Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La dernier service à rendre à son pays; Tsipras devrait partir

Le dernier service que Tsipras peut encore rendre à la Grèce, c’est de partir !

Ainsi est pris qui croyait prendre ! A force de jouer au plus fin, de surprendre pour ,pour surprendre, de se vouloir imprévisible, on finit par jouer aux apprentis sorciers et à se prendre à son propre jeu. La politique, cher Tsipras n’est pas un jeu, ce n’est pas une partie de poker, surtout quand on a en face de soi l’Allemagne protestante, économe de ses deniers, attachée viscéralement aux principes de l’orthodoxie comptable, quelque chose que votre nation, jadis grande et respectée, a oublié depuis fort longtemps. L’Allemagne de Luther, de Kant et de Hegel n’aime pas ce qui est imprévisible (unberechenbar). Et combien je la comprends !

En plus, c’est elle qui contribue le plus à la stabilité et à la croissance de l’économie européenne. Il était impensable que l’Allemagne continue d’alimenter le tonneau des danaïdes, cela équivaudrait à remplir d’eau la mer Egée.

Tsipras a cru que l’Union Européenne était obligée de le soutenir avec ses déficits abyssaux et son irrespect incroyable des règles. Aujourd’hui, même après avoir capitulé en rase campagne, et avoir, avec l’aide inadéquate des Français, soumis des propositions identiques au fameux plan Juncker, la Grèce fait face à un mur, celui de la défiance : la parole de son Premier Ministre n’est plus crédible, elle est même entièrement discréditée.

Nous comprenons absolument le document Schäuble qui demande un retrait de la Grèce de la zone Euro d’une durée de cinq ans, peut-être même plus afin que le pays de Socrate et de Platon redevienne un pays normal, un Etat organisé, avec un prélèvement des impôts et des taxes, une grille indiciaire de la fonction publique, un cadastre, bref les modes de financement d’un organisme moderne. Et non plus un système D élevé au niveau de toute une nation.

Au plan philosophique il est intéressant de voir que c’est le pays de Goethe, pourtant historiquement amoureux de l’Europe du sud (Italie et Grèce), qui met au centre des discussions la notion de Vertrauen, de confiance : peut-on faire encore confiance à quelqu’un qui a dit devant son parlement que lui-même ne croyait pas aux mesures qu’il préconisait ? Alors comment s’imaginer qu’il applique ce en quoi il ne croit pas ? Cette phrase a été correctement analysée par M. Wolfgang Schäuble qui a utilisé les mêmes méthodes que Tsipras : il a, sans tambour ni trompette (ohne Sang und Klang), mis en circulation son document préconisant le retrait temporaire de la Grèce de la zone Euro, sans l’éjecter de l’Union Européenne, ce maintien devant lui permettre de bénéficier de certaines aides comme des pays du tiers monde…

Les Grecs ont soudain trouvé à qui parler, eux qui pensaient affronter des personnes âgées, des négociateurs diminués ont été servis. Il suffisait de scruter le visage livide du ministre grec pour comprendre que les dès étaient jetés (die Würfel sind  geworfen worden). Est ce que l’Europe est injuste ? Ferait elle soudain preuve d’un rigorisme de mauvais aloi ? Non point ! Cela fait des mois que Tsipras joue avec les nerfs de l’Europe et aujourd’hui il annonce des mesures que son parlement ne votera certainement pas ; ce qu’il recherche, c’est l’obtention d’une rallonge de plusieurs dizaines de milliards pour que son pays échappe à une asphyxie dont il est lui-même responsable.

Mais la crise grecque a servi de révélateur, et ce de manière assez inquiétante. Ceci concerne la démarche française qui, au lieu de coller à l’Allemagne et à son orthodoxie financière, se rapproche des Grecs, les défend , les aide même à organiser leur défense en leur apportant le concours de hauts fonctionnaires  français…

Les observateurs se perdent conjectures concernant la bonne interprétation de cette démarche. Est elle dictée par des raisons de politique intérieure ? Certains disent que 2017 est bien présent dans l’esprit du président et qu’il envoie ainsi un message à la gauche de la gauche. Ce serait imprudent car cela nuirait au rapprochement avec l’Allemagne, une alliée précieuse dont nous ne pouvons pas nous passer.

D’autres observateurs, tout aussi peu charitables, vont encore plus loin et suspectent la France de penser à elle-même en faisant semblant d’aider la Grèce : le pays de Molière et de Victor Hugo serait le prochain sur la liste puisqu’il tarde à faire les réformes structurelles qu’on lui demande…

Un dernier mot sur cette dialectique entre la solidarité et la fermeté en Europe et dans la zone Euro : comment manifester sa solidarité avec des gens dépensiers, qui creusent leur déficit national, tourne le dos aux réformes et se disent que les autres paieront pour leurs frasques ? C’est la fermeté qui s’impose face à un tel comportement. L’Allemagne et les autres pays du front de la fermeté ne doivent pas céder car Tsipras ne fera pas ce qu’il prétend vouloir faire.

Nul ne fait correctement ce qu’il ne veut pas faire. Goethe le disait dans le prologue de son Faust :

Tut es nicht, wenn ihr es nicht fühlt : ne le faites pas si vous ne le sentez pas.

Tsipras devrait méditer cette phrase pleine de sagesse et de bon sens.

Les commentaires sont fermés.