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Israël et le printemps arabe

Israël et le printemps arabe

 

Ceux qui, comme moi, avaient espéré que le printemps arabe ouvrirait les yeux des masses arabes, leur ferait reconsidérer leur approche, erronée depuis des décennies, du conflit avec Israël, en sont pour leurs frais : aucun changement, du moins, librement exprimé, et tout au contraire, une tentative maladroite d’exciter contre l’ennemi sioniste (sic) toutes les frustrations et les rancœurs de peuples maintenus sous la pression de la dictature.

Et pourtant, grandes étaient les attentes. Ce qui montre que la nature humaine ne justifie pas vraiment les espoirs que l’on serait amené à placer en elle.

Voici comment les choses se sont passées : depuis des années, les Arabes qui quittèrent, de gré ou de force (il faut bien le reconnaître) le territoire de la Palestine mandataire en 1948, lors de la proclamation par l’ONU de la fin de la présence britannique et la naissance de l’Etat d’Israëln, ont pris l’habitude de commémorer la naqba (le terme est d’eux) pour signifier leur désaccord. Cette année, il y a donc quelques jours, ils ont tenté de violer les frontières d’Israël d’au moins trois endroits : Gaza, le Liban et le plateau du Golan du côté de la Syrie. Ce dernier point est le plus préoccupant car il signe une évolution qui est dangereuse à terme.

Depuis que l’armée syrienne a été battue sur les hauteurs du Golan d’où elle bombardait toute la Galilée, pas un seul coup de fusil n’a été tiré contre les positions israéliennes. Il faut dire que Damas, la capitale syrienne, ne se trouve qu’à quelques dizaines de km de là et serait exposée au feu de l’artillerie à longue portée de Tsahal. Mais aujourd’hui, les autorités syriennes, aux abois en raison de troubles qui ont déjà fait près de mille morts et des milliers d’arrestations (hier sur la-Arabiyya, j’ai entendu un opposer parler de 16000 disparus : en arabe mafqoudin), ont laissé passer les autobus chargés de manifestants, ce qu’elles n’avaient jamais permis durant des décennies, depuis 1973 !

Le Liban qui dispose d’une armée peu forte et divisée a tenté d’arrêter le flux de manifestants qui ont réussi à forcer les barrages. Quant aux Palestiniens de Gaza, ils ont tenté de manifester au point de passage d’Erez. L’ensemble de ces opérations a fait des morts qu’on doit déplorer.

Ce qui frappe ici, c’est que même en lutte pour la démocratisation des régimes en pays arabe, le conflit avec Israël ne passe pas au second plan. Une partie de la jeunesse égyptienne fait aussi quelques velléités dans le même sens mais nous pouvons parier que les généraux ne tarderont pas à ramener ces gens à la raison. L’Egypte vit à peu près normalement grâce aux subsides américains. Et l’économie locale ne résisterait pas à des mesures énergiques qui seraient prises contre le tourisme et les rares exportations, si la situation avec Israël venait à changer. Le problème est que les généraux sont assis sur un baril de poudre et marchent sur des œufs…

Toutefois, ils pratiquent une sorte de billard à trois bandes pour sauver la face, faire des concessions à un peuple excédé et maintenir le cap. Premier exemple en date : le couple Moubarak semble pouvoir tirer son épingle du jeu à partir du moment où le raïs déchu, déjà malade et très affaibli, fera une sorte d’autocritique à la télévision. Ce n’est pas mal : souvenez vous qu’il sy a quelques semaines on n’hésitait pas à évoquer la peine de mort (li’dam). Hier encore sur al-Arabiyya, j’ai écouté une interview du ministre égyptien de la justice qui n’a pas repris ce mot pourtant prononcé trois fois par la journaliste…

Je pense qu’Israël avec sa politique énergique d’une part et les USA avec l’exécution de Ben laden, d’autre part, ont fait part de leur détermination. Par ailleurs, l’approche de la campagne électorale aux USA contraint M. Obama à la prudence voire à marquer encore plus fortement son soutien à Israël.

Si, au moins, les gens savaient négocier et distinguer le possible de l’impossible, on sortirait de cette impasse. Mais nous en sommes encore loin.

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