Ce que le jour doit à la nuit d’Alexandre Arcadie
Hier soir, à Deauville, j’ai vu le film d’Arcadie. Il a duré deux heures.
c’était un peu longuet et à la fin tous les restaurants de Deauville étaient
fermés. Pourtant, nous avions passé une bonne soirée.
Que penser de ce film ? Je ne suis plus aussi positif, tant le plan du film s’est trop soumis au script de Yasmina Khadra. Je n’ai rien contre ce romancier algérien, mais il demeure prisonnier de conceptions et de visions qui méritent une bonne psyanalyse : c’est toujours cette image de la France, mère et la femme à la fois qu’on rêve d’aimer physiquement mais dont on demande aussi l’image maternelle tutélaire… Ce qui explique peut-être les relations passionnelles entre la France et l’Algérie. Ceci transparait immédiatement dans la première scène où une femme d’âge mûre, symbole avérée de la France, est attirée par un tout jeune homme, symbole du colonisé d’Algérie. Cela se passe bien, mais le jeune homme y prend goût et ne suit que son instinct.
Et c’est la douche froide : la Française d’âge mur le remet à sa place, elle parle d’un égarement, d’une grosse bêtise qu’il faut oublier au plus vite et lui enjoint de ne plus venir à l’improviste chez elle, comme s’il était chez lui… Terrible désillusion dont le jeune homme, futur amoureux de la propre fille de cette adulte dévergondée, fera les frais. On peut le dire ; plaisir d’amour ne dure qu’un instant, chagrin d’amour dure toute une vie !
L’auteur du roman a une sensibilité islamo- algérienne, à ses yeux, l’union physique entre la France et l’Algérie, la femme mûre et le jeune Arabe (comme l’appellent ses amis) ne parvient pas sublimer, à dépasser son complexe. Et le film n’aurait pas dû le suivre, car, jusqu’au bout, le spectateur moyen que je suis ne parvient pas à comprendre pourquoi il y a un drame…… La jeune femme eût elle pu vivre avec un tel homme ? Lui-même, brillant et doué, aurait-il pu oublier d’où il venait ? Au fond, qu’est ce que l’individu ? Demandez donc à Sören Kierkegaard !
Hautement symbolique est l’image du vieil homme qui se recueille sur la tombe de celle qu’il a toujours aimée mais dont tout le séparait : les préjugés de la société coloniale, la religion, les mœurs, les origines, tout, absolument out. Et c’est bien là, alors qu’elle est dans le monde de la vérité, qu’il lui dit : je t’aime ! Quelle tristesse ! Seule la mort pouvait transcender tout cela et rapprocher ceux que la vie déparait indéfiniment.. Et c’est peut-être en cela que repose la grandeur du film. Ces deux là s’aimeront dans l’éternité dans le jardin d’Eden, dans Gan Eden biblique
Mais il ne fallait pas mettre deux heures à le dire.