Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L’ingérence impardonnable du Pr Obama, selon les Egyptiens

V

L’ingérence impardonnable du Pr Obama, selon les Egyptiens

 

Au vu des derniers développements, les commentateurs se disent presque tous que le Pr Obama a perdu le capital de sympathie dont il disposait chez les Arabes en raison de son ingérence grossière dans les affaires intérieures de l’Egypte. Comment en est-on arrivé là ?

Comme on le remarquait dans une précédente note, la phobie, l’obsession des Américains est la perte du plus puissant allié dans le monde islamique et, par voie de conséquence, l’émergence d’un second Iran : toute la stratégie américaine n’y résisterait pas et l’US Army serait contrainte de faire la guerre. Ce dont personne ne veut. Et on comprend cela très bien.

Barack Obama qui confond souvent les grands principes avec les dures conditions de la Realpolitik s’est imaginé que son seul discours du Caire (justement, quelle coïncidence !) suffirait à lever les inhibitions d’un monde arabo-musulman replié sur lui-même, ruminant ses humiliations passées et appelant de ses vœux et de ses feux une étincelante revanche sur les puissances occidentales. Laquelle tarde à venir…

On peut comprendre ce ressentiment même si on peut tout faire avec du ressentiment sauf une politique.

Le Pr Obama a osé s’adresser directement au peuple d’Egypte, par dessus l’épaule de ses dirigeants, ceux-là même qui se sont conduits en alliés fidèles des USA depuis plus de trois décennies ! On imagine la rancœur du Pr Moubarak, vexé de se voir rejeté comme un pestiféré et sommé comme un vulgaire sous fifre de s’en aller ; le tout pour que l’actuel président US passe aux yeux de l’opinion publique égyptienne comme le défenseur de ses droits humains et démocratiques… Le calcul de M. Obama était simple : montrer aux Egyptiens que les USA sont leurs amis, qu’il ne faut pas en changer et qu’un Iran second ne doit jamais voir le jour dans la région. Mais il n’a pas choisi le meilleur instrument pour arriver à ses fins. L’Egypte n’est pas un protectorat US m$eme si les subsides des Américains lui permettent de maintenir la tête hor de l’eau et d’équiper son armée…

Naïf, le Pr Obama a pensé qu’il pourrait cajoler la haute hiérarchie militaire du Nil et la détachait ainsi du Pr Moubarak. Erreur, erreur fatale. Le vieux président s’en est rendu compte et a opposé plus de résistance que prévu. En Egypte, l’armée c’est le pouvoir et le pouvoir c’est l’armée.

Evidemment, je déplore que le pouvoir ait lancé ses nervis contre de pauvres gens qui manifestaient pacifiquement et qui, somme toute, ne le menaçaient guère. Un vieux briscard de la politique française en Afrique, habitué aux coups d’Etat, me disait qu’un coup bien mené aboutit avant le coucher du soleil, sinon ses auteurs sont appelés soit à fuir comme des pleutres soit à se balancer au bout d’une corde.

Et que se passe-t-il ? Le ministre de la défense, aussi Vice Premier Ministre, est allé voir les manifestants qu’il caressa dans le sens du poil leur disant que le Président avait promis de partir au terme de son mandate et de ne pas se représenter… Et en conséquence, il les pria de s’en retourner à la maison.

Et les Américains ne comprennent pas cela ; croyant qu’ils ont affaire à des gens comme eux. Mais depuis le début l’armée joue sur plusieurs tableaux car si elle avait voulu se défaire du président, croit on le chef d’Etat major aurait accepté de rentrer au gouvernement ?

Bref, en raison des maladresses répétées du Pr Obama, l’antiaméricanisme prend forme en Egypte et c’est cela qui est très grave. Aucun autre gouvernement ne s’est conduit de la sorte, pas même l’ONU. Or, les Egyptiens tiennent par dessus tout à leur dignité et à leur indépendance. Même les membres de l’élite qui doutaient de M. Moubarak se rassemblent autour de lui.

C’est à se demander de quel côté de l’Atlantique se trouvent les grands hommes d’Etat… Il est temps que l’Amérique renoue avec la vieille et glorieuse tradition des Truman, Roosevelt et Eisenhower.

Les commentaires sont fermés.