stipule que bien agir , c’est tendre sa nourriture à l’affamé, vêtir celui est dénudé etc… Voilà l’éthique sociale de la Bible, elle qui ajoute avec tristesse dans le livre du Deutéronome que le pauvre ne disparaîtra pas de la surface de la terre (ki lo yhdal ha-évyon mi-qérév ha-aréts…)
Mais l’humanisme laïc a progressivement laïcisé ces idéaux primitivement religieux : on a créé les assurances sociales, défini un large champ des solidarités,proclamé qu’aucun être humain ne saurait être purement et simplement laissé pour compte, faut de quoi ce serait la dignité humaine dans son ensemble qui serait bafouée.
Au fond, être fidèle aux idéaux religieux passe selon moi par le respect de la solidarité qui nous unit à l’autre. C’est l’image du triangle que le philosophe allemand Franz Rosenzweig, mort en 1929, utilisait pour illustrer le rapport de l’homme à Dieu. Ce rapport passe obligatoirement par l’autre homme. Notre prochain, notre voisin.