La nouvelle stratégie de l’Etat Islamique
A l’évidence, l’intervention massive de l’armée de Vladimir Poutine en Syrie, notamment l’inestimable appui aérien accordé à l’armée de Bachar, a fait ses preuves. En quelques semaines, Poutine a changé la donne, ce que des années de bombardement US n’ont pas réussi à faire. Depuis deux semaines, l’armée syrienne a reconquis des positions stratégiques appréciables qui ont mis l’EI sur la défensive. Petit à petit, les Russes donnent de puissants coups de massue à l’EI qui s’est affaiblie sur place. On parle même d’une très vaste offensive des Kurdes d’Irak et de Syrie, vertébrés par les USA et leur coalition, sur la ville de Rakka et de Mossoul. Cela a désorganisé les forces de l’EI qui a dû rappeler des centaines d’hommes, dégarnissant ainsi d’autres fronts où sa situation est vulnérable, voire critique. Enfin, l’armée de l’air US a ciblé le tueur en chef de l’EU, le tristement célèbre Djihadi John qui avait commencé sa carrière en décapitant les deux journalistes américains.
Face à cet affaiblissement, l’EI a décidé d’exporter ses frappes : il y a quelque semaines, ce fut l’avion russe, et hier un effroyable attentat-suicide dans le fief du Hezbollah à Beyrouth, faisant près de 50 morts et plus de 200 blessés. Le lien entre ces deux attentats (Sinaï et Liban) n’est autre que la Syrie : les Russes, comme le Hezbollah, aident Bachar que l’EI combat férocement depuis quatre ans. Si les choses se poursuivent au même rythme, l’EI disparaîtra de la carte plus vite que prévu. Mais Barack Obama porte une très lourde responsabilité dans cette affaire : au lieu de réagir vite en envoyant des troupes au sol, il a fait perdre plus de deux ans au monde civilisé, l’empêchant de frapper vite et fort. L’Histoire retiendra cela.
S’il est permis de faire des paris sur l’avenir, on peut espérer un nouveau Proche Orient à la fin de cette guerre horrible. La Syrie ne sera plus ce qu’elle était du temps de la splendeur des Assad ; elle ne pourra même plus assurer son intégrité territoriale. IL existe déjà une partition de fait ; les Kurdes ne rentreront plus au bercail calmement, les Sunnites non plus, sans même parler des autres minorités ethniques et religieuses.
Que vont faire les états voisins ? Ils seront confrontés aux avancées des Iraniens dans cette région. C’est pour cela que l’Iran ne se résoudra jamais à la chute de Bachar ou à l’installation d’un régime hostile à Damas. Ce serait sonner le glas de son influence au Proche Orient. Mais si cela dure plus que prévu et si EI oppose une résistance farouche, c’est l’affaiblissement du Hezbollah qui surviendra inéluctablement. La milice chiite a perdu des centaines d’hommes lors des combats.
Israël scrute avec une attention soutenue ce qui se passe à ses abords. Dans un Proche Orient où tous les états existants sont menacés de désintégration, il est le seul havre de paix et de démocratie.