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  • Quelques aspects de la théologie rabbinique



    Quelques aspects de la théologie rabbinique…

    Si j’ose reprendre pour ces quelques pages le titre d’un célèbre ouvrage de Salomon Schechter (paru en anglais : Some aspects of rabbinic theology), ouvrage dont je fis mon profit dans mes années d’étudiant, c’est pour rendre hommage à ce grand maître et aussi à celui qui me le fit connaître.

    Jusqu’ici, je me suis contenté de parler de l’extérieur, il est temps, à présent, de me mettre à parler des doctrines que les sages de la Tora orale ont extrait de la Tora écrite en usant des règles herméneutique déjà évoquées dans les précédentes études, publiées ici même.

    Nous pouvons donc aborder les thèmes de cette tradition orale à un autre niveau. On peut alors se concentrer sur une formule appartenant elle aussi, d’une certaine manière à la Tora orale, même si elle est d’une naissance moins antique. Il s’agit d’une sorte de trinité juive puisqu’elle condense en une seule unité, ou entité unique à la fois le Saint béni soit-il (formule déférente de la tradition pour évoquer le Créateur de l’univers), la Tora et Israël. Cette formule trouve son origine dans ce grand roman mystique qu’est le Séfer ha-Zohar lequel se donne pour une œuvre antique mais qui ne remonte, en vérité, qu’au XIIIe siècle de notre ère et dont l’auteur de la partie principale n’était autre qu’un génial exégète et écrivain hors du commun, Moïse de Léon, mort en 1306 à Avila.[1]

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  • De l’idée juive du sens : Autorités et herméneutique de la Tora orale

      

     

     

    De l’idée juive du sens : Autorités et herméneutique de la Tora orale

    Pour qu’une tradition écrite échappe à la sclérose, elle se doit de progresser avec son temps. Pour ce faire, elle met sur pied des règles herméneutiques qui lui permettent d’être à jour sans jamais renier son âme. Comme on l’a déjà vu, l’herméneutique rabbinique ne constitue pas d’exception à cette règle générale. Les anciens docteurs des Ecritures ont donc élaboré un certain nombre de règles exégétiques qui leur sont propres et par lesquelles ils extrayaient des textes révélés de nouvelles doctrines qui se situaient dans le prolongement direct de la tradition. Pour la commodité de l’exposé ou pour leur conférer une certaine aura sacrée, la Tora orale a regroupé trois grandes rubriques herméneutiques, au nombre, respectivement, de 7, 13 et 32., qu’elle attribue à Hillel l’Ancien, à rabbi Ishmaël (seconde génération des tannaïm) et à rabbi Eliezer ben Yossi ha-gelili (seconde génération des tannaïm).

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  • De l’idée juive du sens: La trilogie herméneutique de la Tora orale VII Aggada, Halakha et Midrash

     

    De l’idée juive du sens: La trilogie herméneutique de la Tora orale VII

                                   Aggada, Halakha et Midrash

    On doit rappeler par une simple phrase ce qu’on notait au tout début de cet ouvrage sur la Tora orale dans ses relations dialectiques avec une création nouvelle : des genres littéraires qui, tout en ayant de lointaines racines dans le corpus biblique, n’avaient pas encore atteint ce degré de maturité et de développement, comme on va le voir au cours des siècles à venir. Ces trois genres littéraires et exégétiques ne sont pas sans rapport les uns avec les autres, même si, vus de plus près, chacun obéit à des règles un peu différentes.

    Il est donc assez difficile de définir avec exactitude le sens de ces trois termes hébraïques qui entretiennent entre eux des relations étroites tout en demeurant des entités séparées. Même notre adaptation française de l’Introduction au talmud et au midrash ( Strack-Stemberger-Hayoun, Paris, Cerf, pp 58-71 et pp 274-281) n’a pu rendre compte de manière suffisamment claire des différentes approches de ce sujet. Dans ces quelques pages, on tentera de résumer l’essentiel et de signaler succinctement les travaux les plus récents sur ces questions.

    En hébreu comme en araméen, le terme aggada est un substantif issu de la racine verbale le-haggid, relater, raconter , faire le récit de quelque chose. J’avoue ne pas trouver la traduction française qui ne recouvre pas aussi, d’une façon ou d’une autre, le champ sémantique des deux autres termes. Pouvons nous dire qu’il s’agit d’homélies rabbiniques ou talmudiques (aggada, pluriel aggadot) des parties narratives dans les sections exégétiques, ou encore des récits paraboliques qui commencent généralement par les termes suivants : (ma’ssé be… Il est arrivé un jour que…). Ce qui, en revanche, ne fait pas l’ombre d’un doute, c’est l’endroit où passe la frontière entre l’aggada d’une part, et la halakha, d’autre part.

    C’est peut-être en évoquant le trait discriminant entre ces notions que nous renseignerons au mieux sur leur spécificité Les talmudistes offrent en deux passages différents deux vues sur le ba’al aggada, l’homme de l’aggada. Ils disent ; Si tu veux connaître Celui qui a dit que le monde soit et le monde fut, alors apprends l’aggada … D’autres docteurs des Ecritures disent aussi : Le ba’al aggada ne peut ni lier ni délier, il ne saurait dire d’une chose qu’elle est pure ou impure… Ces deux dits rabbiniques semblent bien définir l’espace imparti à l’aggada : elle fait partie intégrante de l’homélie traditionnelle, elle joue même un rôle central dans la connaissance du Saint béni soit il, mais elle ne saurait intervenir dans la jurisprudence. En termes de halakha, la règle normative juive, elle est inopérante. Soulignons, malgré tout, que l’aggada sert parfois de toile de fond à des données rigoureusement halakhiques. On en revient toujours à cette fameuse unité organique et non systématique.

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