MANUEL D’HISTOIRE FRANCO-ALLEMAND. L’EUROPE ET LE MONDE DE 1814 A 1945. MANUEL POUR LES CLASSES DE PREMIERES.
KLETT ET NATHAN, 2008
Enfin, un manuel d’histoire qui montre à la France et à l’Allemagne qu’elles partagent une sorte de communauté de destin (Schicksalsgemeinschaft). En moins d’un siècle, l’Allemagne et la France se sont combattues trois fois ; en 1870, en 1914 et en 1939. Et à trois reprises, ce furent des déchirements, des souffrances, des occupations avec leurs cortèges de peines et de haines. Aujourd’hui, les relations entre les deux pays sont telles que l’on parle du couple ou du moteur franco-allemand au sein de l’Europe.
C’est dire combien je salue en tant que professeur d’université, germaniste et philosophe de formation, la parution de ce second volume franco-allemand d’histoire. Parler d’histoire commune, c’est vivre la même histoire, c’est établir un lien indéfectible entre les deux nations excluant ainsi tout danger de déflagration entre elles. C’est aussi faire naître une conscience commune. Car, ne nous le cachons pas, les sensibilités française et allemande sont très différentes, les approches historiques. Je ne puis rentrer dans les détails, mais la dénomination même des grands événements est différentes : e.g ; nous parlons des grandes invasions, les Allemandes entendent, eux, Völkerwanderungen. Nous parlons de langues indo-européennes, les Allemands de Indo-germanisch… Nous avons une laïcité, dictée par l’histoire de notre pays, ce qui nous a conduit à bannir l’enseignement de la religion dans les lycées et collèges. En Allemagne, la religion est considérée comme une matière académique (akademisches Fach) à l’égal de toutes les autres. Et la liste des différences (mais pas des oppositions) est encore longue…
Le livre est remarquablement bien fait et m’a beaucoup plu. Il innove par rapport aux manuels que nous avons utilisé lorsque nous étions lycéens. On y parle plus de cultures, de mentalités, de traités, d’alliances et on y propose l’analyse d’un texte ou d’une carte. Ce qui forme les lycéens à l’embryon de la recherche. L’Europe, enfin, y est traitée comme une entité unie, vivante et en mouvement.
La tâche n’était guère aisée, surtout lorsqu’il s’agissait de présenter els horreurs perpétrées par les Nazis au nom du peuple allemand. L’affaire Dreyfus n’est pas oubliée, pas plus que les camps de concentration et d’extermination où se produisait l’Holocauste.
Je souhaite à cet essai d’une histoire commune une longue vie et beaucoup de succès. C’est en fouillant l’histoire commune que l’on forge un avenir commun. Et cet avenir est appelé à devenir le destin franco-allemand.