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  • une etrange coincidence

    A LA RECHERCHE  de sa grand-mère…. Une incroyable coïncidence

     

    En Israël, les cimetières bénéficient d’un statut très particulier. Ce ne sont pas uniquement des lieux de  recueillement et de prières, ce sont aussi des lieux de mémoire, des places du souvenir. On ne peut pas imaginer le nombre de gens que l’on y rencontre, souvent par hasard, soit parce qu’il y a, ce jour là, un enterrement et que l’on reconnait des connaissances parmi les personnes présentes soit parce que les gens veulent savoir sur la tombe de qui se recueillent qui un fils, qui une fille ou des petits enfants.

    Je me mets donc en relation avec ma cousine Rosine qui se rend à Rehovot, le lendemain afin de nous recueillir sur la tombe de notre grand-mère commune, puisque son père et ma mère étaient frère et sœur. Sous une chaleur étouffante, nous quittons la ville de Jérusalem, encombrée de chantiers interminables et dont les embouteillages me rappellent immanquablement ceux de Paris. Il s’agit de se rendre dans la jolie petite ville de Rehovot, là où se trouve le célèbre Institut Weizmann, mais aussi la grand école d’ingénieurs, le Techniyone. Les candidats qui veulent intégrer la plus grande école d’ingénieurs d’Israël sont très nombreux, mais les places sont chères en raison d’une impitoyable sélection.

    Sans trop de difficultés, nous trouvons le fameux cimetière qui abrite des tombes fort anciennes. Nous sommes munis des indications précises fournies par la Sainte Congrégation (Hévra Qadisha), responsable en Israël de tous les cimetières. Rosine, Danielle et moi cherchons frénétiquement. En vain. Nos efforts durent une bonne heure sous un soleil de plomb. Puis, Rosine m’indique les noms des deux tombes qui entourent à chaque extrémité la rangée où notre grand-mère, Esther HAROCh (nom de jeune fille : Elmosnino) est censée reposer depuis 1965.

    Me faufilant entre les sépultures, scrutant les pierres tombales dont les inscriptions sont, pour certaines, exclusivement hébraïque, ( ce qui handicape Danielle, la seule à ne pas pouvoir déchiffrer cet alphabet) je pousse un cri lorsque je me trouve face à une pierre tombale portant le nom de ma grand-mère. Danielle, Rosine et ma tante Fanny me rejoignent et me félicitent. La gorge nouée par l’émotion, je me prépare à réciter des Psaumes en hébreu, à prononcer les prières rituelles pour l’élévation de l’âme de la défunte, quand Rosine me dit qu’il ne s’agit que d’une HOMONYME, car cette Esther HAROCH (qu’elle repose en paix) n’est pas la notre. Comment le savons nous ? Rosine m’explique que notre grand père Samuel HAROCH est mort au milieu des années dix (vers 1910) et qu’il repose, depuis cette date, dans le cimetière de la ville de Fés… Or aux côtés de ma suppose grand-mère repose un homme qui se nomme Maurice…

    Une telle homonyme me frappe en raison de ses implications éthiques et philosophiques. Comment se pouvait-il qu’une autre femme portât le même nom et fût ensevelie dans le même cimetière que ma grand-mère ? Quel hasard a fait que sois je venu de si loin pour réciter des prières à l’ombre de la sépulture de cette dame ? Avec laquelle je n’ai jamais eu le moindre lien , d’aucune sorte. Un de mes éminents amis, qui se trouve être cardinal, m’a dit un jour, dans un autre contexte, la belle phrase suivante : La divine Providence confie parfois à d’humaines mains  Oui, la divine Providence confie parfois des choses à des humains qu’elle téléguide ou instrumentalise. 

    Alors, j’ai mis de côté le raisonnement du philosophe, nous nous sommes tenus respectueusement devant la tombe de ces homonymes, les dames ont mis des foulards sur leurs cheveux, j’avais déjà ma kippa blanche sur la tête. Des 150 Psaumes (je crois) que contient le Psautier, j’en ai récité trois que je savais par cœur. Des sanglots dans la voix, j’ai récité la prière des morts. En y repensant, , je peine à contenir mon émotion.

    Eh oui, ne dit-on pas qu’un philosophe ne pleure jamais et que l’émotion obscurcit la pensée ?  C’est peut-être l’adulte qui se souvient comment il jouait à l’âge de cinq ans sur les genoux de sa grand-mère dont il ne parvient pas à localiser la sépulture dans cet immense cimetière. Mais voila, les fonctionnaires ont quitté leurs bureaux vers 16 heures

    En dînant quelques heures plus tard sur la grande  place de Natanya, noire de monde, fourmillant de jeunes filles et de jeunes gens bronzés et pleins de joie de vivre, ma tête est ailleurs. Je mange lentement mon plat épicé, sorti tout droit de cette bonne cuisine marocaine, mais mon esprit est ailleurs. Je croyais tout savoir sur la notion même d’homonymie chez Aristote, Avicenne, Maïmonide et même Averroès. Je sais comment cette notion se dit en grec, en hébreu, en arabe etc… Mais jamais je n’aurais pensé que cela me serait arrivé dans ma vie personnelle, à la recherche d’une grand-mère que je n’ai plus revue depuis l’âge de cinq ans c’est-à-dire depuis un demi siècle.

    Mais j’y retournerai et me recueillerai sur la tombe, même si je pense que l’âme déserte le corps et que la tombe n’est qu’un lieu sur cette terre que les défunts ont quitté pour vivre dans l’éternité.

    Oui, je n’oublierai pas cette leçon e la divine Providence et de ses relations avec nos humaines mains.

  • Lire la Bible au pays de la Bible

    Lire la Bible au pays de la Bible
    C’est étrange, mais moi qui connais bien la littérature biblique, je ressens différemment les choses en lisant les péricopes hebdomadaires à la synagogue. Ici en Israël où un événement familial pas très réjouissant me cloue (pour ainsi dire) depuis quatre semaines.

    J’ai déjà parlé dans un précédent blog de la journée commémorative de la destruction des deux Temples de Jérusalem, celui qui fut détruit par le tyran babylonien Nabuhodonsor (-586) et celui qui fut brûlé par Titus en 69/70.. Cela s’est passé jeudi dernier. Et c’est frappant de lire le rouleaux des Lamentations de Jérémie qui parle des malheurs de Jérusalem et de la détresse de ses habitants. Quand on lit ces chapitres à Genève ou à Paris, cela paraît très loin, mais ici, à moins de 100 km de Jérusalem, c’est autre chose. Les toponymes évoqués sont si près, on peut s’y rendre, respirer l’air respiré par les prophètes etc…

    Ce samedi, on a lu à la synagogue le magnifique chapitre 40 du livre de Isaïe (VIIIe siècle avant JC). C’est à partir de ce chapitre que la critique biblique fait débuter l’activité littéraire du Deutéro-Isaïe. Quoi qu’il en soit, le texte est magnifique et commence par la célèbre adresse : Nahamou, Nahamou Ammi : Consolez, consolez, mon peuple. Il m’arrive parfois, par mon métier de faire des analyses historico-critiques de tous ces livres prophétiques ou tirés du Pentateuque. Mais je dois reconnaître que leur beauté est telle, leur puissance évocatrice si grande que j’hésite à les qualifier de fabriqués. Même ainsi, ils sont réellement inspiré, et en particulier ce livre du prophète d’Isaïe.

    On lit actuellement le livre du Deutéronome à la synagogue, suivant le cycle des péricopes chabbatiques. La péricope de ce matin nous montre un Moïse qui résume sa vie au service de Dieu et du peuple d’Israël. Il évoque ce qui va se passer après le franchissement du Jourdain (auquel il ne prendra pas part) et multiplie les mises en garde contre d’éventuelles rechutes dans le syncrétisme païens des anciens occupants de la Terre sainte.

    Autre remarque qui frappe : ici, tout le monde comprend ce que dit le rouleau sacré puisqu’il s’agit de la même langue, quoique dans un état ou un niveau différent, plus littéraire, plus ciselé. Mais c’est la même langue. Pour moi, cela n’a jamais posé le moindre problème, mais c’est le cas de 90% des gens à l’extérieur.

    Curieux pays. ALTNEU Land, comme on disait jadis.

  • Bonne santé, Monsieur le Président !

    La santé des hommes qui nous gouvernent a toujours été entouré d’épais mystères. Un peu comme si ce que l’on nomme le corps mystique du roi ou du gouvernant était enfoui dans un halo de sacré et mystère. Pourtant, les hommes et les femmes qui nous gouvernent et détiennent une parcelle de pouvoir sont faits comme nous. Le petit malaise vagal qui a touché le président de la République française n’échappe pas à cette règle. Il ne s’agissait pourtant qu’un d’un excès de fatige, accentué par le régime sportif de Nicolas Sarkozy qui ne renonce pratiquement jamais à son jogging matinal. L’un plus l’autre ont provoqué cet émoi qui a retenu l’attention des journalistes, y compris ceux de Jerusalem Post qui se sont fendus d’un long article où ils revenaient sur la maladie grave de Georges Pompidou, le cancer de Fr Mitterrand et l’accident vasculaire cérébrale de Jacques Chirac. Nous sommes, D- soit loué, bien loin de tout cela : mais le président a compris qu’il devait se manger. C’est qu’en deux années de présidence, il a mené un rythme d’enfer. C’était nécessaire après les années d’inaction que l’on connaît. Alors, très bonne santé Monsieur le Président ! On dit que Nicolas Sarkozy a reçu des milliers de boîtes de chocolat de la part de Français attachés à sa santé. Gare, alors, aux indesgistions chocolatées. Et bonnes vacances, reposantes, Monsieur le Président.