QUE SE PASSE-T-IL EN SYRIE ?
Depuis deux jours, je crois, le jeune président syrien Bachar el-Assad se trouve en visite officielle en Inde, accompagné de son épouse. Son père, l’intransigeant Hafez el-Assad doit probablement se retourner dans sa tombe en voyant son fils ne parler qu’anglais lors des cette importante visite officielle, soigner les apparences et déployer des trésors d’ingéniosité et de diplomatie pour séduire l’opinion publique internationale et extraire enfin son pays d’un isolement qui confine à la catastrophe.
Un mot pour situer els choses ; après deux guerres désastreuses pour le régime des el-Assad en 1967 et en 1973, la Syrie a été amputée du magnifique plateau du Golan et sa capitale est depuis lors à la merci de l’artillerie ennemie à longue portée. Ce qui explique que pas un seul coup de feu n’a été tiré contre les Israéliens, pas une infiltration n’a été signalée, Damas se contentant de ranimer le chaudron libanais lorsqu’il estimait devoir envoyer des messages urgents à Jérusalem. Ayant été chassée du Liban sans qu’un seul coup de feu n’ait été tiré, Damas s’est retrouvée, après l’assassinat du Premier Ministre Rafic Hariri, au ban des nations, avec, en outre, une commission d’enquête internationale qui, inéluctablement, se rapproche de certains centres du pouvoir… Enfin, il y eut ce soupçon sur des activités atomiques clandestines qui provoquèrent un raid israélien dévastateur. Et voilà que l’AIEA de Vienne s’y met et veut contrôler certains sites… C’en était trop, la situation des Syriens devenait intenable.
Isolé, mis au ban des nations, économiquement exsangue car figurant sur la liste d’Etats peu recommandables par les USA, bref au bord du gouffre, le régime ne pouvait plus trouver refuge dans une insensée fuite en avant et des rodomontades qui, en 1967, faisaient crier victoire à ses radios et ses médias alors que Tsahal se trouvait à quelques dizaines de kilomètres de Damas…
Un changement de cap s’imposait. Il est en train de se déployer sous nos yeux. Ancien otage de la garde rapprochée de son père, maîtrisant mal les rouages du pouvoir et dépendant du soutien de son armée, le nouveau président (ophtalmologiste de son état et n’ayant accédé au pouvoir qu’en raison de la mort de son frère aîné) dut se soumettre.
Renforcé par sa reprise en main des principaux leviers du pouvoir, il a mis à l’écart son propre beau-frère, le redoutable chef des renseignements militaires ; il a permis que des contacts indirects aient lieu avec les Israéliens sous l’égide des Turcs. Malgré ses dénégations, il se distancie de l’Iran avec lequel il n’ a rien en commun. Et il y a aussi le curieux attentat contre le chef du Hezbollah à Damas, victime d’un étrange accident à la voiture piégée… Et pour finir, le président syrien s’adresse aux autorités indiennes pour qu’elles l’aident… Il n’ignore pas les liens militaires entre l’Inde et Israël qui vend au sous continent pour près d’un demi milliard d’armement…
Dernier mais non moindre, cette éventuelle poignée de main entre le président syrien et le Premier Ministre israélien le 13 juillet prochain à Paris…
Décidément, le Moyen Orient ne finira pas de nous étonner : le Hezbollah et l’Iran peuvent se faire un peu de mauvais de sang. Même si la Kenését a mis une ombre au tableau ; le Golan, dit-elle, ne sera pas restitué, il faudra un referendum populaire pour cela… Mais n’insultons pas l’avenir, donnons une chance à la paix !