Le spectre de l’islamisme plane sur la Méditerranée
Qu’avons nous fait en aidant puissamment la Libye à se débarasser d’un tyran sanguinaire ? Allons nous contribuer à remplacer une dictature par une autre, plus pernicieuse et plus dangereuse ? C’est la question que se posent les chancelleries et les diplomates d’Occident. On a même entendu Alain Juppé évoquer les dialogues interculturels et interreligieux, sans trop de conviction, il faut bien le reconnaître.
On essayait tout juste de se remettre du choc des déclarations du nouveau dirigeant libien que les élections en Tunisie nous fournissaient un nouveau sujet d’iqnuiétude. Le parti islamiste En-nahda arrive en tête des élections de la constituante. Ce qui signifie, en clair, que l’avenir de ce sympathique petit pays méditerranéen, l’écriture de sa constitution, va reposer entre les mains de quelques islamistes qui vont compromettre durablement son avenir et remplacer, ici aussi, une dictature par une autre, celle de rites religieux que la Tunisie avait réussi à éviter jusqu’ici..
Les islamistes ont utilisé dans l’ancienne Carthage les mêmes recettes qu’ailleurs : rechercher la proximité des électeurs en se portant au secours des plus démunis, en les nourrissant, en les convoyant gratuitemlent vers les lieux de vote, bref en monnayant leur soutien contre une adhésion à leur cause. En fait, en surfant sur le chômage, la déshérence soociale etc… C’est ce qui s’est passé en Algérie, au Marco, à Gaza et dans tous les pays arabo-musulmans ou berbéro-musulmans touchés par la crise.
Tant en Tunisie qu’en Libye, c’est la communauté internationale qui a retiré son appui aux dictateurs déchus, compromettant définitivement leur chance de se maintenir au pouvoir. Pour la Libye, ce fut encore plus manifeste puisque ce sont des avions de l’Occident qui ont acquis la supériorité aérienne et des stratèges franco-britanniques qui ont permis la prise de Tripoli par la mer… Regardez ce qui s’est passé à Syrte et à Misrata : les rebelles ont mis des semaines et des mois afvant de les conquérir. Les avions de chasse occidentaux ne voulant pas mettre en péril vie des civils…
Que va-t-il se passer aujourd’hui ? Le dirigeant libyen, le fameux juge coranique a mis un bémol à ses précédentes déclarations arguant que sa charia était modérée. Mis on est islamiste ou on ne l’est pas ! C’est comme la fameuse ministre soviétique de la culture qui disait qu’une femme n’est jamais UN PEU enceinte : elle l’est ou ne l’est pas.
C’est hélas, la même chose en politique autour de cette chère Méditerranée. Ce qui nous frappe, c’est la propension de certains peuples à voir les clefs de leur salut dans un passé qu’on veut illustre au lieu de s’ouvrir à l’avenir qui peut être réellement radieux. C’est cela le salafisme : privilégier le passé, ou plutôt l’idée qu’on s’en fait au lieu d’affronter l’avenir qui n’est encore écrit nulle part. Et que l’on peut façonner.
Mais pour y arriver il faut avoir des convictions et se mobiliser pour les défendre. L’Occident, en a-t-il ?