Récemment, le pape Benoît XVI a fait des déclarations marquantes visant à souligner la supériorité de l'éthique sur la politique. Il a nommément mis en cause les majorités politiques qui ne durent qu'un temps et qui, de ce fait, n'ont pas la légitimité nécessaire pour modifier un ordre voulu par le droit naturel ou suggéré par la morale qui, elle, s'impose à tous.
Le pape qui est loin d'être le doctrinaire borné que certains se plaisent à décrire, aborde ici les relations entre l'universalité de la loi morale -l'éthique- et les légilslations civiles émanant de majorités parlementaires éphémères…
En apparence, le pape semble faire une incursion indue dans un domaine qui n'est pas le sien puisque l'Etat règle seul les affaires des citoyens, les églises n'étant autorisées qu'à formuler des avis consultatifs… Cette analyse s'avère à courte vue. Même un juriste aussi controversé que Carl Schmitt reconnaissait dans son ouvrage intitulé Politische Theologie que les lois politiques étaient, à l'origine, des thèmes théologiques sécularisés. En d'autres termes, que la religion ou la spiritualité en général, étaient la première éducatrice de l'humanité…
Mais, qu'on s'en félicite ou qu'on s'en lamente, la vie civile n'est pas régie par des lois d'éternité mais évolue suivant les mœurs et les circonstances. En théologie, cela s'appelle la vie dans l'instant, à ne pas confondre avec la vie dans l'éternité ou la vie éternelle…
Le pape a donc raison mais il a raison dans l'autre monde… C'est un peu triste.