Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • La France pavoise, mais est ce vraiment toute la France…

    La France pavoise, mais est ce vraiment toute la France…

    C’est la question que l’on est en droit de se poser, sans être nécessairement un esprit chagrin. On la pose en se souvenant de la réaction des habitants des banlieues et de leurs enfants dans les écoles de la République, à la suite des attentats contre Charlie-Hebdo et l’Hyper cacher. De nombreux établissements scolaires avaient été le théâtre du refus de jeunes musulmans, nés en France, de respecter la minute de silence à a mémoire des victimes. Au motif que les caricatures du prophète de l’islam avaient suscité une juste réaction. Le phénomène fut si grave que des sanctions furent prises à l’encontre des récalcitrants…

    Aujourd’hui, presque deux semaines après les sanglants attentats de Paris, le président de la République a eu la bonne idée de demander qu’on lui accroche des drapeaux tricolores vendredi matin à toutes les fenêtres des maisons. Il serait intéressant de scruter ce que va être la réaction de gens qui voient toujours en la France une nation inamicale, tout en vivant sur son sol.

    Je souhaite vraiment me tromper mais je crains que nous ayons quelques surprises, surtout en Seine Saint-Denis où de véritables cellules djihadistes ont été mises au jour et en définitive détruites ou arrêtées.

    Certes, il faut se garder de toute généralisation abusive ; je persiste à croire que l’écrasante majorité des gens de ces départements limitrophes de Paris et d’ailleurs ne cherche qu’à vivre en paix, à pratiquer leur religion sans nuire aux autres et à aspirer à un avenir meilleur pour leurs enfants. Mais ce sont aussi ces mêmes régions qui ont envoyé le plus de combattants en Syrie et en Irak.

    On ne peut pas rester indifférent à ce qui se passe. Chacun devra choisir son camp. Et la France est en guerre, elle n’est pas en guerre contre la Suède ni contre la Finlande, mais contre l’islamisme de Daesh et d’autres organisations.

    Alors, nous verrons bien vendredi si tous ont pavoisé et si certains refusent de le faire.

  • Les vicissitudes du périple diplomatique de François Hollande

     

    Les vicissitudes du périple diplomatique de Fr. Hollande : l’impossible coalition

    Il est de situations ou des pays qui demeurent maudits un bon bout de temps. Je fais allusion à des pays comme la Syrie et l’Irak, sans oublier le Liban et la Libye, l’Egypte et tant d’autres qui ne connaissent ni la paix ni la prospérité. Et même lorsqu’un pèlerin de la paix comme Fr. Hollande, parcourt la planète pour les aider, eh bien des événements tragiques se produisent. C’est probablement ainsi qu’il faut interpréter les conséquences de la destruction de ce chasseur-bombardier russe par l’aviation turque.

    La Turquie a commis une lourde et grave erreur en abattant cet avion et en permettant à ses fidèles alliés turkmènes, ennemis de Bachar de mettre à mort les pilotes. En fait, les Russes bombardent un peu Daesh mais surtout tous les autres rebelles anti-Bachar, et parmi eux de solides alliés de la Turquie qui les arme et les finance. En abattant cet avion, la Turquie a voulu freiner l’activisme de V. Poutine en Syrie où ses alliés subissent de lourdes pertes en raison des bombardements de l’aviation russe.

    En soi, cet incident grave ne serait qu’un détail s’il ne compromettait à tout jamais la mise sur pied d’une grande coalition anti-Daesh dont rêve Fr. Hollande. Même B. Obama ne s’est pas laissé convaincre, il a promis encore plus de coopération avec la France mais il se refuse à la suivre en incluant la Russie (et dans ses fourgons l’Iran et le Hezbollah) dans une coalition unique. C’est un échec pour le président français qui ne parle plus que de coordination. L’étape moscovite perd donc toute son importance, elle n’a plus qu’une valeur documentaire, surtout après la destruction de l’appareil russe et la mort de ses deux pilotes.

    La diplomatie française n’est pas assez forte et le poids de la France, en général, bien moindre que celui des grandes puissances. L’évolution de la situation était prévisible : lors de la visite de V. Poutine au Guide de la révolution à Téhéran, le communiqué final stigmatisait les prétentions des pays qui veulent imposer leur volonté à un peuple. Comprenez : nous n’acceptons pas que l’on veuille disqualifier Bachar, c’est aux Syriens de décider pour eux mêmes. Dès lors, les USA, et dans une moindre mesure, la France, ne pouvaient pas accepter de renforcer Bachar et de le maintenir à son poste. En effet, lorsque la Syrie sera débarrassé de Daesh, qui nous assure que Bachar et ses protecteurs vont respecter la volonté populaire ? Qui nous garantit que Bachar partira ? Personne.

    Mais voilà, il faut tout de même travailler avec le tyran de Damas car son armée est sur le terrain, elle se bat et grâce à l’aide russe elle reprend des villes et des villages à l’ennemi.

    Bref, nous sommes en présence d’une quadrature du cercle : la coalition arabo-occidentale n’est pas prête à fusionner avec celle qui compte la Russie, l’Iran et le Hezbollah. C’est que même dans le camp occidental, tout ne va pas pour le mieux : les Turcs voient d’un très mauvais œil l’alliance des USA avec le PKK, leur ennemi juré. D’où le double jeu d’Ankara. L’Arabie saoudite a une véritable obsession qui se nomme l’Iran en qui elle voit son ennemi juré qui tente d’impose son leadership absolu dans la région. Pour les gérontes de Ryad, l’Iran sème le désordre et nourrit la déstabilisation dans la région. Il faut donc faire tomber Bachar, car s’il tombe, ses vainqueurs chasseront l’Iran et le Hezbollah. En revanche, se Bachar reste, l’Iran et le Herzbollah restent aussi. D’où le fixation saoudienne.

    Dans ces distorsions, la diplomatie française ne pèse pas lourd. Les maîtres du jeu sont les USA qui ont leur tempo et leur stratégie qu’ils imposent à tous les autres.

  • L'appel à l'aide du président François Hollande

    L’appel à l’aide du président François Hollande…

    La terrible semaine passée et celle qui s’annonce avec ce grand ballet diplomatique et même militaire, m’a fait penser à un sujet de dissertation philosophique auquel étaient soumis, en classe terminale, les jeunes lycéens que nous étions : Est-ce l’Histoire qui fait les grands hommes ou est-ce l’inverse, les grands hommes qui imposent leur marque à l’Histoire ?

    N’en déplaise à certains ou, au risque de faire grincer des dents dans certains milieux, je dois bien reconnaître que François Hollande a su faire face et, du reste, les sondages, qui, d’ordinaire, lui sont défavorables, en font foi : pour la première fois il gagne plus de points que son Premier Ministre, même si, entre les deux têtes de l’exécutif, l’écart reste conséquent.

    A maintes reprises, et depuis le mois de janvier 2015, François Hollande ne s’est pas effondré mais a fait face, et je dirai même avec courage et intelligence. En voici quelques exemples : en intervenant militairement au Mali, il a brisé net l’avance d’al-Quaida qui entendait déferler sur Bamako. On n’imagine pas les suites cauchemardesques d’une telle attaque si elle avait été couronnée de succès : des milliers de François et d’Européens massacrés ou retenus en otage…

    Après les attentats de janvier, il a fait de Paris le point de rencontre de tous les grands de ce monde, le centre du monde.

    Et il y a presque deux ans, il était prêt à s’engager en Syrie, les cibles, nous dit-on, étaient déjà désignées, lorsque Barack Obama lui fit faux bond, revenant ainsi sur ses propres engagements de frapper Bachar se celui-ci franchissait la ligne rouge, i.e. l’emploi d’armes chimiques contre son peuple. Mais hier soir, ce même B. Obama a tenu un discours menaçant et d’une grande fermeté face à Daesh : trois fois, il a dit que ce sont nous les démocraties qui le détruiront. N’est ce pas un hommage tardif mais réel aux prévisions de Fr. Hollande ?

    Lors des attaques du vendredi 13 novembre, Hollande est apparu presque défait à la télévision et on le comprend. Mais il s’est vite repris et surtout a fait preuve d’une réactivité sans égale : le congrès à Versailles, l’état d’urgence, le bombardement de Daesh, l’envoi du porte-avions Charles de Gaule, déjà sur zone, etc… Bref, il a fait ce qu’il fallait. Et ce vieux peuple français, connu pour son solide bon sens paysan, ne s’y est pas trompé : il a compris que le chef d’Etat savait agir lorsque les circonstances l’exigeaient. Sur ce coup là, on ne finasse pas, on agit vite et bien, sans manœuvres politiciennes ni postures idéologiques dont une certaine gauche est si friande.

    Un mot du discours au congrès de Versailles ; la phrase-clé, presque passée inaperçue, est celle-ci : le pacte de sécurité prend le pas sur le pacte de stabilité ! Génial ! Personne n’a osé s’y opposer, même Bruxelles entend voler au secours de la France, pays sévèrement touché par un terrorisme cruel et aveugle.

    François Hollande a donc pris les bonnes mesures.

    Je relisais durant ce week-end un éditorial du Figaro sur la solitude de la France, attaquée sur son propre sol alors qu’elle est engagée sur tant de fronts à l’extérieur. D’où l’appel à l’aide du président français : cette semaine, il boucle la boucle : les quatre grandes puissances qui comptent, européennes ou extra-européennes se réuniront avec lui ou l’accueilleront lors d’une visite. Sans même parler du roi du Marco dont les informations ont rendu à la France un service signalé, permettant de neutraliser un redoutable terroriste…

    Au vu de ce qui précède, on peut donc dire, sans flagornerie, que Fr. Holland a tenu le coup, a bien réagi et a même renversé la vapeur ; pour reprendre une expression du regretté Charles Pasqua : terroriser les terroristes ! François l’a fait et entend continuer de le faire.

    La grande question qui se pose n’en demeure pas moins celle-ci : même si le chômage (dont plus personne ne parle tant les préoccupations sont ailleurs : la sécurité avant la prospérité) devait encore augmenter et le pouvoir d’achat rester en berne, même si les élections régionales devaient signer un nouveau revers pour le gouvernement et le chef de l’Etat, l’impact sur ce dernier ne devrait pas être catastrophique.

    Au fond, Hollande a la baraka : n’importe quel autre chef d’Etat, je le répète, se serait effondré et lui que tous critiquent pour son indécision devenue presque proverbiale (je fais référence à un grand article paru il y deux semaines et demi dans la Frankfurter Allgemeine) a tenu.

    Certes, la France étant ce qu’elle est, le combat partisan ne tardera pas à reprendre. Mais, étrangement, le président (et futur candidat ?) est nettement mieux placé qu’auparavant alors que l’amélioration de la situation économique se fait toujours attendre.

    Une seule ombre au tableau, selon moi : ne fallait il pas, immédiatement après les attentats, nommer un gouvernement d’union nationale, abattre les barrières idéologiques et construire un nouveau paysage politique ? A de plus experts que moi de juger.

    C’est vrai, la France n’est pas l’Allemagne avec ses grandes coalitions qui permettent d’avancer et éloignent les divisions si souvent paralysantes.

    La mentalité française n’est pas la mentalité germanique.

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 23 novembre 2015