Pierre-Henry Salfati, La fabuleuse histoire du Juif errant (Albin Michel / Arte.)
C’est une bonne idée d’avoir revisité ce mythe du Juif errant en langue française, alors qu’il est largement étudié et connu, notamment en Allemand où sa présence presque envahissante dans la littérature défie l’entendement. C’est un mythe qui constitue l’épine dorsale de l’antisémitisme et de la dénonciation du Juif en général, tant celui de l’Antiquité que son lointain descendant de la modernité. Curieusement, ce renvoi à la notion des châtiments éternels, si chère à une certaine théologie chrétienne qui va de saint Augustin à Luther, mais qui poursuit sereinement sa route jusqu’à nos jours, n’a pas attiré l’attention de ses promoteurs et diffuseurs sur la contradiction avec ce qui est réputé avoir été l’essence véritable du Christ : l’amour intégral, l’aspiration à l’harmonie, ne pas se venger, ne pas garder rancune à qui que ce soit, tendre l’autre joue, etc…