FRANÇOIS FILLON ET FRANÇOIS HOLLANDE : ETUDE D’UN CONTRASTE ?
L’UMP commence tout juste à se réveiller et à réaliser que François Hollande (et pas nécessairement le PS) a pris une bonne longueur d’avance. Mais le premier à avoir pris conscience de l’erreur d’appréciation de son camp n’est autre que l’autre François, le Premier Ministre. Et comme d’habitude, au lieu de s’en réjouir, cette lucidité n’a pas manqué de susciter quelques aigreurs dans d’autres lieux du pouvoir …
Il semble qu’un certain nombre de points communs rapprochent (je n’ose dire : unissent) les deux François : le calme, la lucidité, la modération médiatique, la force de caractère et la retenue face aux attaques… Evidemment, les programmes différent considérablement, même si l’adversaire de Martine Aubry place la réduction et la maîtrise de la dette en tête de ses priorités. Il ne lui a échappé que le seul service de cette dette (accumulée par tous les régimes) engloutit une bonne partie des revenus de l’Etat.
Certes, pour complaire à son camp et à la base de son électorat socialiste, Fr. Hollande -qui sait que le corps enseignant (écoles primaires, lycées et collèges) constitue, de tout temps, une citadelle du PS- a parlé (un peu inconsidérément) d’une recrutement massif dans ce secteur en cas de victoire : 70.000 enseignants supplémentaires viendraient alors grossir les effectifs déjà pléthoriques de l’éducation nationale… En fait, il le redit de moins en moins souvent et a dû gauchir (et non gauchiser) son discours pour ne plus prêter le flanc aux critiques acerbes d’une adversaire qui le taxait de mollesse face à la droite.
Mais à y regarder d’un peu plus près, bien des détails montrent que le candidat du PS ira bien au-delà des limites de ce programme et lui donnera très probablement une touche personnelle qui en modifiera les contours. Il a dit maintes fois qu’on ne pouvait pas tout faire tout de suite. En gros, il semble s’être converti au réalisme économique et avoir compris que la France n’est pas seule au monde et qu’elle dépend de plus en plus de la conjoncture économique mondiale. Il suffit de voir comment Fr Hollande quel accueil François Hollande a réservé aux exigences infantiles de M. Montebourg pour s’en convaincre.
François Fillon, pour lequel je ne dissimule pas un certain parti pris en raison de sa force de caractère, de sa ténacité et de sa persévérance, pourrait très bien s’entendre avec l’autre François. Je ne suis pas en train de préconiser un gouvernement d’union nationale (nous n’en sommes pas là et Nicolas Sarkozy n’a pas dit son dernier mot, loin de là), mais dans l’absolu ces deux hommes politiques qui ont une stature d’hommes d’Etat ont le souci de la France et optent pour un exercice apaisé du pouvoir. M. Fillon a conduit la politique de la France depuis plus de quatre ans sans à- coups majeurs. Son cabinet est admirablement bien dirigé : pas de bévue, pas de scandale, Matignon est bien tenu et les apparitions médiatiques bien contrôlées…
Même en annonçant sa volonté d’être présent dans le paysage politique de la capitale, M. Fillon n’a pas provoqué de vagues ; toujours cette même force tranquille, cette approche apaisée des questions et cette volonté de résoudre les problèmes sans accrocs. Face à Anne Hidalgo, le Premier Ministre ne devrait pas se heurter à des difficultés insurmontables. Et la capitale pourrait évoluer autrement.
En somme, pas de contraste. les deux François ne sont pas si éloignés l’un de l’autre, au plan des vertus éthiques et dianoétiques (pour parler comme Aristote) mais au niveau économique, le dirigisme (modéré) de l’un tranche par rapport au libéralisme de l’autre… Mais je n’oublie pas que l’un des parrains politiques du Premier Ministre n’est autre que le regretté Philippe Séguin, apôtre du gaullisme social…
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Les pmrimaires du PS : l’erreur d’appréciation de l’UMP
Les pmrimaires du PS : l’erreur d’appréciation de l’UMP
Plus on regarde les choses de près et plus on est convaincu que l’UMP a commis une erreur de jugement en se gaussant jusqu’au bout de la préparation des primaires par le PS. Tous ceux qui ont préténdu que le PS se donnait du mal pour rien sony obligés de reconnaître aujourd’hui l’évidence : le Ps a marqué des points et pris date alors que l’UMP, obéissant à l’injonction du chef de l’Etat, a baissé la garde et a commis une faute d’inattention qui pourrait lui coûter cher.
ET pendant que les caciques de l’UMP se complaisaient dans dans une sorte de paresse intellectuelle, pour ne pas démentir l’analyse du chef de l’Etat, le navire socaliste, lui, prenait le large. Certes, rien n’est encore joué mais il se développe dans l’opinion, même de droite, l’idée que la majorité présidentielle n’a pas pris la mesure de l’enjeu et que le PS avait marqué des points, faisant émerger un nouveau leader, doté d’authentiques capacités de rassembleur.
Or, de plus en plus d’électeurs se prennent à penser que l’actuel chef de l’Etat n’a peut-être plus cet allant qui mène vers la victoire et doutent de sa capacité à faire gagner son camp. Un ancien premier ministre a récemment fait part ouevrtement de son inquiétude, un ancien président du Sénat a carrément dit qu’un fossé se creusait entre le président et les élus… D’autres personnalités ont exprimé leur petite musique de manière plus feutrée en raison de leur impmlication directe au sein du gouvernement : nul besoin de les désigner plus clairement car le premier a dit (avec justesse) que les primaires n’avaient pas que des inconvénients tandis que le second, très brillant sujet au demeurant, n’a pas écarté qu’il puisse lui aussi avoir un destin national…
Le camp de la méjorité se lézarde et un nombre non négligeable mais pas encore alarmant de députés et d’autres élus commencent à se demander s’ils misent sur le bon cheval et si le chef de l’Etat ne gagnerait pas à changer radicalemenbt de style à défaut de changer de politique .
Avant chaque élection cruciale, une certaine nervosité gagne les deux camps en lice, mais cette fois ci les choses ne se présentent pas sous un jour très favorable. Interrogés sur ce désamour qui affecte partiellement le chef de l’Etat, les Français mettent en cause le style, une certaine omniprésence audiovisuelle (qui s’est réduite depuis) et une excessive limitation de la respiration du Premier Ministre. La grande loyauté de ce dernier l’empêche de se présenter comme un recours mais si les sondages de ce début d’année continuent d’être si peu encourageants, cela pourrait donner des idées à certains.
S’il veut conduire son camp vers la victoire, le chef de l’Etat doit, révérence gardée, changer de style et écouter les conseils que lui prodiguent ceux qui cherchent son bien et celui de la France. Des erreurs lourdes de conséquence ont été commises, notamment au sujet des primaires. Si on ne fait rien, on risque de se retrouver dans la situation de VGE en 1981.
Attention ! François Hollande est très actif et ses amis ratissent large en cherchant à attirer même ceux qui ont toujours milité pour l’autre camp… -
François Hollande, l’homme du rassemblement
François Hollande, l’homme du rassemblement
Quand on a suivi jusqu’au bout l’émission de Jean-Jacques Bourdin de ce matin, avec comme invité, François Hollande, on repart avec l’impression que ce candidat a su transcender les clivages et les limites du parti socialiste et qu’il aspire sincèrement à diriger tout un pays, sans exclusive ni préjugés. Si j’ai bien compris, tout en appliquant le projet du parti dont il est issu, il saura le faire évoluer en faisant droit aux aspirations générales du peuple de France et non plus, seulement à celles du peuple de gauche. On est loin de la phrase malheureuse, je n’aime pas les riches ! Tant d’eau a coulé sous les ponts et l’homme a appris que tout ‘est pas blanc d’un côté, ni noir de l’autre. C’est ce que chacun perçoit, contrairement à sa concurrente qui donne d’elle une image plus restrictive, voire plus agressive. Un peu la dame des trente-cinq heures.
François Hollande, un homme qui rassemble : certains signes ne trompent pas. Les ralliements, au sens noble du terme, de Manuel Valls, l’apport touchant et émouvant des voix de Ségolène Royal qui a su se dépasser et envisager sereinement l’avenir, et surtout le refus digne, opposé par le candidat aux prétentions de M. Montebourg qui a cru pouvoir peser… tous ces signes ne trompent pas. Et par dessus tout, cette seigneurie de soi-même qui conduit François Hollande à garder son calme, à tenir en place, sans s’emporter. Le philosophe allemand Hegel appelait cela la patience du concept… Et vous verrez, dimanche soir, l’avocat de Bourgogne cherchera par tous les moyens à se rapprocher de l’heureux élu afin de négocier un éventuel maroquin. Il agira envers lui comme il le fit jadis pour Ségolène l’invitant à la fête de la rose afin de se faire bien voir…
Mais quand on considère l’avalanche des petites phrases de Martine Aubry on doute raisonnablement de sa volonté de réunir toute la gauche ou simplement le parti socialiste autour du nouvel élu, surtout si ce n’est pas elle qui l’emporte. Or, à moins que tout ne trompe, comme on dit en allemand, c’est François Hollande qui semble avoir toutes ses chances. C’est bien lui qui va l’emporter dimanche. Il n’existe, face à lui, ni réserve de voix ni d’arguments, de nature à faire pencher la balance dans une autre direction.
Ce qui m’ frappé dans l’approche de François Hollande que je percevais autrement, précédemment,, c’est son aptitude à la nouveauté. Premier secrétaire du PS, l’homme était radicalement différent, plus occupé à se maintenir, à gérer des cas individuels, des ambitions personnelles contradictoires, qu’à élaborer une vision, un projet pour l’avenir. Aujourd’hui, depuis qu’il a quitté la direction du PS, c’est chose faite : et il va gagner.
Gagnera-t-il face à Nicolas Sarkozy ? C’est une autre affaire. Mais il est évident q’il a le vent en poupe, même chez les électeurs du centre, y compris chez quelques partisans, les plus socialisants, de l’UMP. Nicolas Sarkozy devra changer de style. On sent des frémissements inquiétants dans son camp… Au fond, le meilleur mode de gouvernement, c’est le pluralisme. Tout le problème est alors d’éviter la paralysie. C’est peut-être le pari que François Hollande a gagné. Pour le reste, il convient d’attendre et de maintenir le cap.