Danielle Cohen-Levinas, L’impardonnable. Le Cerf
Une tragédie impardonnable… Ainsi se lit la dernière phrase du premier chapitre et qui donne le ton au reste du livre
L’antisémitisme est un sujet aussi vieux que le monde. L’auteure du présent essai a donc eu beaucoup de courage en abordant un sujet inépuisable, selon un angle nouveau. C’est une bonne chose de croire en l’efficacité d’un tel pari. Pour ma part, spécialiste à la fois du Moyen Age judéo-arabe et de la philosophie moderne judéo-allemande, j’ai pris un certain plaisir à suivre ce livre. Non pas que j’y aie appris quelque chose de radicalement nouveau mais en constatant que le débat est toujours le même : l’identité juive (si éclatée, si changeante, si fuyante et si surprenante) est-elle compatible avec la culture européenne ? Et si la réponse est positive, comment expliquer (je ne dis pas justifier) Auschwitz ? Cela nous entrainerait trop loin et nous contraindrait à des révisions déchirantes, du genre : avons nous été floués par l’esprit des Lumières qui avait foi en l’infinie perfectibilité du genre humain ? Cela signifierait aussi que le chemin ouvert par Moses Mendelssohn, le fondateur du judaïsme moderne, était une impasse ?