L©La suite du roman La rose du Liban de Léa Eyni (II
Une enfance pauvre et malheureuse
Léa ressent sa vie comme un échec, une souffrance ; vivre pour elle équivaut à sentir une blessure vive. D’ailleurs, même son nom de famille peut être interprété en hébreu comme une tentative de néantisation. EYNI veut dire je ne suis pas, suivi d’un prédicat quelconque : le nom de famille de cette fille connote l’idée de manque, d’absence, voire de néant.
Cette enfance faite de pauvreté et d’ennui pousse Léa à se confier à quelqu’un qui ne peut strictement rien pour elle. C’est une allégorie transparente : le seul représentant de cette société ashkénaze qui la rejette en tant que fille d’un Grec et d’une Caucasienne (tous deux illettrés) ne peut pas lui répondre quand elle lui parle et lui raconte sa propre vie. Elle parle à un absent, ce qui fait penser à un mur. La société dont elle attendait un peu de chaleur, de réconfort et d’amour, est représentée par le dos d’un malade sourd et muet, victime d’un système qui la rejette elle aussi. Et pourtant, ce garçon est né dans le beau quartier résidentiel de Réhavia à Jérusalem ; il avait tout pour réussir et être heureux. Quand elle lui parle de sa maison à Bat Yam, elle comprend qu’il a dû vivre et grandir dans un tout autre environnement. Léa sous entend que c’est le système qui brise même les meilleurs de ses éléments, pour peu qu’ils cherchent à s’écarter du cadre tracé et du moule qui les enserre.
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La Rose du Liban de Léa EYNI
J’entame ici un feuilleton de critique littéraire d’un important roman d’une jeune écrivaine israélienne, Léa EYNI (ou AINI) qui porte sur la réalité de ce pays et sa socio-culture un regard à la fois acéré et nostalgique.
LA ROSE DU LIBAN DE LÉA EYNI (OU AINI) ( Devir publishing House, 2009)
Ce livre fera parler de lui et sera très certainement traduit en des langues européennes. Il est intéressant de relever cette floraison d’écrivains israéliens qui ont atteint une certaine maturité au moment même où l’Etat d’Israël avance sur le chemin des septuagénaires. Mais cette prise de conscience s’accompagne, pour certains, d’une crise de conscience, un peu comme si, après les moments d’euphorie arrivait, qu’on le voulût ou non, le temps de la réflexion, du retour sur soi, ce que les rabbins appellent depuis des temps immémoriaux le heshbon néfesh : l’examen de conscience.
En cette écrivaine israélienne, nous avons affaire à une femme encore jeune qui en est à son huitième roman ; mais avec celui-ci elle a franchi un cap, celui où elle ne s’exerce plus mais mêle de main de maître, harmonieusement, (quoique de manière pessimiste) le récit autobiographique à une dramatisation romanesque : tous les ingrédients sont présents, ce qui va et- surtout- ce qui ne pas dans la société israélienne telle que vue par l’auteur. -
TSIPPY LIVNI VERSUS BENJAMIN NETANYAHOU
TSIPPY LIVNI VERSUS BENJAMIN NETANYAHOU
Hier, en quittant enfin Israël pour retourner en Europe (le pays est très beau mais il me tardait de retrouver Paris et Genève, après une si longue absence), j’ai écouté dans la voiture, me conduisant à l’aéroport de Lod, une violente prise à parti de Tsippy Livni que le journaliste de la station, mais aussi les auditeurs qui parlaient au téléphone, mettaient violemment en cause
Le casus belli n’était autre que la démarche générale de l’ancienne ministre des affaires étrangères qui ne supporte pas, selon ses détracteurs, son nouveau statut, nettement moins avantageux et moins valorisant, que celui de numéro 2 du gouvernement. Elle fait figure de chef de l’opposition, bien faible et divisée. Les attaques furent particulièrement violentes et m’ont choqué même si ce qui me frappe le plus chez cette dame tient plus à son élégance vestimentaire qu’à son ingéniosité diplomatique.