La situation des juifs français aujourd’hui
Rappel historique :
Au cours du Moyen Age il y avait cet antisémitisme théologique orchestrée par l’Eglise et qui avait des bases théologiques. Petit à petit, la tolérance a pris le pas sur le rejet et les communautés alsaciennes, d’une part, bordelaises, de l’autre, furent plus ou moins acceptées. La Révolution a, avec des fortunes diverses, accordé aux juifs des droits civiques et ensuite la citoyenneté pleine et entière. La seconde guerre mondiale marque un recul considérable avec l’implication de l’Etat français dans les persécutions et la collaboration avec l’occupant nazi. Après la guerre, il y eut l’affaire Finaly (les enfants juifs baptisés en secret et contre l’avis de leurs familles survivantes.. Mais Vatican II a tout changé, ainsi que la déclaration de repentance des évêques français. Mis à part une souche antisémite d’environ 5 à 7% de la population, l’antisémitisme s’est peu répandu en France. L’arsenal législatif a été renforcé et des lois spécifiques répriment le négationnisme (de la Shoah). L’antisémitisme réapparaît désormais du fait d’une population musulmane, de Maghrébins qui sont instrumentalisés par des prédicateurs nord africains ou moyen orientaux qui propagent la haine d’Israël mais aussi du juif.
La disparition de l’homogénéité de la société française contemporaine :
L’expression n’est pas de moi mais provient d’une rencontre avec Monsieur DELEVOYE, le président du Conseil économique et social de l’Île de France. Il y va de la place de l’islam dans la société française. Le plus souvent concentrée dans des banlieues défavorisées, souffrant d’un chômage endémique en raison de discriminations dont ils sont victimes, rejetés aux marges de la société en raison de leurs tendances identitaires exacerbées, ces jeunes (pour la plupart) font du juif leur souffre douleur et le bouc émissaire de leur mal vivre. Ce sont eux qui ont crié des slogans anti-juifs (mort aux juifs : voir l’article de Robert Badinter dans Le Monde) dans les rues de Paris.
La transposition du conflit israélo-palestinien
Il ne s’agit pas d’antisionisme, c’est l’antisémitisme qui s’exprime ici en s’abritant derrière une autre idéologie. Ce n’est pas la première fois que l’on assiste à de telles flambées de violence. Cette haine s’étend désormais à tout l’Occident, à tout ce qui est non-musulman. On le constate avec un terrible phénomène qui prend une ampleur incroyable, le djihadisme qui touche même de jeunes lycéens maghrébins, nés en France. Les pays européens en prennent à peine conscience : la France a adapté son arsenal législatif, la Grande Bretagne est allé bien plus loin, quant à l’Allemagne, elle suit cette évolution avec l’attention qu’il faut.
La prolifération des actes antisémites
Je laisse de côté les agressions individuelles quasi quotidiennes, les injures à caractère raciste pour ne retenir que le crime de Mohammed MERA et de son compagnon criminel qui a tué quatre personnes dans le Musée juif de Bruxelles. De telles actions, inouïes, sont d’une exceptionnelle gravité. L’Etat a réagi mais il aurait dû le faire bien plus tôt. La République n’a pas pris, à temps, la mesure de ce phénomène. Je renvoie au cas de Dieudonné dont la nature est exemplaire de ce qu’il faut combattre et étouffer dans l’œuf.
Le désarroi de la communauté juive française :
a) la peur des agressions dans les rues : Elle est bien réelle. De nombreux rabbins et juifs religieux évitent d’arborer des signes religieux susceptible de les identifier comme juifs et de les désigner à leurs agresseurs.
b) la volonté affichée de quitter le pays pour Israël : c’est une triste réalité que j’ai pu vérifier cet été même, en Israël où tous les juifs français qui en ont les moyens achètent des logements en Israël et se préparent à se défaire de leurs biens à Paris.
Les juifs ont ils un avenir en France ? La France est elle un pays antisémite ?
Je ne conçois pas que la France devienne judenrein. Il y a ici une histoire presque bimillénaire entre les juifs et la France, patrie des droits de l’homme, terre d’accueil, d’asile.. Mais je suis bien obligé de constater que nous sommes bien peu à croire que les Juifs vont rester en France.
Je ne crois pas que la France deviendra un pays antisémite. Mais il est sûr que la situation empirera si les pouvoirs publics ne font pas preuve d’une grande fermeté. L’intégration est comme l’amour, il faut être deux.