Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Dans très peu d’années, Israël ne sera plus le grand problème du Proche Orient…

    Dans très peu d’années, Israël ne sera plus le grand problème du Proche Orient…

     

    Cela peut paraître très paradoxal, mais ce sera bien le cas : dans peu d’années, trois ou cinq ans, les Arabes auront d’autres préoccupations qui revendiqueront leur attention bien plus que l’existence, à leurs côtés, de l’Etat juif. C’est là l’une des conséquences de ce que l’on nomme communément, et peut-être trop rapidement, le printemps arabe. Ce qui me fait penser cela, c’est la dernière démarche du chef des Kurdes d’Irak qui parle d’un référendum au cours duquel la population de sa région autonome sera appelée à disposer le plus librement possible d’elle-même. En d’autres termes : les Kurdes resteront-ils au sein de la fédération ou confédération irakienne ou iront-ils vivre leur vie ailleurs, c’est-à-dire en dehors des limites de l’Etat irakien central ?

     

    Dans un précédent papier, j’ai attiré l’attention sur les risques de démembrement, voire de dislocation de maints états : la Turquie, la Syrie, le Liban, la Libye et l’Irak. Mais je m’étais focalisé sur la Syrie qui a toujours été une mosaïque de peuples et de communautés religieuses, tenues ensemble par la main de fer de Hafez el Assad.

     

    Aujourd’hui, on voit surgir les ferments de la discorde dans tous ces pays, attisés par la décomposition de la Syrie. Ce matin encore, je scrutais sur les télévisions, les ruines des villes et des villages syriens. En anglais, on dirait no stone is left unturned ou en allemand dem Boden gleich machen : tout a été rasé, et même lorsque l’armée régulière est contrainte de se retirer, elle mitraille et bombarde tout dans sa retraite…

     

    Pour dessiner la Syrie d’après Bachar, les experts se livrent à toutes sortes de reconstitutions. Les uns misent sur la préservation d’un réduit alaouite où iraient se réfugier cette minorité qui gouverne le pays depuis plus de quarante ans. Le dos au mur, Bachar et les débris de son armée ont les moyens de tenir dans une sorte de région bunkerisée autour de Lataquié et de Tartous. Il y a des ports, des aéroports, des casernes et des gisements de pétrole. Mais cette hypothèse présuppose que le reste de la Syrie se divisera en autant d’autres entités ethniques et religieuses.

     

    La nouveauté qui inquiète d’ailleurs profondément la puissance régionale de cet endroit du monde, à savoir la Turquie, c’est la question kurde. On l’a largement occultée pour ne voir que la question palestinienne. Or, les Kurdes sont présents partout, en Irak, en Syrie, en Turquie et en Iran. Autant de pays qui observent ce qui se passe en Syrie et en Irak comme on surveille le lait sur le feu.

     

    La Turquie dont le Premier Ministre, le colérique Erdogan a entièrement désorganisé la diplomatie en optant sans discernement pour le camp des radicaux arabes et en renversant l’alliance avec Israël, doit se mordre les doigts d’avoir fait une analyse à très courte vue. Il n’avait jamais prévu la volte-face syrienne et on espère que cet exemple lui ouvrira les yeux concernant l’Iran des Mollahs… Aujourd’hui, il réalise que les Kurdes de Syrie et ceux d’Irak peuvent se rejoindre pour faire des misères à son pays et réclamer une autonomie, voire une indépendance… Un bon chef de gouvernement aurait dû prévoir une telle évolution et ne point mettre le doigt dans un dangereux engrenage.

     

    Or, un peu partout, on constate que la décomposition syrienne aiguise les appétits, encourage les velléités d’indépendance, voire de séparatisme notamment kurde en Irak. Le résultat est que l’on a privilégié les Palestiniens alors que la vraie bombe à retardement, c’est le problème kurde. Aujourd’hui, ces mêmes Kurdes, les grands oubliés du Proche Orient, disposent de grands moyens en hommes et en matériel. Ils ont pignon sur rue, ce qui inquiète aussi l’Iran des Mollahs.

     

    En conclusion, le problème kurde va se poser à au moins quatre états avec une acuité toute particulière : l’Irak, la Turquie, la Syrie et l’Iran… Ces quatre puissances, considérablement affaiblies soit par l’embargo, soit suite à l’implosion politique, vont nécessairement reléguer le conflit israélo-palestinien à l’arrière-plan…

     

    En moins de cinq années, ces mêmes pays auront à gérer ce séparatisme kurde qui a désormais le vent en poupe. Ce sont les kurdes qui seront les nouveaux palestiniens de la région. Or, dans leur majorité, ils ne sont pas opposés à Israël et auront plutôt des reproches à adresser à leurs suzerains arabes.

     

    Décidément, cette région ne cessera donc jamais de retenir notre attention. Renan saluait déjà en son temps cette effervescence, même dans le domaine des religions. L’Occident, écrivait-il, reçu de l’Orient toutes ses divinités. L’occident n’a jamais créé de religions, l’Orient en crée une chaque jour…

     

    A suivre…

     

    Maurice-Ruben HAYOUN

    In Tribune de Genève du 31 juillet 2012

  • LES JOURNEES D’ETE, PROPICES A LA LECTURE…

    LES JOURNEES D’ETE, PROPICES A LA LECTURE…

    Vous avez sûrement remarqué que durant les semaines d’été les gens lisent bien plus. Les gens auxquels vous envoyez vos livres vous répondent généralement qu’ils attendent les vacances, notamment celles d’été, pour vous lire. Et soi-même, quand on parcourt les journaux, on y trouve des thèmes peu habituels. Par exemple, dans Le Figaro, j’ai bien apprécié le feuilleton retraçant la vie mouvementée et la fin tragique d’Albert Londres. Ce qui fut relaté à propos de la naissance de Tel Aviv m’a vivement intéressé car il s’agissait alors d’un témoin oculaire. On sait que le célèbre journaliste est mort dans des conditions mystérieuses= le paquebot qui le ramenait en France a pris feu…
    Le journal Le Monde publie, de son côté, des chroniques sur Abu Dhabi et  l’Iran, enfin sur toute cette région en proie à de vives tensions. Mais, Dieu soit loué, il n’est pas question de cela, pour une fois ! Les chroniques sont plus pacifiques et plus humaines, même si les problèmes demeurent.
    Jadis, certains journalistes s’avérèrent comme de grands écrivains, Joseph Kessel etc… De nos jours, malheureusement, les journalistes se prennent pour de grands écrivains et imposent un modèle d’écriture qui équivaut à un nivellement par le bas. C’est bien dommage…
    Enfin, il y a une trêve estivale pour tous, mais pas pour ces pauvres Syriens qui subissent à Alep les assauts de l’armée d’Assad. Sans que les réactions le niveau de déclarations orales courroucées.

  • Ce dimanche 29 juillet, journée du 9 du mois d’Av du calendrier hébraïque

    Ce dimanche 29 juillet, journée du 9 du mois d’Av du calendrier hébraïque

    S’il y a une journée empreinte d’une profonde tristesse dans l’année kjuive, c’est bien celui-ci que la tradition a choisie pour commémorer le souvenir de la double destruction du Temple de Jérusalem, le premier en 586 avent notre ère et, et le second en 70 de notre ère. C’est un traumatisme aux conséquences incalculables et vécues comme tel aujourd’hui encore. Dès la veille, les juifs pieux ou simplement traditionalistes entament un jeûne et à la synagogue on lit les Lamentations de Jérémie, connues sous le titre de la Mégillat Ekha… Ekha signifie en hébreu, comment !

    Comment s’est retrouvée toute seule, la métropole (= Jérusalem) ? Elle devint comme une veuve alors qu’elle fut précédemment fortement peuplée, princesse parmi les nations, soumise au tribut… En quelques phrases bien senties, le liturgiste a brossé la situation dramatique de la capitale de la Judée.

    L’auteur n’a pas vraiment dramatisé la situation : depuis cette époque fatidique, le peuple juif a subi la pire de ses défaites, l’Etat juif a cessé d’exister pour ne renaître qu’en 1948 avec David Ben Gourion. Durant ces deux millénaires, que de drames, de persécutions, de massacres, de conversions forcées et d’expulsions de tous les continents.

    On a dit que chez les juifs, la mémoire a supplanté l’histoire. J’ai envie de dire que c’est la martyrologie qui a pris le pas sur l’Histoire. Ils ont précédé la déclaration de l’écrivain allemand dans son roman d’éducation Heinrich von Ofterdingen, selon lequel seuls les hommes craignant Dieu peuvent faire œuvre d’historiographes…

    On se demande comment des hommes dotés de notre mentalité historienne auraient décrit la catastrophe de 586 et de + 70 ! Auraient ils parlé comme les vieux  chroniqueurs ? Sûrement pas. Mais nous avons un exemple pour la comparaison : la Shoah

    Mais la tradition juive ancestrale n’a pas voulu se complaire dans le deuil puisqu’elle a instauré dès la semaine suivante un sabbat de consolation et de renaissance, de renouveau de la vie et du bonheur. C’est le fameux chapitre 40 du livre d’Isaïe, le chabbat nahamou qui est lu dans le culte synagogal.

    Ne dit on pas en français ; après la pluie vient le beau temps…