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Vu de la place Victor-Hugo - Page 214

  • Le pouvoir incontrôlé et incontrôlable de l’image…          De Jean D’Ormesson à François de Rugy et Ehoud Barak

     

     

    Le pouvoir incontrôlé et incontrôlable de l’image…

             De Jean D’Ormesson à François de Rugy et Ehoud Barak

    Je prendrai, pour commencer, trois exemples de nature très différente les uns des autres, pour illustrer mon propos. Trois exemples pour étayer un principe ravageur qui risque de nous détruire, de fausser nos jugements et de saper les fondements mêmes de l’équité : il s’agit du pouvoir grandissant de l’image, de la photographie, érigées comme preuves indiscutables, irréfragables. Ce n’est plus du journalisme d’investigation, ce n’est plus un contre-pouvoir mais un pouvoir en soi. Parfois, ce mode de fonctionnement contraint la justice à se saisir d’elle-même.

    Le premier exemple nous est livré par le regretté Jean d’Ormesson. Il avait, en fin observateur de son temps qu’il était,  découvert un glissement absolument imperceptible de nos mœurs et qui annonçait un changement total de nos sociétés : depuis un certain temps, disait-il, lorsque je prends part à des salons du livre on ne me demande plus de dédicace, mais bien des selfies… Curieuse évolution de l’image qui prend définitivement ( ?) le pas sur l’écrit. Une évolution riche en conséquences incalculables puisque notre civilisation, depuis la découverte de l’écriture à Sumer, était basée sur l’écriture, devenue une véritable mémoire de l’humanité. Certes, même les hommes préhistoriques peignaient parfois des scènes de leur vie quotidienne sur les parois des grottes où ils vivaient, mais c’est l’écriture, avec son sens intelligible qui a servi de véhicule au savoir et assuré sa transmission d’une génération à l’autre.

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  • Une faillite morale menace-t-elle l’Etat d’Israël ?

    Une faillite morale menace-t-elle l’Etat d’Israël ?

    Je commencerai par démentir quiconque verrait dans cette analyse une mise en cause de l’Etat d’Israël, de son existence pérenne, de sa sécurité et de sa prospérité. Bref, quiconque voudrait déformer le message premier de cette mise en garde, en vue d’éviter une catastrophe au plan éthique : trahir les idéaux sionistes fondateurs qui sont la traduction politique des valeurs juives intrinsèques et qui justifient, à elles seules, l’édification de cet état juif, rené de ses cendres, tel un phénix, au terme de deux millénaires d’un terrible exil.

    En réalité, c’est l’observation attentive et sans préjugé de la réalité israélienne, aux plans social et politique, notamment de ces derniers mois, qui incite à prendre la plume afin d’y voir plus clair. La situation intérieure de cet Etat a toujours été conditionnée par la situation à ses frontières, au motif qu’il est entouré d’implacables ennemis l’accusant d’occuper un territoire qui n’est pas le sien. Ceci est une situation des plus anormales et qui devient de plus en plus insupportable puisqu’elle perdure depuis la renaissance de cet Etat.

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  • La raison et la foi selon Jean-Marc Ferry (Agora, 2016)

     

     

    La raison et la foi selon Jean-Marc Ferry (Agora, 2016)

    Cet ouvrage, élégamment présenté et bien informé, mais qui aurait tant gagné si son auteur, professeur de philosophie à la retraite, avait évité un insupportable jargon, s’attaque à un imposant massif de la pensée, dans son double versant philosophique et religieux. Fides sive ratio, la foi c’est aussi la raison ! Cette affirmation, cette conviction profonde jalonne les écrits de tous ceux qui ont tenté, par leur enseignement et / ou leurs écrits, de rapprocher ces deux pôles de l’humanité croyante et pensante. On trouve cette tendance au rapprochement philosophico-religieux dans les trois monothéismes : le judaïsme (Maimonide et ses épigones), le christianisme (Thomas d’Aquin et Albert le grand) et l’islam (Ibn Tufayl, ibn Bajja et Averroès). C’est même la marque de fabrique de la pensée européenne qui doit son éclatante richesse, sa supériorité intellectuelle et ses prouesses techniques à cette tension polaire fécondante et fructueuse entre la spéculation et la Révélation. L’histoire de toute la philosophie médiévale est jalonnée par des tentatives de prouver que ces deux pôles de la pensée puisent à la même source… Au fond, c’est ce que proclamait l’Ecclésiaste (IIIe siècle avant notre ère), en dépit de son pessimisme foncier : Les paroles des Sages sont comme des aiguillons et les collections de sentences comme des clous bien plantés. Ils sont donnés par un seul berger… A elle seule, la fin de ce verset a servi de justification à ce rapprochement entre ces deux formes de pensée : l’intellect divin, cosmique, face à l’intellect humain avec toutes ses insuffisances. Mais je souligne SEUL, c’est le mot le plus important. Par rapport à l’intellect divin, l’intellect humain est un intellect ectype (Kant)

     

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