Sur le Mont des oliviers et sur le Mont Scopus.
Sur le Mont des oliviers, sur les hauteurs de Jérusalem (vous contemplez le Mur des lamentations ainsi que le dôme de la mosquée) se trouve l’un des plus vieux cimetières juifs du pays, un cimetière régulièrement profané par des vandales issus du village arabe voisin que vous devez traverser de toute façon pour accéder au cimetière…
C’est peut-être paradoxal, mais c’est un si beau cimetière ! On aimerait presque y reposer, mais le plus tard possible. C’est un cimetière en escaliers, dont les étages les plus bas, comportant des tombes fort anciennes, font, comme on le disait supra, l’objet de dégradations qui déshonorent leurs auteurs…
Permettez moi de vous raconter cette équipée qui m’a appris tant de choses sur la situation réelle entre Israéliens, juifs et arabes.
D. ayant un oncle qui décéda en février, sa vieille tante (plus de 90 ans), donc la veuve, exprima le souhait que sa nièce l’accompagne pour se recueillir sur la sépulture du cher disparu. Nous nous rendons sur place et parvenons à ce village arabe qui surplombe comme je le disais toute la cité du roi David. Nous traversons en voiture de magnifiques espaces verts, des endroits propres et visiblement très bien entretenus, quand soudain, nous entrons dans un gros bourg où la totalité des femmes adultes sont voilées, les hommes munis d’un keffieh et toutes les échoppes surmontées d’inscriptions en arabe. Nous passons devant les bureaux de la télévision al-Qoudsh… Mon regard est attiré par des enfants en uniforme scolaire, sortant des cours, mais d’autres, des lycéens, retiennent aussi mon attention. D. dissimule mal son inquiétude, mais en quelques centaines de mètres, nous arrivons devant l’entrée principale du cimetière du Mont des oliviers (Har ha-zétim) .
C’est un Arabe israélien, le gardien du cimetière, qui nous accueille. Affable, respectueux, déjà âgé et très digne, il peste contre ceux de ses compatriotes qui profanent des tombes qu’il est chargé d’entretenir ; je l’écoute sans mot dire. Nous nous recueillons sur la tombe de l’oncle, le frère de la mère de D. Discrètement, je récite les prières pour le repos de l’âme du disparu, les mêmes que celles que je réciterai quelques jours plus tard sur les sépulture de mes parents qui reposent à Ashdod.
Pour partir, un cousin et moi portons le vieille tante car la montée ddes escaliers sous un soleil de plomb est risquée. Nous prenons congé et remontons dans notre véhicule. C’est alors que j’éprouvai la plus grande frayeur de toute ma vie.
D. me reproche régulièrement mon absence totale de sens de l’orientation. Nous reprenons la voiture et nous retrouvons devant une sorte de fourche : aller à droite ou à auche. J’opte pour la droite mais en quelques mètres, nous nous rendons compte que nous nous enfonçons en zone arabe et que le territoire de l’Autorité Palestinienne est tout proche. D. panique et moi, encore plus. Elle décide faire demi tour au beau milieu de la ruelle qui devenait de plus en plus étroite…
Tous mes sens sont aux aguets : je perçois que les lycéens arabes (les fameux Chabab) qui nous dévisagent et voient que les plaques d’immatriculation sont évidemment israéliennes. Or, la semaine précédente, sur la même rue, une Israélienne avait été gravement blessée par des jets de pierre… Il faut se trouver dans une voiture, derrière le pare brise qui peut voler en éclat en cas de jets de pierres pour le comprendre… C’est alors que le miracle se produisit.
Un Arabe israélien prend l’initiative de stopper la circulation, nous guide en anglais dans notre marche arrière et nous met sur la bonne route. Soulagé, je baisse la vitre pour le remercier en anglais et en arabe. Il répond très amicalement.
Quelques centaines de mètres plus loin, je pousse un soupir de soulagement. Devant des personnalités d’Israël, je soulève la question qui avait été posé par le Jerusalem Post : Israël a-t-il abandonné le Mont des oliviers ? Et quid du maintien de l’ordre dans les villages arabes du pays d’Israël ? On me répond que la situation est sous contrôle, que l’on ne veut pas avoir la main trop lourde et que la coexistence pacifique est à ce prix.