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Vu de la place Victor-Hugo - Page 350

  • Angela Merkel et les migrants : calcul assumé ou conduite inconsciente ?


     

    Angela Merkel et les migrants : calcul assumé ou conduite inconsciente ?

     

    L’attentat de Berlin commis par un Tunisien qui aurait dû être expulsé du pays depuis belle lurette, a profondément miné la position de la chancelière allemande qui caracolait pourtant en tête de tous les sondages. La fille de pasteur avait été réélue avec un bon score par son parti et envisageait de concourir pour un nouveau mandat, le quatrième. Mais mieux encore que tous ces bons chiffres, ce qui confortait le plus la position de l’ancienne protégée de Helmut Kohl, c’est l’absence de tout rival d’envergure, susceptible de constituer un recours, une alternative à la chancelière.

     

    Sa politique inconsidérée (unbesonnen) concernant les migrants risque de lui coûter très cher. Je ne reprends pas les critiques féroces de l’opposition qui crie au scandale, je ne m’arrête pas, non plus, sur les angoisses des citoyens allemands qui ont peur de cette insécurité nouvelle, en leur propre pays, je citerai seulement les critiques issues des propres rangs du parti de la chancelière… Un haut responsable a eu cette phrase terrible : ce n’est pas ainsi que nous allons assurer la sécurité de ce pays. A t il tort ? Non point.

     

    Avoir laissé rentrer en Allemagne des centaines de milliers de personnes sans contrôle aucun, avoir imaginé qu’on pouvait intégrer autant de gens d’une autre culture, des gens qui sont ce qu’ils sont, c’est-à-dire avec un tout autre Fühlen und Denken, c’était de l’inconscience. Au fond, quand quelqu’un reste trop longtemps au pouvoir, il se croit infaillible, un peu comme l’infaillibilité pontificale (Unfehlbarkeitsdogma). Les motifs qui ont guidé la décision de la chancelière sont double : d’une part, le désir sincère d’aider les êtres humains dans la détresse, surtout dans l’âme d’une protestante, fille de pasteur de surcroît, et dernier mais non moindre, le souci foncier d’aider, de soutenir par des béquilles la natalité dans le pays. Les projections sont claires : dans quelques années il manquera des millions de bras à l’industrie allemande. Et moins de travailleurs signifie, à terme, moins de revenus, moins d’état-providence, et c’est l’adieu au modèle social allemand. La chancelière a décidé seule. C’est son erreur qui risque de lui être fatale.

     

    Mais, de plus, en prenant des mesures unilatérales (voir son visite au Turc R.T. Erdogan) elle a mis en danger l’ensemble de l’Europe. Et l’équipée sauvage du terroriste islamiste le prouve : il a pu quitter Berlin sans être inquiété, arriver à Chambéry, prendre le train pour Turin, poursuivre jusqu’à Milan où fortuitement, grâce à la sagacité de deux policiers italiens, sa trajectoire s’est arrêtée pour toujours.

     

    En accueillant chez elle tous ces gens, la chancelière a feint d’oublier qu’elle leur ouvrait l’Europe entière. Cela fait penser à une anecdote aussi vieille que le monde : quelqu’un prend place dans une embarcation pour une traversée. Il y a avec lui d’autres passagers qui sont du voyage. Ce passager atypique a soudain envie de forer un trou sous son siège, mais uniquement sous lui-même, pense-t-il naïvement. Les autres passagers hurlent et lui disent de cesser car il met en danger l’ensemble du navire. Et lui répond : Mais c’est ma place, j’ai payé mon billet comme il se doit. Je fais ce qui me plaît… Mais voilà il met en péril tous les autres !

     

    Mais voilà la morale de l’histoire : il ne risque pas que sa seule vie, mais bien celle de tous les autres. Appliqué au cas qui nous concerne, cela signifie que les terroristes, basés en Allemagne, peuvent se déplacer à leur guise dans tout l’espace du continent européen. En soi, c’est acceptable, mais en l’espèce, c’est pour semer la mort et la désolation. Donc, cela devient inacceptable.

     

    En agissant comme elle l’a fait, la chancelière a elle-même compromis ses chances de succès aux élections de septembre. Ses concitoyens qui ne badinent pas avec la loi et l’ordre, le respect des droits d’autrui, n’avaliseront pas ses choix. Il n’est pas sûr que ses concitoyens lui apportent leurs suffrages.

     

    Donald Trump a déjà réagi et dans le sens que nous connaissons, c’est-à-dire pour dénoncer la politique de la chancelière. Vu le retournement total de la politique US à partir du 20 janvier, il n’est pas exclu que d’autres candidats de la CDU se déclarent contre leur candidate naturelle.

     

    Pour finir, il y a pire : toutes la presse, allemande mais aussi européenne dénonce les manquements de l’appareil sécuritaire allemand ; les grands journaux ont parlé de fiasco. C’est la première fois que l’efficacité allemande est prise en défaut. Certains se sont gaussés de la déclaration du ministre fédéral de l’intérieur ; après le neutralisation de l’assassin, il a dit avoir poussé un soupir de soulagement.

     

    Un ministre de l’intérieur ne devrait pas parler ainsi. Il a fait preuve d’un grand laxisme, il ne savait même pas que le terroriste avait quitté le sol allemand. Et quand on pense que c’est par hasard que les Italiens l’ont intercepté, on se demande à quoi tient la sécurité dans ce continent : Une main providentielle, en cette période de fêtes, a étendu sa protection sur nos pays.

     

    Mais pour combien de temps ?

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 26 décembre 2016

     

     

  • Obama a finalement mis sa menace à exécution...

     Barack Obama a finalement mis sa menace à exécution...

     

    Obama a probablement commis le geste de trop. Il a certainement sous estimé la capacité de nuisance de Netanyahou et des Juifs des USA en n'opposant pas son veto lors du vote du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant les actes d'Israël en Cisjordanie. Même le président Donald Trump ne cache plus son dissentiment .

    Mais pourquoi donc, à la veille de son départ, Obama a t il commis pareille action? Certains veulent déceler dans ce chant du cygne un dernier acte de vengeance. Il ne s'entendait pas très bien avec Netanyahou et il l'a fait savoir. Mais ce qui frappe le plus, c'est qu'il a poursuivi cet homme de sa haine et de sa vindicte. Il aurait pu partir tranquillement; alors que là il laisse derrière lui des faits accomplis que certains seraient tentés de lui faire payer très cher.

    Déjà le gouvernement israélien va tout faire pour réduire l'impact de cette résolution dont les Palestiniens vont se prévaloir pour citer l'Etat d'Israël devant des juridictions internationales. Pour Netanyahou cela sera pire: il redoute que cela fortifie les boycotts et le terrorisme.

    Que faut il en penser? On peut comprendre que l'ONU vote dans ce sens mais on ne comprend pas que les USA n'aient pas utilisé leur veto. Est ce la fin des relations privilégiées entre Israël et les USA? Non point, car le nouveau président assure que les choses vont changer, en d'autres termes que Obama ne sera plus qu'un souvenir désagréable dans le cadre des relations entre les deux pays.

    Certains avancent qu'Obama a voulu se ménager une petite auprès des états arabes, notamment les riches pétromonarchies du Golfe. En fait, il est encore relativement jeune et il lui faudra trouver de riches employeurs pour maintenir son niveau de vie.

    Au fond, je n'en sais rien. Mais je regrette vraiment que Obama ait pu commettre un tel acte quinuit gravement ux bonnes relations entre deux alliés stratégiques au Proche Orient.

  • Alep: la pax romana selon la variante russe...

     

    Alep: la pax romana selon la variante russe...

     

    A l’évidence, plus rien ne sera jamais comme avant. La culture occidentale, les valeurs judéo-chrétiennes de l’Occident, ont perdu toute valeur aux yeux de la population martyrisée d’une ville du Moyen Orient qui eut la faiblesse de croire que l’on volerait à son secours, sans tenir compte de la froide raison d’Etat. Je ne sous entends pas que l’Occident, l’ONU et toutes les organisations internationales ont une responsabilité directe dans cette affaire mais tout de même il existe dans nos législations l’obligation, plus que simplement morale, de se porter au secours d’une personne ou d’un peuple en danger de mort. Non-assistance à personne en danger, cela signifie quelque chose.

     

    Mais puisque les choses sont ce qu’elles sont, et que les déplorations, les lamentations ne servent pas à grand chose, il faut se livrer à une analyse froide et objective, sans être influencé par quelque émotivité que ce soit.

     

    La première leçon porte sur la nature du conflit. Au fond, ce sont les Russes qui en eurent la meilleure lecture, eux qui, contrairement à nous, ne distinguent pas entre un islamiste pur et dur et un islamiste modéré… Après tout, on s’en souvient, c’est une ancienne ministre soviétique de la culture qui avait produit l’immortelle perle suivante : une femme n’est pas UN PEU enceinte, elle est enceinte ou ne l’est pas.

     

    Au fond, c’est un peu ce principe qui a guidé l’action, plus que la réaction, de la Russie en Syrie : là où les Occidentaux clamaient que seul Bachar était coupable, qu’il n’était pas digne de jouir sur cette terre de la lumière du soleil (sic. Laurent Fabius qui nous avait pourtant à bien mieux), l’aviation russe a pris les mesures qu’elle jugeait bonnes pour faire place nette : tapis de bombes, destruction d’institutions protégées par les lois internationales, viols de trêves (mais les rebelles l’ont fait, eux aussi), bref, alors que le ministre des affaires étrangères faisait mine de négocier à Genève ou à Paris, les troupes sur place s’en prenaient aux rebelles et ont fini par en avoir raison.

     

    Rendez vous compte : le secrétaire d’Etat John Kerry en appelant à la compassion, lui, le ministre de la super puissance dont les forces armées sont présentes partout. Madame l’ambassadeur US à l’ONU en appelant à la honte que devrait susciter l’attitude des Russes et son homologue qui lui répond : Mais elle se prend pour mère Theresa !! Voilà où nous en sommes.

     

    Mais j’avoue que les Russes ont mieux analysé la situation, bien même que les ministres français et US des affaires étrangères ; pour eux, pas de rebelles fréquentables, les islamistes en tant que tels ne sont pas fiables. On ne peut pas nier que nul ne pouvait être assuré de faire confiance à la bonne personne. On se souvient des millions de dollars engloutis dans la formation de certaines troupes à la solde des USA et qui ont, la frontière franchie, aussi rejoint, avec armes et bagages,  les rebelles… Une telle déconvenue ne serait jamais arrivée aux Russes.

     

    Que va-t-il se produire aujourd’hui, ou plutôt demain ? Il y a fort à parier que Bachar ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Il se sent pousser des ailes  et il a la conviction désormais que l’Occident, USA en tête, est un tigre en papier. Depuis que les Russes et les Iraniens encadrent son armée, plus un officier supérieur n’a osé déserté ni rejoindre l’autre camp. Mais il y a eu pire :  Nul n’oubliera le faux bond de Barack Obama qui laisse Bachar utiliser impunément  des armes chimiques. François Hollande, lui, était prêt à y aller, les cibles gouvernementales étaient déjà désignées, mais pouvait-il y aller sans l’allié US ? Impossible ! Une comparaison : les Français avaient  in situ au maximum 36 aéronefs, les Américains disposent de 400 avions sur place et d’environ 1000 pilotes. Et le porte-avions était retourné à Toulon pour réparations…

     

    Avec de tels chiffres, tout est dit. Cela me rappelle le jugement sans appel de Michel Jobert au sujet de la France quand il dénonçait le condominium des Russes et des USA : nous pesons peu.

     

    Cela n’a pas changé depuis, mais Bachar va sûrement étoffer sa conquête. Il n’ a rien à craindre, personne ne bougera et Vladimir Poutine sait que son ami D. Trump lui dira qu’il a les mains libres.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 15 12 16