L’insupportable tragédie des chrétiens d’Orient
On a vu sur les chaînes de télévisions étrangères une jeune femme en pleurs, une adepte de la religion des Yazidis, implorant pour sa communauté aide et assistance contre les équipées meurtrières des islamistes qui mettent de plus en plus le territoire irakien sous coupe réglée. Je n’oublierai jamais le visage ni les larmes de cette jeune femme qui hurlait en arabe à l’intention des grandes puissances et de l’opinion publique internationale : sauvez nous, sauvez nous, je parle au nom de tous les miens, nous sommes en grand danger !
Il semble ce matin que durant la nuit, cet appel au secours ait été entendu : les USA ont lancé des attaques aériennes pour briser l’élan dévastateur des islamistes, et aussi parachuté dans le refuge montagneux des fugitifs des vivres et du matériel médical. Quant à la France, tout donne à penser qu’elle ne restera pas les brase croisés.
Sommes nous dans une guerre où des civilisations s’affrontent ? Il faut veiller à ne pas mettre tout le monde dans le même sac. Ce serait faire preuve d’un manque criant de discernement. Les forces de l’Etat islamique, dont on se demande comment elles ont pu se constituer et disposer de tant de matériels et d’armement, ne sont pas tout l’islam qui est une religion, en principe, comme toutes autres, mais dont certaines branches traversent une période de maladie infantile. Pourquoi vouloir par la force imposer une sorte d’unification religieuse sur un même territoire ? Après tout, c’est dans cette région de l’ancienne Mésopotamie, du Proche Orient en général, qu’est né le christianisme et c’est là qu’il a fait ses premiers pas. C’est si vrai que nombre d’expressions évangéliques, issues de cette antique histoire religieuse sont entrées dans notre langue : certes, on dit «aller à Canossa» pour signifier l’attitude de quelqu’un qui vient à résipiscence mais on dit surtout «prendre le chemin de Damas», allusion à Saint Paul qui a une vision, où il entend une voix lui dire : Paul, pourquoi me persécutes tu ? L’apôtre change alors son fusil d’épaule, si j’ose dire..
Les enseignements qu’on peut tirer des troubles graves se déroulant dans ce lointain pays qu’et l’Irak, pour nous Européens, c’est que les conséquences se font sentir jusqu’ici : il faut recueillir quelques réfugiés, s’engager peut-être même militairement et prendre part à ce conflit. Ce qui signifie s’exposer à des représailles éventuelles.…
Mais je reviens sur la singularité de ce paysage : la plupart des régimes arabes modérés ont fini par comprendre quel était leur intérêt réel. A terme, des pays comme l’Arabie Saoudite, l’Egypte, la Jordanie et quelques autres sont menacés. Et ils s’organisent, sans trop le dire, pour neutraliser cette menace pesant sur leur existence.
On a déjà évoqué ici même les étonnantes réactions que cette situation a suscitées : tous ces pays deviennent des alliés objectifs d’Israël car ils contemplent l’aspect destructeur et dissolvant de cet extrémisme religieux. Le fanatisme ignore la notion même d’un agenda politique, ce qui compte c’est la lutte armée, la destruction et la mort.
Mais il convient de ne pas oublier ces pauvres chrétiens d’Orient, la branche la plus ancienne de cette religion dont certains parlent encore la langue de Jésus, l’araméen.
Le monde ne devrait pas, par lâcheté, les sacrifier. Cela ne ferait que repousser le problème à plus tard au lieu de le régler.