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Vu de la place Victor-Hugo - Page 472

  • Pour la réconciliation des peuples turc et arméinien

    Pour la réconciliation des peuples turc et arménien

    Les peuples sont rarement bien représentés, surtout lorsqu’il s’agit de situations difficiles, héritées de situations hautement conflictuelles. Les gouvernements, de droite comme de gauche, reflètent rarement les aspirations profondes de ceux qu’ils sont chargés de représenter.

    Je pense que ce cas de figure s’applique bien à la situation actuelle entre Turcs et Arméniens, cent ans après ce qu’il faut bien nommer un génocide, au sens d’assassinat d’un peuple, Völkermord.

    L’opinion publique actuelle en Turquie est évidemment manipulée par des forces conservatrices qui ont prospéré à l’ombre de la république des jeunes Turcs et qui considèrent qu’une nation n’est forte qu’après avoir réalisé son unification religieuse, un peu comme Isabelle la catholique qui céda aux fantasmes de l’ancienne Inquisition et bannit tous les Juifs des territoires de la couronne castillane. Ironie de l’Histoire, ces réfugiés bannis de la terre qui les avait vu naître, affluèrent en pays ottoman, pour la plus grande Bajazet qui sur en tirer profit. Le roi d’Espagne, aurait il dit en substance, m’a enrichi en s’appauvrissant.

    L’islam turc était alors éclairé, sûr de sa force et incarnant un certain libéralisme et une tolérance religieuse. Alors pourquoi cette rencontre ratée avec les Arméniens ? La réponse sembler couler de source : les Arméniens sont la branche la plus ancienne du christianisme dans la région, alors que les Juifs ne représentaient aucun danger pour la religion dominante : ils se cantonnaient à des activités économiques lucratives pour eux mêmes et pour le peuple hôte…

    On le voit aujourd’hui encore. Les autorités turques font les pires difficultés lorsqu’il s’agit simplement de rénover une église ou d’ouvrir une école chrétienne… Je ne dis même pas : d’édifier une nouvelle église ou tout autre forme de lieu de culte. Et ostracisme doit cesser.

    On a tous entendu parler de ces bons Turcs dont les racines sont arméniennes et qui, pour certains d’entre eux, veulent renouer avec leurs racines chrétiennes. Pour les intégristes, c’est impensable, inouï… Et pourtant, s’y opposer représente un viol de la conscience. Pour échapper à l’accusation de prosélytisme, ces Turcs aux racines arménienne doivent apporter la preuve qu’ils sont d’ascendance chrétienne.

    De telles exigences risquent de dissoudre l’entité nationale turque. On attend une grande Turquie qui ne sépare pas ses fils d’après leurs dénomination religieuse mais qui, au contraire, étend à tous la liberté religieuse et se cherche un autre ciment pour la cohésion nationale. Mais cela ne se fera pas avec le régime actuel qui assume une autre idéologie, et ne reconnaîtra jamais les massacres du peuple arménien.

    Il faut aussi dire hélas que le régime arménien actuel n’est pas vraiment un modèle de démocratie.

    Pour ce qui est de la Turquie, elle doit regarder son passé en face. L’écrasante majorité des états reconnaissent le génocide.

    Pour qu'il y ait une réconciliation, il faut que l'agresseur reconnaisse ses torts et ses crimes.

    Après vient le pardon.

  • En ce jour, Israël rend hommage à ceux qui sont morts pour la patrie. Yom Ha zikkaron

     

    Yom ha-Zikkaron en Israël : l’hommage rendu aux soldats tombés pour la patrie

    Israël est le pays du souvenir, le judaïsme est la religion de la mémoire. L’histoire de ce peuple n’est comparable à celle d’aucun autre peuple. Par moments, elle fait figure de martyrologie. On n’y peut rien, c’est l’histoire du peuple juif, depuis les origines. Je rappelle une fois encore cette phrase du grand spécialiste allemand de la Rome antique, Théodore Mommsen, qui disait ceci : Israël n’est pas apparu tout seul sur la scène de l’histoire mondiale. Il était accompagné d’un frère jumeau, l’antisémitisme ! Cela se passe de commentaire…

    Israël va dans moins d’une heure se recueillir pour rendre hommage aux victimes des différentes guerres qu’il dut mener et gagner contre d’implacables voisins, qui se sont juré de mettre fin à son existence. Dans moins d’une heure, les sirènes vont retentir dans tout le pays, tous les restaurants seront fermés, tous les magasins baisseront leurs rideaux de fer. L’activité cessera dans tout le pays, un pays qui n’oublie jamais ceux qui ont donné leur vie pour lui, pour qu’il vive, que le peuple d’Israël ne soit pas effacé de la surface du globe. Dans la Bible hébraïque déjà, on utilise cette expression hébraïque très littéraire : shé lo ikkahéd shem Israël mi-goy : pour que le nom d’Israël  ne soit pas rayé de la liste des nations..

    Comme pour la veille du yom ha_Shoah, les sirènes vont retentir et le pays va communier dans la bravoure et le recueillement avec l’âme des morts au combat. Tous les combats d’Israël. Les radios vont adapter leurs programmes aux circonstances et les télévisions diffuseront des images d’archives et des interviews des soldats rendant hommage à leurs officiers et compagnons d’armes tombés au champ d’honneur. Il y a trois jours, j’ai entendu à la radio une annonce destinée à d’anciens soldats qui ont servi dans une brigade commandée par un gradé mort au champ d’honneur. On leur demandait de se manifester pour organiser en commun une cérémonie du souvenir.

    Le peuple juif a une vocation naturelle qui le mène au recueillement, à la méditation et au culte des disparus. Cette journée qui s’annonce puisque les Juifs débutent toujours leurs commémorations la veille au soir va inciter les  citoyens juifs de ce pays à s’interroger sur leur avenir et sur le sens de leur vie. J’ai été, au début, un peu surpris, du caractère légal de ces fermetures de magasins et de restaurants, chose qui n’est pas applicable pour les fêtes religieuses. Dans ces deux cas, la Shoah et le Zikkaron, c’est normal.

    En temps normal, le calendrier liturgique nomme le Nouvel An, Rosh ha-Shana, le jour du souvenir, Yom ha-Zikkaron. Comment avoir repris ce terme si important pour cette commémoration ? C’est qu’au Nouvel An, l’Eternel est censé se souvenir de nous et de nous inscrire dans le livre des vivants. Or, voila qu’on nomme ce jour selon les morts.. La contradiction n’est qu’apparente : ceux qui sont morts pour la défense de la patrie vivront éternellement dans le cœur de ceux qui les ont aimés.

    Après tout, c’est la définition que donnait Ernest Renan de la résurrection : continuer de vivre éternellement dans le cœur de ceux qui les ont aimés.

    Et l’Etat d’Israël aime ses soldats. Il a passé un contrat moral avec ses citoyens, les parents de ces soldats : dans toute la mesure du possible, leur rendre leurs enfants après leur service militaire, en vie.

    Malheureusement, il y a des guerres et des morts.

    Le caractère paradoxal de l’histoire moderne d’Israël apparaît dans la proximité de ce recueillement et de l’allégresse qui va s’emparer du peuple tout entier demain vers 17 heures, car la fête de l’indépendance, yom ha-Amtsma’out, battra son plein.  Déjà tout le monde pavoise. Toutes les voitures ont accroché à leurs portières de petits drapeaux frappés de l’étoile de David qui flottent au vent. Ce peuple ne laisse jamais le deuil, la tristesse, l’abattement le gagner ou s’installer durablement.

    Le jour de la Shoah et aussi appelé jour de la bravoure. Et aujourd’hui le yom ha-Zikkaron est immédiatement suivi de la fête de l’indépendance : mi-yagon le simha u mé évél le yom tov : du deuil à l’allégresse, du deuil, à un jour de fête…

    En hébreu, on a trouvé un bel exemple qui symbolise ce changement du tout, grâce à une simple métathèse : mé-éfér la-péér : on passe des cendres à la gloire.

    Il faut prier pour que ce peuple qui a tant souffert puisse enfin goûter la douceur d’une paisible existence. J’aime bien cette chanson que tout le monde chante ici et dont j’extrais deux phrases :

    Mi shé maamin lo méfahéd et ha émouna le’abbéd… Am Israël, lo yewatter : Celui qui a la foi chevillée au corps ne craint pas de la perdre… Le peuple d’Israël jamais ne renoncera.

    Longue vie à Israël 

  • Les commentaires de l'intervention télévisée du président de la république française

     

    L’intervention du président François Hollande, vue par les commentateurs

    Je n’ai pas pu voir l’interview du président français car je n’ai pu avoir la chaîne Canal+ à l’étranger où je me trouve. Mais dès hier soir, j’ai voir la totalité des chaînes françaises avec les commentaires. C’est assez unanime : les journalistes trouvent que le président n’a pas convaincu son auditoire, que les gens qui votaient pour le PS lui ont tourné le dos, qu’ils l’accablent de reproches, etc…

    Mais ce qui m’a frappé, c’est la virulence des commentaires, et pas forcément provenant de journalistes opposés au gouvernement actuel. En gros, que disent ces commentateurs ? Ils disent que François Hollande est venu expliquer qu’il ne pouvait rien faire. Il constate, il indique, mais, ajoutent ils, il n’agit pas car sa marge de manœuvre est limitée pour ne pas dire, nulle.
    Est-ce de sa faute ? Non point. Il souligne que les choses vont de mal en pis depuis une bonne dizaine d’années. Et qu’il n’a pas pu redresser la barre, à ce jour. Alors, les commentateurs répliquent : mais pourquoi donc est il venu parler à la télévision puisqu’il n’avait rien à annoncer, sinon qu’il ne pouvait rien faire…

    C’est là toute la question. Le président de la république donne l’impression (avec tout le respect) d’attendre, d’espérer, de se dire que les choses finiront par s’arranger, que la croissance repartira de nouveau, que le chômage baissera, etc… Le problème, c’est personne n’y croit.

    Or, le président a bien dit qu’il ne se représenterait pas s’il ne parvenait pas à faire baisser ou à stabiliser le chômage… Et visiblement, le compte n’y est pas.

    Il existe aussi un autre sujet d’inquiétude pour le président, un sujet qui le touche personnellement : le vote des primaires au PS afin de désigner un candidat aux élections présidentielles. Il est évident, à l’heure actuelle, que ce sera très compliqué pour François Hollande. Va-t-on se déjà au PS où l’actuel Premier secrétaire a dit clairement qu’il y aurait des primaires ?

    C’est un imbroglio. La solution serait un gouvernement d’union nationale qui durerait une bonne année et qui se retirerait fin 2016..

    La sagesse finira t elle par l’emporter ? L’avenir nous le dira.