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Vu de la place Victor-Hugo - Page 476

  • L'affiche en faveur des Chrétiens d'OOrient: de la déchristianisation à la haine de soi

    L’affiche en faveur des Chrétiens d’Orient et la RATP: de la déchristianisamtion à la haine de soi...

    Cette affaire est absolument invraisemblable. Comment, dans un pays comme la France, fille aînée de l’Eglise (et c’est un philosophe juif qui le souligne) une entreprise de transport, empruntée chaque jour par des millions de parisiens et de touristes, a-t-elle pu commettre une telle bévue, même si elle s’est rattrapée depuis ? Est ce que le terme chrétien (encore une fois ; je n’en suis pas !) est il soudain devenu une injure, une obscénité ? Je n’ai jamais pris parti publiquement pour telle ou telle cause religieuse, mais en l’occurrence, il s’agit de minorités chrétiennes, menacées d’extinction, dont les ancêtres avaient accueilli chez eux l’islam naissant car, on l’oublie souvent, c’est dans ces contrées orientales que le christianisme est né, qu’il y a fait ses premiers pas et s’est investi avant d’aller à la conquête spirituelle du monde.

    Contrairement à ce que croient les gens, le christianisme est une religion orientale et Jésus n’avait pas des boucles blondes mais une chevelure noire et des traits sémitiques assez prononcés. Ce n’était ni un Bavarois ni un Suédois mais un Galiléen.

    Je ne sais pas qui a pris cette décision inepte et qui suscite aujourd’hui une énorme vague de protestations. Enfin, on s’achemine vers l’apaisement mais le signal que cette affaire envoie est  assez symptomatique, il révèle un malaise profond, une sorte de honte d’être ce qu’on est.

    Sont-ce des mythes, ces massacres quasi-quotidiens des minorités chrétiennes en Syrie, en Irak et tout récemment en Libye ? Et n’oublions pas le Kenya où les shebabs somaliens demandaient d’abord à leurs victimes de réciter des prières musulmanes, et si elles en étaient incapables, elles étaient exécutées immédiatement… Ce sont ces victimes innocentes que les prêtres voulaient soutenir en appelant un chat un chat. Ce sont des chrétiens, menacés de disparition, parce qu’ils sont ce qu’ils sont. Curieux ! Je croyais que nos grandes sociétés nationales étaient dirigées par des gens intelligents et voilà qu’ils commettent des bourdes monumentales. Il est vrai qu’un détail, révélé récemment, m’avait intrigué, pour ne pas dire choqué : lorsque ces malheureux coptes avaient été égorgés par les islamistes de l’Etat Islamique, les plus hautes autorités de l’Etat avaient publié un communiqué parlant d’Égyptiens et non de chrétiens ! Or, ces pauvres hommes sont morts en raison de leur appartenance confessionnelle, car leurs collègues d’infortune, mais plus chanceux car musulmans, furent épargnés.

    La France  aurait-elle honte de son histoire intellectuelle et religieuse ? Comment a t on pu interpréter la laïcité dans un sens aussi restrictif, pour ne pas dire dévoyé ? En me relisant, je m’étonne moi-même de ce que j’écris : soutenir à ce point le christianisme, publiquement, je n’ai jamais eu l’occasion de le faire, même si je ne fais pas partie de cette dénomination religieuse dont les racines sont intimement mêlées aux miennes. Mais voilà mon éducation éthico-religieuse m’a appris à ne pas faire de distinction entre les hommes, porteurs des traits de leur humanité sur leur visage. Un passage talmudique nous exhorte à se conduire en homme là où les hommes sont absents (bi-mekom shé eyn ish héyé lé-ish)… En clair, on ne doit pas détourner le regard lorsque des être humains sont menacés, il faut les aider.

    Il faut prendre parti pour des minorités religieuses menacées d’extermination. Alors comment expliquer que tous n’en sont pas intimement convaincus dans ce beau pays ? Nous sommes vraisemblablement en présence d’un processus d’effilochage de la culture chrétienne, une véritable déchristianisation, révélatrice d’une haine de soi largement avancée et répandue… Comment peut-on refuser d’afficher le mot chrétien ou oser proposer, en lieu et place, le mot œuvre (certes, accolé à un nom d’institution, mais que personne ne connaît) ?

    Si j’étais méchant, ce que je ne suis pas, je ferai allusion aux reproches articulés contre cette grande entreprise de transports parisiens, et qui remontent à sa conduite lors de la seconde guerre mondiale… Mais heureusement, les choses se sont calmées et ont abouti à un règlement entre les parties.

    La France est un pays chrétien, ou plus exactement judéo-chrétien. Le christianisme est une religion-culture qui a, certes commis des fautes et des erreurs graves (je suis bien placé pour le savoir, tant l’histoire juive est plus une martyrologie qu’une histoire proprement dite…) mais tout de même, les bienfaits du christianisme dépassent et de très loin, ses manquements et ses méfaits.

    Je ne prends pas Alain Finkielkraut pour un éminent penseur mais je dois rendre hommage à l’expression «d’identité malheureuse» ; mais pourquoi donc une partie de nos élites est elle si mal à l’aise avec les fondements de notre culture ? L’Histoire, disait Hegel, est tragique, et les années de bonheur de l’humanité sont les pages blanche de l’Histoire… Mais toutes les nations ont commis des fautes, chacune s’est cru investie d’une mission quasi divine et appelée à réaliser les projets les plus incroyablement audacieux.

    Il faut combattre la haine de soi, ce concept qu’un Juif allemand, Théodore Lessing (1872-1933), première victime du national-socialisme, tué par les sbires de la Gestapo à Marienbad.

    La France ne doit pas chercher à cacher ses origines chrétiennes, ce sont elles qui l’ont aidé à devenir ce qu’elle est. D’un autre côté, la hiérarchie de cette église française devrait cesser de croire qu’elle a l’éternité devant elle et agir. C’est bien de s’en remettre à Dieu, mais ce vieux Monsieur a parfois besoin qu’on l’aide, voire qu’on le secoue.

    Dieu, nous dit le sage talmudique Rav Hounna, est toujours avec ceux qui souffrent. Il ne fait pas de différence.

  • Iran / USA: l'accord se fissure

    Iran / USA: l’accord se fissure…

    On ne se réjouira pas de la vérification de nos hypothèses par les faits. Mais il faut bien se rendre à l’évidence ; Américains et Iraniens ont déjà de l’accord des interprétations non plus divergentes mais contradictoires. On disait ici même que le but majeur et ultime des Mollahs est la levée, la suppression totale et immédiate des sanctions. Alors que les USA optent pour une suspension partielle et progressive des sanctions qui seront rétablies et même renforcées (par le Congrès), en cas de rupture iranienne, ce qui ne manquera pas de se produire car la direction iranienne est pluri Céphale et largement divisée : on ne voit pas les pasdaran, les gardiens de la révolution et les bassidji jeter aux orties leurs objectifs majeurs : la révolution islamique qui les maintient au pouvoir et la haine d’Israël qui leur sert de mobilisation de leurs partisans. S’ils s’en écartaient, ils seraient aussitôt écartés du pouvoir. Donc, on est dans une impasse.

    On avait déjà attiré l’attention sur une phrase de Hassan Rouhani parlant de l’ouverture de son pays sur le monde, on en retiendra une seconde, prononcée hier, encore plus sibylline que la précédente : l’accord tiendra si les deux parties respectent leurs engagements. En fait, cette mise en garde s’adresse surtout à ses opposants iraniens qui considèrent que l’actuel président de la république islamique est un modéré qui ne représente pas vraiment les intérêts vitaux de leur pays, tels qu’ils les conçoivent. On a déjà entendu l’affirmation du général des supplétifs bassidji selon laquelle tout peut être négociable, excepté la volonté de détruire Israël. Si ce n’est pas une tentative de torpiller les négociations, et donc les vœux de Rouhani, qu’est ce donc, au juste ?

    Le ministre français des affaires étrangères a fait preuve d’une grande lucidité en disant qu’il saluait l’accord mais qu’il restait encore beaucoup à faire. Bref, en termes diplomatiques, qu’il avait beaucoup de réserves concernant la volonté sérieuse des Mollahs de respecter l’accord.

    En fait, les choses sont faciles à comprendre : toute une décennie de sanctions ont mis l’économie de ce pays à genoux. Quand les gens rentrent chez eux, il leur faut trouver de quoi boire et manger. ET pas de l’idéologie. Or, le renchérissement des denrées alimentaires de base rendent la vie quotidienne de plus en plus difficile. Rouhani et ses partisans ont compris que l’Iran n’était plus à l’abri d’une explosion populaire. Il fallait donc faire preuve de pragmatisme et gagner du temps.

    Que nous réserve n’avenir ? Il y aura à Téhéran une véritable épreuve de force entre partisans et adversaires de Rouhani ou du guide suprême de la révolution, lequel a dû répéter lors de la grande prière du vendredi qu’il ne négociait avec les USA que pour le nucléaire et sur rien d’autre. Entendez ceci : il n’y a pas de rapprochement avec les USA…

    Même en cette période Pâques on il est question de libération de l’esclavage d’Egypte, d’une part, de Résurrection, de l’autre, les choses n’ont pas l’air de s’arranger. Et l’on se demande vraiment s’il ne faudrait pas une robuste manifestation de la Grâce dans ce pauvre monde pour que les choses changent enfin…

  • Iran / Irak: les dessous d'un accord

    Iran / Etats Unis: les dessous d’un accord

    De multiples indices montrent aujourd’hui, que les pourparlers de Lausanne n’étaient qu’un paravent destiné à enfumer l’opinion publique internationale et les alliés des USA, que tout était réglé d’avance secrètement à Oman et ailleurs, et que John Kerry prétendait simplement prolonger sa présence en Suisse pour achever de mystifier les observateurs. Il savait pertinemment que l’accord était déjà paraphé

    Le premier indice qui pointe dans cette direction est l’étonnante modération du président Rouhani, qui est, certes, un théologien, un intellectuel persan rompu à la finesse exégétique et un spécialiste de la rhétorique, même parfois trompeuse, comme il s’en était vanté publiquement il y a plus d’une décennie quand il faisait partie de l’équipe des négociateurs iraniens. Il a donc joué son rôle de bon élève tandis que M. Obama jouait le sien, celui du méchant qui met en garde, menace de futures sanctions en cas d’infidélité à l’accord, etc…

    Hassan Rouhani a hâte de tourner cette page, il l’a dit et répété avec insistance. Certes, la dureté des sanctions économique a étranglé l ‘Iran et mis à terre son économie, plongeant une bonne partie de la population dans des difficultés quasi quotidiennes sans nom. Il faisait allusion à la politique désastreuse de son prédécesseur, mis au placard et dont le jusqu’auboutisme n’a vraiment pas rendu service à son pays. Au mépris de l’évidence, cet homme clamait urbi et orbi que l’Iran n’était nullement gêné par les sanctions alors que la monnaie nationale avait perdu plus de 30% de sa valeur…

    L’autre indice d’un accord secret est l’insistance avec laquelle Washington disait tenir à un accord et à y croire. Si rien n’avait été fait à l’écart de medias et de la presse, comment pouvait on préjuger de l’imminence d’un tel accord ? C’est qu’il avait été obtenu par avance.

    Redoutables négociateurs, les Iraniens sont su exploiter les changements internationaux intervenus dans la zone et qui font de lui, que cela plaise ou non, un allié objectif des USA. Les deux pays combattent les mêmes ennemis en Syrie et en Irak, deux pays satellites dont l’Iran a réussi à faire des protectorats. L’aviation US bombarde des positions de Daesh que les forces terrestres iraniennes investissent par la suite.

    Mais voilà, Téhéran combat les sunnites au Yémen, alors que ces mêmes sunnites sont les alliés des USA qui les soutiennent au plan logistique ! On réalise donc que Téhéran  a toujours plusieurs fers au feu et que la direction iranienne doit compter avec une forte opposition intérieure, regroupée autour du Guide suprême… Les Américains ne vont donc pas tarder à réaliser qu’ils ont conclu un marché de dupes et ont été bernés.

    On ne peut pas tirer ensemble dans la même direction en Syrie et en Irak et se tirer dessus au Yémen. La confiance faite aux Iraniens bute sur ses limites et ses contradictions.

    On ne cessera pas de le répéter : oui, la jeunesse iranienne est bien formée, oui les femmes y ont plus qu’ailleurs des grades universitaires, oui le pays a d’immenses réserves, tout ceci est bien. Mais il y a tout le reste : le régime foncièrement anti-démocratique et anti-républicain, la haine d’Israël et de l’Amérique (ce que Obama fait semblant de ne pas voir, à la fin de la prière de chaque vendredi, où des milliers de gens crient : Mort à l’Amérique !), et les crimes de ce régime qui bafoue ouvertement les libertés.

    En fait, cet accord-mirage ne vise qu’une chose : la levée des sanctions qui, elles, menacent vraiment la survie du régime des Mollahs lequel ne peut tenir qu’en ayant des ennemis contre lesquels il mobilise sa population. Car, qu’avait il à vouloir se doter de l’arme nucléaire ? Tout ce qu’il a réussi à faire, c’est liguer tout le reste du monde contre lui. Et il y a englouti des milliards de dollars qu’il aurait pu dépenser ailleurs.

    Il existe aussi un aspect qui fait des industriels du monde entier des alliés objectifs de l’Iran : c’est l’économie, la volonté d’avoir sa part du gâteau. Cela me fait penser à une phrase très cynique de Lénine, un expert en la matière : vous verrez, les capitalistes finiront par nous vendre même la corde pour les pendre.

    Certes, Hassan Rouhani sait manier la rhétorique en disant que l’Iran n’est pas coincé dans un système binaire entre la soumission et l’affrontement. Il existe, ajoute-t-il, un troisième terme, celui de la paix et de la coopération.

    Mais si tel vraiment le cas, pourquoi continuer à entretenir un rhétorique belliqueuse qui nuit si gravement au développement de son propre pays ?