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  • François Hollande et Nicolas Sarkozy

    Les interventions respectives de François Hollande et de Nicolas Sarkozy

    Le Figaro a eu raison de parler d’un duel à distance. Ce fut le cas et ce fut une empoignade au cours de laquelle  le premier n’a pas pris le dessus. Pour différentes, notamment une, principalement, le genre de l’exercice. D’un côté, un président en exercice pris en tenaille par des journalistes et des Français, issus de la vie de tous les jours, une sorte d’échantillon de la population globale, et de l’autre côté un superbe discours, peut-être le plus beau qu’Henri Guaino ait jamais écrit sur la différence entre la démocratie pure et simple, et la république, porteuse de tous nos espoirs et garante de nos libertés et de notre ensemble. Henri Guaino que je connais et que j’ai félicité par mel à l’Assemblée Nationale, a donc repris du service pour aider NS à surmonter les épreuves qui l’attendent. Certains commentateurs ont parlé d’un discours fondateur, et c’est bien vrai. Mais ne nous leurrons pas : avec les hommes politiques dont l’opinion générale fustige durement l’absence de courage, il ne faut jamais espérer qu’ils mettront leurs actes en conformité avec leurs paroles. Beau discours, très beau discours, exaltant discours, enthousiaste discours, mais discours toute de même. Toutefois, cela ne nous empêche pas d’ en analyser le contenu idéologique ou politique. L’idée principale est le tracé clair entre la démocratie et la république, étant entendu que c’est cette dernière qui favorise l’éclosion des idéaux propres à assurer une vie sociale harmonieuse. La démocratie apparaît comme une sorte d’anarchie libertaire où chacun ferait ce que bon lui semble, affirmant ses particularités personnelles, où le groupe social serait une mise bout à bout de particularismes, la désunion en fait. Et la voie libre à tous les communautarismes. On sent affleurer les thèmes de l’identité nationale, et la nécessité pour chacun de se reconnaître au moins un petit peu dans le groupe. Cela tombe bien puisque la république ne tient pas compte des attaches religieuses ou ethniques. Elle se veut un creuset gouverné par des valeurs laïques. On a bien conscience qu’ici c’est une certain communautarisme qui est visé et qui commence à poser à la France un problème global, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières . La république, c’est aussi l’affirmation d’une autorité légale et démocratique : c’est-à-dire que les lois votées s’imposent d’elles-mêmes et doivent donc être appliquées. C’est là une dénonciation des faiblesses du pouvoir actuel, qui, selon l’auteur du discours, desservent gravement la république. Car si les citoyens délèguent au pouvoir central une grande partie de leurs droits, c’est bien pour que ceux-ci soient respectés. Toute faiblesse de la république est une atteinte à la vie démocratique. Et puis, il y a l’idée de rassemblement dans le cadre républicain : toutes ces influences, toutes ces personnalités qui ont fait la France, venaient d’horizons divers. C’est une sorte d’autochtonie venue d’ailleurs dont parlait Marcel Détienne… Face à ce discours-programme, formateur d’opinion et fondateur d’identité, la prestation de jeudi soir était plutôt maigre. Mais pouvait il en être autrement ? Je le répète : il faut une impulsion nouvelle.

  • La prestation télévisée de François Hollande

     

    La prestation télévisée du président François Hollande, hier soir sur TF1

    Comme on pouvait s’y attendre, les avis sont partagés, cette belle France sera perpétuellement coupée en deux, pas seulement au plan météorologique : les amis de François Hollande l’ont trouvé bon, les autres vide de sens et désespérant. En fait, il faudrait être plus nuancé : François Hollande était sincère, il n’a pas louvoyé comme ses adversaires le lui reprochent régulièrement, a reconnu une certaine erreur concernant l’inversion de la courbe du chômage, a dit solennellement qu’il ne reviendrait pas en 2017 s’il n’avait pas réussi à juguler la crise de l’emploi. Pour le reste, on l’a senti à l’écoute et visiblement préoccupé par la gravité de la situation. Mais comme à l’accoutumée, les Français attendent toujours plus de ce genre de grand’ messe, et cela est légitime, au regard de la situation du pays… Donc, peu d’annonces, même si près de 8 millions de téléspectateurs ont diversement suivi l’interview. Les commentateurs, quant à eux, se sont montrés plus sévères doutant du sérieux de la promesse présidentielle de ne plus augmenter les impôts, soulignant férocement ses hésitations quant à l’organisation des jeux olympiques , l’exposition universelle, etc… Mais le président a pu prendre la mesure exacte du désarroi des Français : témoin cette dame de 60 ans qui n’a pas de travail alors qu’elle ne peut toujours pas faire valoir ses droits à la retraite par manque de trimestres, cette autre dame, chef de PME, qui dit au président que la réglementation en France est vraiment trop tatillonne et décourage même les très bonnes volonté et enfin ce jeune beur, titulaire d’une capacité en droit et qui, à 27 ans passés, dort encore chez ses parents dans les quartiers nord de Marseille.. Sans oublier cette habitante d’une zone rurale qui se bat contre la mort de son village, déserté par les services publics et qui voit son école menacée de fermeture, faute d’un nombre suffisant d’élèves.. Il est trop tôt pour mesure l’impact réel de popularité du président. La plupart des observateurs ne pensent que cela améliorera la côte de popularité de Fr Hollande mais l’essentiel est ailleurs : les Français ont pu voir que le président était au courant et qu’il était bien là, même si ses moyens d’actions restent limités.

  • Une intifada à Jérusalem?

    Une intifada à Jérusalem ?

    Cela en a tout l’air : les événements se précipitent dans la cité du roi David qui joue un rôle central dans l’histoire juive depuis trois mille ans. C’est dire combien le sort de cette ville préoccupe les juifs du monde entier. Ces mêmes juifs qui depuis deux mille ans, date du début de leur exil, prient à toute occasion pour la libération de cette même ville et la reconstruction de leur temple. Mais voilà les cousins arabo-musulmans, eux aussi fils du patriarche Abraham, par le truchement d’Ismaël et de sa mère l’Egyptienne Agar, revendiquent eux aussi cette fameuse esplanade des mosquées que les juifs et les Judéens avant eux nommaient déjà, à l’époque d’Isaïe (VIIIe siècle avant l’ère chrétienne) le Mont du Temple (Har ha-Bayit). Depuis l’avènement de l’islam, cette ville est aussi revendiquée comme l’un de ses lieux saints. Une fameuse mosquée fut érigée en lieu et place de l’ancien temple juif. Problème : chaque fois que des juifs s’aventurent dans ce périmètre si âprement disputé . Au lieu de prier Dieu et de ne le jamais prendre comme caution pour occire d’autres hommes, croyant et priant autrement tout en étant, comme nous tous, créés à l’image du Seigneur, nous sommes condamnés à compter les morts et les blessés.… Quand donc cette hécatombe s’arrêtera-t-elle ? Je ne mets pas tous les protagonistes sur un même plan, il me semble que sans léser les intérêts ou les revendications de quiconque, on peut avancer que l’attachement des juifs à Jérusalem est le plus ancien, le plus fort et les plus poignant. Même au plus profond de l’abîme, les juifs n’ont jamais cessé, dans leurs prières quotidiennes, de prier pour Jérusalem. Est ce que ce titre de propriété est exclusif de tout autre ? Certes, je ne le crois pas, même si la folie meurtrière de quelques uns va faire passer mon discours ou mes rappels historiques pour d’aimables rêveries d’un philosophe attardé, la tête dans les nuages et qui méconnait superbement la triste réalité. Mais réfléchissons : pourquoi deux ou trois, ou quatre communautés religieuses ne supporteraient elles pas que d’autres prient le même Dieu, un peu plus loin d’elles, voire même à une distance respectueuse ? Après tout, répétons le, c’est le même Dieu. Dans une récente étude publiée ici même, je rappelais une phrase d’une profonde simplicité, dite par Franz Rosenzweig : Dieu a créé le monde mais n’a créé aucune religion… Dieu comprend et parle toutes les langues, il exauce toutes les prières. Un simple coup d’œil sur le livre des Psaumes nous prouve la valeur ce patrimoine incontesté de l’humanité éthique. Il y a aussi une phrase très profonde dans le Talmud où Rav Hunna veut répondre à une question grave : Dieu est avec qui, il est aux côtés de qui ? Rav Hunna répond : Dieu est avec ceux qui souffrent  Je pourrais m’en tenir là et conclure mais il faut revenir à la réalité. Isaïe, encore lui, plaidait en faveur de l’universalité du monothéisme d’Israël et il prédisait qu’un jour, l’humanité messianique affluerait vers le Mont du Temple qui sera alors plus élevé que toutes les autres collines environnantes. Il dit spécifiquement : et afflueront vers lui toutes les nations. Tout le monde croira en la Tora, mais celle-ci est prise dans le sens de la Révélation de la transcendance et non dans un esprit particulariste : ce serait insensé de prétendre le contraire. Est ce servir sa religion ou la cause de sa propre religion que de tuer d’autres gens qui prient, pensent ou croient autrement ? Je ne le pense pas. Pourtant, nous ne sommes pas des anges et nous vivons dans un monde partagé en des pays séparés par des frontières. C’est tout de même hautement symbolique de voir que la ville qui abrite le berceau du judaïsme, du christianisme et aussi de l’islam soit devenue l’un des foyers les plus brûlants des contestations religieuses, là où sévit la haine. Je ne crois pas que la violence parviendra à résoudre le moindre problème ni à frayer la voie vers une solution du conflit opposant les Israéliens aux Palestiniens. Habitués à combattre le terrorisme et à vivre depuis des lustres dans un environnement hostile, les Israéliens ne se laisseront pas impressionner. Mais ils doivent, malgré tout, redonner de l’espoir et ouvrir des perspectives. Il y a dans ces dernières actions terroristes un aspect de désespoir qui ne laisse pas d’inquiéter.