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Vu de la place Victor-Hugo - Page 553

  • L'insupportable tragédie des chrétiens d'Orient

    L’insupportable tragédie des chrétiens d’Orient

    On a vu sur les chaînes de télévisions étrangères une jeune femme en pleurs, une adepte de la religion des Yazidis, implorant pour sa communauté aide et assistance contre les équipées meurtrières des islamistes qui mettent de plus en plus le territoire irakien sous coupe réglée. Je n’oublierai jamais le visage ni les larmes de cette jeune femme qui hurlait en arabe à l’intention des grandes puissances et de l’opinion publique internationale : sauvez nous, sauvez nous, je parle au nom de tous les miens, nous sommes en grand danger !

    Il semble ce matin que durant la nuit, cet appel au secours ait été entendu : les USA ont lancé des attaques aériennes pour briser l’élan dévastateur des islamistes, et aussi parachuté dans le refuge montagneux des fugitifs des vivres et du matériel médical. Quant à la France, tout donne à penser qu’elle ne restera pas les brase croisés.

    Sommes nous dans une guerre où des civilisations s’affrontent ? Il faut veiller à ne pas mettre tout le monde dans le même sac. Ce serait faire preuve d’un manque criant de discernement. Les forces de l’Etat islamique, dont on se demande comment elles ont pu se constituer et disposer de tant de matériels et d’armement, ne sont pas tout l’islam qui est une religion, en principe, comme toutes autres, mais dont certaines branches traversent une période de maladie infantile. Pourquoi vouloir par la force imposer une sorte d’unification religieuse sur un même territoire ? Après tout, c’est dans cette région de l’ancienne Mésopotamie, du Proche Orient en général, qu’est né le christianisme et c’est là qu’il a fait ses premiers pas. C’est si vrai que nombre d’expressions évangéliques, issues de cette antique histoire religieuse sont entrées dans notre langue : certes, on dit «aller à Canossa» pour signifier l’attitude de quelqu’un qui vient à résipiscence mais on dit surtout «prendre le chemin de Damas», allusion à Saint Paul qui a une vision, où il entend une voix lui dire : Paul, pourquoi me persécutes tu ? L’apôtre change alors son fusil d’épaule, si j’ose dire..

    Les enseignements qu’on peut tirer des troubles graves se déroulant dans ce lointain pays qu’et l’Irak, pour nous Européens, c’est que les conséquences se font sentir jusqu’ici : il faut recueillir quelques réfugiés, s’engager peut-être même militairement et prendre part à ce conflit. Ce qui signifie s’exposer à des représailles éventuelles.…

    Mais je reviens sur la singularité de ce paysage : la plupart des régimes arabes modérés ont fini par comprendre quel était leur intérêt réel. A terme, des pays comme l’Arabie Saoudite, l’Egypte, la Jordanie et quelques autres sont menacés. Et ils s’organisent, sans trop le dire, pour neutraliser cette menace pesant sur leur existence.

    On a déjà évoqué ici même les étonnantes réactions que cette situation a suscitées : tous ces pays deviennent des alliés objectifs d’Israël car ils contemplent l’aspect destructeur et dissolvant de cet extrémisme religieux. Le fanatisme ignore la notion même d’un agenda politique, ce qui compte c’est la lutte armée, la destruction et la mort.

    Mais il convient de ne pas oublier ces pauvres chrétiens d’Orient, la branche la plus ancienne de cette religion dont certains parlent encore la langue de Jésus, l’araméen.

    Le monde ne devrait pas, par lâcheté, les sacrifier. Cela ne ferait que repousser le problème à plus tard au lieu de le régler.

  • Les désorientés d'Amin Maalouf

     Les désorientés d’Amin Maalouf

                                       C’est lui (Nidal, islamiste dont le frère fut tué sur une barricade au Liban) qui   est au diapason de son temps, et c’est moi qui suis d’une autre époque  (p 372 de l’édition en livre de poche)

                               Voyage dans le temps, à dire vrai,  bien plus que dans l’espace. En apparence, je suis venu renouer avec le pays de ma jeunesse, mais je ne regarde même pas le pays, j’y cherche seulement les traces de ma jeunesse je demeure insensible aux choses et aux personnes que je n’ai pas connues dans ma vie antérieure.. (p 378)

                           Quelle est donc la vraie raison de mon retour vers ce pays bien-aimé dont je redoute d’écrire le nom, comme Tania redoute de prononcer le nom de l’homme dont elle est maintenant la veuve ?  (p 412)

    Je le dis d’emblée : j’ai beaucoup aimé ce livre alors que je lis très peu de romans. Et je ne  regrette pas d’avoir consacré tant d’heures à une lecture que je qualifierais de talmudique, c’est-à-dire détaillée, et un crayon à la main. Certes, ce n’est pas ainsi que se lit un roman, mais ce livre est bien plus qu’un roman. C’est l’épanchement du cœur de son auteur, orphelin de son pays, même si, imitant quelque peu, mais avec talent, le grand Stefan Zweig, il superpose ou juxtapose deux personnages, le narrateur et Adam, dont les développements sont imprimés en italiques… Comme dans les nouvelles de Zweig, il y a une histoire dans l’histoire.

    Comme on peut le voir à partir de l’un des passages cité en exergue, le mot Liban n’est pratiquement jamais cité, c’est le mot Levant qui connaît de multiples occurrences et qui lui ressemble comme un frère jumeau : cinq lettres dans chacun des deux, même si Levant en a une  de plus, le T final, mais qui est une lettre quiescente, elle s’écrit mais ne se prononce pas. Quand j’ai considéré le nom du principal personnage, Adam, je me suis demandé, sans faire appel à la numérologie kabbalistique, s’il ne s’agissait pas, en fait, d’un travestissement des initiales de l’auteur, au début et à la fin de ce prénom, situé aux origines bibliques de l’humanité A(min) M(aalouf)…Un peu, comme si l’auteur voulait remonter aux temps anciens, lorsque son monde existait encore et que la vie y suivait un cours normal, devenu celui d’hier (l’expression figure dans le livre) bien avant que tout ne fût emporté par une implacable guerre civile. La réponse est peut-être fournie par l’auteur lui-même quand vers la fin, il se livre à des considérations désabusées sur son prénom : de l’humanité naissante à l’humanité finissante, en voie d’extinction (p 484)… Le ton est en quelque sorte donné, du début à la fin.

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  • Israël et les médias du monde

    Israël et les médias du monde

    Tout juste sorti (provisoirement ?) du champ de bataille et pansant ses blessures, l’Etat d’Israël ne connaît pas de répit, il se voit confronté à une opération d’une tout autre nature, aux dimensions internationales, portée dans tous les foyers du monde, dotés d’une radio ou d’une télévision, l’opinion publique internationale.

    Ce sujet n’est pas nouveau et on peut même dire qu’il se renouvelle depuis l’éclatante victoire de Tsahal de 1967. Là, le jeune Etat avait déconcerté tout le monde, oui, le monde entier. Il avait défait et de manière incontestable les armées de tout le monde arabe ; il avait mis en fuite des centaines de milliers de soldats, occupé de larges portions de territoire et se retrouvait même à 101km du Caire… Ce fut l’apothéose. Mais cela n’allait pas durer.

    Dès l’instant où Israël ruinait les stéréotypes du monde chrétien où le juif était persécuté, livré pieds et poings liés à l’arbitraire de ses cruels persécuteurs et tourmenteurs, toutes ces représentations, héritées du Moyen Age et aussi du milieu du XXe siècle, disparurent pour donner naissance à des conceptions aux antipodes des précédentes. Dans l’imagerie chrétienne du combat symbolique de David contre Goliath, les rôles s’inversèrent : David devenait le méchant et ce sont les Palestiniens qui revêtaient les atours  des persécutés. Et fait incroyable, les Israéliens symbolisaient la violence aveugle et jouaient le rôle fâcheux de l’agresseur. Et pour quelle raison ? Parce qu’ils étaient les vainqueurs !  Il ne pouvait pas en être autrement. Le monde se met du côté des juifs lorsqu’ils sont dans la détresse. Vainqueurs de leurs ennemis, ils ne méritent que sarcasmes et condamnations. Et nous ne sombrons pas dans je ne sais quelle victimologie. Mais malheureusement, un tel discours, si convainquant et si clair soit-il ne passe pas. Il suffit de voir les tribunes acceptées par les grands quotidiens européens : ils ne publient que les textes qui se contentent du service minimum quant au soutien apporté à Israël

    Ce raisonnement occidental, biaisé dès ses fondements, colporté et renforcé par les médias internationaux n’en est pas un, c’est une projection d’images qui heurtent notre sensibilité.

    Un exemple : imaginons une image complaisamment diffusée ad nauseam par les télévisions du monde entier, montrant une femme en train de poignarder à mort un homme… Limité à cette seule scène, l’acte de cette femme est abject et suscite l’indignation générale. Mais si l’on remontait un peu dans le temps et que l’on montrait les images précédentes où l’homme en question est un violeur et la femme se défendant contre une agression, le problème n’est plus le même : la femme qui tue son agresseur n’est plus considérée de la même façon. Voilà, pour parler comme la Bible, le machal et son nimchal, voilà l’allégorie et son interprétation allégorique.

    La saine raison ne peut rien contre l’émotivité, la guerre des images règne sans partage. Et d’ailleurs, qui resterait de marbre devant des gens endeuillés, criant leur douleurs à la face du monde ?

    Nous avons donc affaire à un image du juif qui a radicalement changé. Les Israéliens ne cherchent plus, comme les juifs du monde entier avant sa renaissance, à susciter la pitié ou la commisération du monde entier. Ses soldats sont vaillants et se battent avec leurs armes chaque fois que leur paix ou leur survie est menacée. Et cela a du mal à passer, à être acceptée par les médias du monde entier.

    Très symptomatiques de cet état d’esprit sont les discours tenus hier par Barack Obama et par le secrétaire général de l’ONU : au lieu d’instruire le procès des crimes de guerre commis par le Hamas dont on a tant parlé, ils dirigent leurs accusations contre l’Etat d’Israël. Et comme on l’expliquait plus haut, ils jugent insupportables les images de destruction de Gaza. Ce que je peux comprendre, bien que ce ne soit qu’une partie de la photographie. Mais rien n’est dit sur cette pluie de missiles ayant même provoqué la fermeture de l’aéroport Ben Gourion. Ni sur ces milliers d’habitants du sud d’Israël, confinés, des semaines durant , dans des abris.

    C’est triste. J’espère vraiment que les pourparlers du Caire déboucheront sur une paix durable et le retour de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne. Après tout, le statut juridique de cette bande côtière n’est pas clair. Et rien ne permet au Hamas d’y régner, mis à part la violence armée. Au lieu d’accuser Israël, l’ONU devriat se pencher sur ce problème juridique international.

     Je conclurai par deux citations bibliques, l’une tirée de la littérature prophétique et l’autre des Psaumes.

    Ha-émét néédérét, la justice (la vérité, l’équité) est absente.  Et tsara hi le-ya’akov u-mimménah ywwash’a : c’est un temps très difficile pour Jacob mais il en sera délivré.