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Jared Diamond, Bouleversement.  Les nations face aux crises et au changement. Gallimard

Jared Diamond, Bouleversement.  Les nations face aux crises et au changement. Gallimard

Jared Diamond, Bouleversement.  Les nations face aux crises et au changement. Gallimard

 

Voici un ouvrage qui est assez curieux ou étrange, de prime abord. Il se propose d’analyser les racines de toute cirse, qu’elle soit individuelle ou nationale. Quel est le champ sémantique du terme crise, en général ? Et surtout, comment surmonter ce qu’il faut bien nommer une épreuve ?  L’auteur retient 6 ou 7 pays dont il analyse le devenir et la réaction lorsqu’ils sont frappés par une crise qui les atteint au plus profond d’eux-mêmes.

 

J’avoue avoir eu quelque difficulté à entrer dans ce livre qui reflète tout un état de la société et des mœurs américaines. Afin d’éviter tout malentendu, je préfère redonner la parole à l’auteur qui définit son propos et la  spécificité de son ouvrage :

Contrairement à la plupart des nouveaux livres cités dans ma bibliographie, mon livre ne se fonde pas sur l’étude d’archives. Il repose plutôt sur un nouveau modèle qui découle de crises personnelles, une approche explicitement comparative et une perspective issue de ma propre expérience de vie et de celle de me amis. (...) Il ne s’agit pas d’un article de magazine concernant l’actualité...

 

Que signifie être ne crise ? L’auteur fait une comparaison entre les individus que nous sommes et les nations, elles-mêmes constituées d’un assemblage de personnes différentes les unes des autres. Voici les types de crises analysées dans une longue préface de l’auteur : une femme annonce à son mari qu’elle demande le divorce alors qu’l ne se doutait de rien... Cet homme va sentir le sol se dérober sous ses pieds. S’il tient tant à la femme qui partage sa vie, il va avoir l’impression que le ciel lui tombe sur la tête ; mais ce n’est pas le seul exemple tiré de la vie normale des individus. Il peut ‘agir d’une séparation, d’un divorce, de la découverte d’une maladie grave, de la perte d’un emploi, bref de tout ce qui porte le nom de changement. L’auteur compare avec les désastres qui s’abattent sur des nations. Lesquelles, on se le rappelle, ne sont que la somme d’une multitude  de destins individuels. Ef l’auteur jette son dévolu sur la Grande Bretagne qui a perdu de sa force et de sa puissance  depuis l’entre-deux-guerres ; et il donne des exemple et des détails, juste pour illustrer le caractère comparatif de son étude : comment réagit une nation face à une crise majeure, susceptible parfois de menacer son existence même ? Cette nation ainsi menacée procède à des changements qui sont autant d’adaptations nécessaires en vue de surmonter cette crise existentielle. Le pays qui avait été l’une des plus grandes puissances européennes, qui possédait la flotte la plus forte et la plus nombreuse, qui était à la tête d’un empire, a dû renoncer à toute cette panoplie. Même après avoir tenu la dragée haute à l’Union Européenne, la Grande Bretagne dut se plier aux réalités et y adhérer pour ensuite en sortir dans les humiliantes conditions que l’on sait...C’est presque  devenu un cas d’école ! Un pays qui étendait son pouvoir et sa domination sur une multitude de pays, bénéficiait de tant de richesses, se retrouve condamné à la portion congrue. Pourtant, les Britanniques ont su faire face à cette triste situation et ont commencé à remonter la pente...Ils ont pris, pour leur nation, les mesures qu’on aurait appliquées à des individus pris séparément.

 

Mais tous ces changements, sans être des bouleversements ni de véritables tremblements de terre, ont des conséquences sur la vie des gens. Chacun tient à son petit confort, à ses habitudes et répugne au changement. On peut envisager les répercussions de telles mutations au sein d’une famille. Notamment lorsqu’il s’agit d’un déplacement de l’autorité exercée au sein de la cellule familiale. Un pater familias qui perd son emploi et se retrouve au chômage perdra de son aura et sera moins obéi par les membres de sa maisonnée. Il aura à traverser une crise plus ou moins longue. Parfois, dans les cas les plus graves, la famille se disloque, incapable de sauver ce qui pouvait encore l’être.

 

Ce livre, si volumineux, pose aussi quelques questions fort importantes : par exemple, est ce que le changement n’intervient qu’après des catastrophes ?  Les nations sont elles incapables de se réformer elles-mêmes, dans des conditions normales ? Derrière toutes ces interrogations se profile une question non moins importante : quel rôle joue l’individu dans ces changements, volontaires ou contraints ?

 

Dans les premières pages de son livre, l’auteur fait état d’un grave accident de voiture subi par Hitler en 1931. Le futur dictateur en est sorti vivant, mais s’il avait péri dans et accident, est ce que la Seconde Guerre mondiale aurait eu lieu ? Est-ce que nous aurions eu à déplorer tous ces millions de morts, ces ravages , cet interminable cortège de malheurs  que se sont abattus sur le monde ? Le philosophe-historien ne peut pas livrer de réponse valable car cette   fiction nous échappe. Il faudrait déchiffrer les carnets de la Providence, notamment du livre biblique de Daniel... Autant dire que nous faisons face à une impossibilité mathématique.

 

Sur des pages et des pages de son livre, l’auteur nous confie ce que fut sa première crise personnelle, avant de devoir en affronter deux autres, celle de son mariage, suivi sept ans plus tard, de son divorce.

 

Issu d’une famille qui a brillé suite à ses grandes performances universitaires, le jeune homme décide d’étudier la physiologie et de se rendre à Cambridge pour y mener son projet. Mais voila, n’étant pas doué de ses mains, il est contraint de changer de séminaire pour s’occuper de tâches moins prestigieuses, dignes d’un futur grand chercheur, mais même là il échoue lamentablement. Il hésite avant de s’ouvrir de son échec à ses parents et finit par dire qu’il ne peut plus poursuivre et veut gagner modestement sa vie en devenant interprète... Son père finit par opter pour un moindre mal : son fils finira encore un an sur place et après il changera totalement de trajectoire afin de faire ce qui lui plait le plus... De retour à Cambridge, il travaille avec deux professeurs et l’un des deux le félicite pour la qualité de ses mesures effectuées en laboratoire. Cet encouragement lui donne des ailes ! Il poursuivra dans la voie choisie initialement, soutiendra brillamment sa thèse et sera l’un des meilleurs physiologistes de sa génération.. Moralité de cette histoire personnelle : la crise a été bien gérée, sans séquelles et a même conduit le sujet à persévérer et à trouver sa véritable v voie. La même méthode s’impose pour la voie des nations et des individus.

 

 

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