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Vu de la place Victor-Hugo - Page 124

  • Andrée Viollis, Criquet, Gallimard (1934, 2021)

     

    Andrée Viollis, Criquet, Gallimard (1934, 2021)

    Andrée Viollis est le nom de plume d’une écrivaine-journaliste (1870-1950), aussi célèbre dans l’entre-deux-guerres qu’Albert Londres. Elle fut aussi très appréciée pour ses grands reportages autant que pour sa défense de la condition féminine. C’est d’ailleurs le sujet du présent roman que les éditions Gallimard ont décidé de rééditer. J’avoue avoir reçu le livre spontanément, sans l’avoir demandé, me méfiant naturellement ou presque de ce genre de militantisme féministe. Mais le livre se laisse lire, offre un dénouement acceptable, son autrice sachant ne pas dépasser la mesure, tout en se faisant l’adepte convaincue d’une certaine cause qui se résumerait ainsi : votre genre peut être différent de votre sexe. Et votre statut de femme ne doit pas un handicap. En gros, cette personne, devenue Criquet, naquit fille alors qu’elle a toujours rêvé d’être un garçon. Jadis, on jetait sur cette question le manteau de Noé en disant : mais c’est un vrai garçon manqué… C’était bien plus grave que cela puisqu’aujourd’hui (je viens de l’entendre sur France-Inter) il suffit, en Espagne, de faire une simple demande administrative pour changer de genre. En l’occurrence, si Criquet ressuscitait, elle n’endurerait pas le même calvaire qui fut le sien à l’époque.

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  • Cervantès, Cortazar Fuentes, Marias. Nouvelles en espagnol (Gallimard)

    Cervantès, Cortazar Fuentes, Marias. Nouvelles en espagnol (Gallimard)

    Ce fut une bonne idée éditoriale de réunir en un même volume et dans une édition bilingue ces quelques nouvelles rédigées par différents auteurs hispanophone, depuis l’époque médiévale jusqu’à nos jours. Elles nous introduisent dans des mondes oubliés avec des mœurs si différentes des nôtres actuellement.

    J’ai bien apprécié la première nouvelle écrite par Cervantès et publiée en 1613 sous le titre Le poids du sang. Je ne résiste pas à la tentation de la résumer à grands traits ici et à en décrypter le message profond d’un monde où la pression sociale, les interdits religieux, bref les pesanteurs sociologiques emprisonnaient l’individu (et surtout les femmes) dans un terrible carcan. Mais cette nouvelle a aussi un message en sous-texte : il existe une Providence qui confie à d’humaines mains le soin de remettre les choses à leur place, revient sur des injustices commises et jamais réparées et célèbre la foi, quoiqu’il arrive, en un ordre éthique universel. Enfin, l’amour rédempteur y joue un grand rôle. Ce dernier élément est la colonne vertébrale de la nouvelle.

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  • ean-Jacques Rousseau sur la religion. Anthologie présentée et commentée par Alfred Dufoiur (Le Cerf, 2021)

    Jean-Jacques Rousseau sur la religion. Anthologie présentée et commentée par Alfred Dufoiur (Le Cerf, 2021)

    Avec le présent volume, d’une érudition écrasante mais digeste pour le lecteur attentif ,nous tenons enfin une contribution de qualité, et peut-être même définitive concernant la foi de Jean-Jacques Rousseau, le célèbre Citoyen de Genève (1712-1778) dont les nombreux écrits bouleversèrent le mode de pensée de l’Europe et donc du monde civilisé.

    Je trouve cette anthologie particulièrement bien inspirée et bien réalisée, notamment par sa mise en exergue de passages, plus ou moins longs, plus ou moins univoques, qui résument la pensée théologique ou simplement religieuse de l’auteur. Je commence par citer la toute première : J’ai cru dans mon enfance par autorité, dans ma jeunesse par sentiment, dans mon âge mûr par raison, maintenant je crois parce que j’ai toujours cru/… J’étais croyant, j’ai toujours cru.

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