Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les tout premiers pas de la nouvelle administration américaine…

Les tout premiers pas de la nouvelle administration américaine…

Le monde entier scrute la moindre disposition du président Joe Biden, certains pour s’en féliciter (et ils sont les moins nombreux) d’autres pour s’en féliciter (et ils se comptent sur les doigts d’une seule main). Le nouveau président US, un vieux de la vieille qui traîne dans les couloirs du capitole depuis plusieurs décennies, accède enfin au tout premier plan alors que jusqu’ici il était confiné aux seconds rôles. Aujourd’hui, il est contraint de se soumettre à la loi d’airain du réel, du concret et du vivant. Il est obligé de constater que l’anti-trumpisme qu’il a cru pouvoir pratiquer et lui servir de politique, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, butte contre ses limites. On peut tout faire avec du ressentiment, sauf une politique. C’est le niveau le plus élémentaire de la science politique

 

Les tout premiers pas de la nouvelle administration américaine…

 

Cédant à l’instinct de vengeance, souvent très mauvais conseilleur, il s’est contenté de détricoter, de détisser maintes mesures préconisées par son prédécesseur dont la popularité est restée intacte depuis son départ de la Maison blanche…

Sans être une lessiveuse de citations, je rappellerai deux déclarations, l’un récente, l’autre bien plus ancienne. Henry Kissinger, l’ancien Secrétaire d’Etat US disait que tous les présidents US ont voulu changer le monde, mais le président Jimmy Carter se comporte comme s’il l’avait créé… Cette petite phrase assassine résume bien l’étroitesse de vues politique des démocrates qui semblent ignorer que leur statut de grande puissance leur interdit de pratiquer une politique de repli dans les affaires de ce monde, car elle serait immédiatement interprétée par leurs ennemis comme un signe de faiblesse. Or, dans le monde des monstres froids, la vertu éthique n’est pas cotée en bourse, je ne connais pas de pays qui ait pratiqué la république platonicienne des idées. C’est la Realpolitik qui prévaut, et ceux qu’i l’ont oublié, l’ont cher payé, ils ont simplement disparu.

La seconde citation émane, je crois, du cardinal de Retz, un orfèvre en la matière, selon lequel quand on sort de l’ambiguïté, c’est toujours à son détriment. Une considération de saison et que le nouveau président devrait méditer, que dis-je ?, s’en inspirer fortement.

Visiblement, la nouvelle diplomatie US a du mal à se mettre enfin en ordre de bataille. Le nouveau Secrétaire d’Etat, bien qu’issu de l’élite diplomatique de son pays, n’a pas trouvé ses marques. On l’a vu à l’œuvre dans le secteur des relations avec la Chine. Se dresser en public sur ses ergots pour s’aplatir ensuite en privé ne peut pas tenir lieu de politique étrangère. Mais il faut dire que l’exemple vient de haut puisque le big boss lui-même semble tâtonner dans l’obscurité.

Je fais allusion aux relations avec les alliés arabes et israélien au Proche Orient, sur lesquels les USA peuvent compter en toutes circonstances et qui se défendent mal d’un certain sentiment de malaise : ils ne savent pas où ils vont avec un protecteur devenu capricieux et dont les intentions profondes sont demeurent mystérieuses .

Premier exemple, l’Arabie saoudite. Aucun être humain, digne de ce nom,, n’avalisera le meurtre abject d’un journaliste ennemi du régime saoudien, meurtre perpétré dans une enceinte diplomatique, donc abusant de l’extraterritorialité du lieu. Mais les relations entre Etats doivent-elles être marquées du sceau de la loyauté, de la vérité et du bien ? Je le répète, même dans la République platonicienne des Idées, cela ne serait pas possible. Et on trouve grotesque que le nouveau président US ait publiquement fait attendre son allié saoudien avant d’imposer le choix de son interlocuteur, rejetant le prince héritier pour ne parler qu’avec son père, le monarque régnant. La remarque de Kissinger n’est plus très loin.

Mais je précise que le crime commis, le meurtre de ce journaliste, est absolument condamnable.

Encore un exemple, mais il y en a tant. Lors d’une interview dans une grande chaîne US, le nouveau président répond par la positive à une question : Peut-on considérer V. Poutine comme un tueur ?. Sollicité sur le même sujet, Trump qui n’est pas tombé de la dernière pluie a dit qu’il convenait de balayer devant sa porte… Tout est dit. Le même Trump n’a pas hésité une seconde pour donner son aval à la liquidation rapide d’ennemis de son pays. Et la liste ne se limite pas à un seul nom…

De tout temps, les philosophes, les penseurs, dans tous les pays du monde ont tenté sans succès de mettre en accord les décisions de leurs dirigeants politiques en accord avec une certaine morale, fondée sur des principes purs et incontestables. Cela n’a jamais entièrement abouti. Platon, Descartes et Spinoza n’ont jamais été les grands inspirateurs des politiques mondiales. Les nations sont parties en guerre quand ils avaient besoin, d’eau, de pétrole, d’autres matières premières ou simplement de nourriture.

Toutes ces considérations n’auraient pas lieu d’être si la constellation politique mondiale était différente, en d’autres termes sur les USA n’étaient pas l’hyperpuissance dont tout dépend, tant au plan économique qu’au plan militaire. Il faut donc dans le bureau ovale un vrai homme d’Etat.

Prenons un autre exemple, tout aussi sensible, la crise iranienne. Trump savait à qui il avait à faire et les Iraniens qui ont oublié d’être stupides, en ont tenu compte, s’abstenant de très graves provocations car redoutant une réponse musclée…. Quand les amiraux de la puissante flotte US ont été harcelés par des vedettes rapides iraniennes, la réponse de Trump ne s’est pas fait attendre : tirez, si votre sécurité est en jeu. Eh bien, les Iraniens ont compris et se sont tenus tranquilles. Le président Biden a adopté une autre politique, plus conciliante, prête à des concessions mineures, mais il ne tardera pas à comprendre que ce n’est pas la bonne méthode. Résumons : les Iraniens veulent reprendre les points du traité sans modification aucune, ce qui revient à capituler. Or, les Occidentaux veulent tout changer et ajouter l’expansionnisme agressif des Iraniens au Proche Orient (Syrie, Irak, Liban Libye, Yémen) et les missiles balistiques.

La réponse des Ayatollahs est claire : non, il n’en est pas question. J’ajoute qu’au cours de ces dernières années, les Iraniens ont allégrement violé les accords, notamment la limitation de l’enrichissement de l’uranium. Et dernier mais non moindre, ils exigent, avant leur retour à la table des négociations, la levée des sanctions. A quoi le Congrès US ne manquera pas de s’opposer, y compris dans les rangs démocrates. On le voit, le président Biden devra changer d’approche s’il veut aboutir. Mais le veut il vraiment ?

Tout donne à penser que les USA vont axer leur politique, non plus autour du Moyen Orient, comme c’était le cas jusqu’ici, mais autour de l’extrême Orient où la Chine développe des comportement de plus en plus hégémoniques et agressifs. C’est le sens de la tournée du nouveau Secrétaire d’Etat qui visite le Japon, la Corée du sud, et d’autres pays limitrophes.

Se rendre en Israël ou ailleurs eût été interprété comme une politique à la remorque de celle de Trump alors que les perspectives d’aboutir à une solution du conflit sont très prometteuses. Le résultat est que ces pays arabes et Israël réfléchissent à une politique de défense commune autonome, dans le cas où les USA s’en retourneraient à une politique de désengagement du Proche Orient.. C’est du Obama qui ne dit pas son nom…

La politique étrangère US a commis tant d’erreurs et on ne voit pas de grand stratège qui pourrait mieux l’inspirer. L’exécutif américain doit comprendre que le statut de grande puissance est incompatible avec une politique de repli, ni avec le dé tissage de relations de confiance et d’amitié avec ses alliés traditionnels.

Les commentaires sont fermés.