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Vu de la place Victor-Hugo - Page 549

  • Il y a cent ans, l'Allemagne de Guillaume II déclarait la guerre à la France...

    Il y a cen ans, jour pour jour, l’Allemagne impériale déclarait la guerre à la France

    Oui, on a peine à y croire, tant de choses ont changé dans cette Europe qui perdit le nord et s’infligea à elle-même de multiples plaies, les unes plus sanglantes que les autres. Deux grandes guerres, à moins de trente ans d’intervalles, et encore des millions de morts et de blessés et évidemment le plus grand génocide dans l’histoire de l’humanité, la Shoah. Et ceci est d’autant plus incroyable que tout ceci aurait pu être évité, comme nous le démontrait un colloque à l’ambassade d’Allemagne à Paris, sur la faillite de la diplomatie. Lors de la discussion avec les intervenants, les deux ministres des affaires étrangères des deux pays, France et Allemagne, un orateur souligna que les germes de la seconde guerre étaient présents dans la première, notamment dans le traité de Versailles qui nourrira la haine et le ressentiment dans le pays voisin. Avec la venue d’Hitler et la ruine du continent.

    L’Europe jouit d’une paix totale depuis soixante-dix ans, c’est peu et c’est beaucoup car le reste du monde est pour ainsi dire, à feu et à sang, surtout au Proche Orient où les esprits semblent embarqués pour une guerre d’au moins cent ans. Voyez ce qui se passe en Syrie, en Libye, au Liban, à Gaza, sans même parler de l’Afrique noire où les guerres ne le cèdent même plus à des épidémies encore plus meurtrières.

    Quand on constate l’étendue de l’entente entre les deux ennemis d’hier, l’Allemagne et la France, on tente d’expliquer pour quelles raisons la même paix ne règne pas ailleurs entre des ennemis d’hier et d’aujourd’hui. En dépit des différences de sensibilité et de culture, ces deux pays participent d’un même système de valeurs et se rattachent à un même berceau culturel, la Grèce antique, et à un même credo religieux, le christianisme et le judéo-christianisme. Contrairement à ce certains pourraient penser, cela suffit à créer des liens. Voir la vie de la même manière, même si l’on a suivi des cursus différents, peut favoriser les rapprochements.

    Certes, de ce côté ci du Rhin, vous ne trouverez jamais un Bismarck français dont l’adage sera affiché dans toutes les classes de toutes les écoles, du genre : l’homme n’est pas sur terre pour être heureux, mais pour accomplir son devoir… Un slogan comme celui-ci est l’exergue d’une nation soldatique, ce que la France n’a jamais voulu être, même si parfois, grâce à France Info, j’entends des chants mobilisateurs dont je ne pouvais pas soupçonner l’anti germanisme… Autres temps, autres mœurs.

    J’ai déjà eu l’occasion de parler longuement ici même de la correspondance de deux grands intellectuels, l’un autrichien, l’autre français, Stefan Zweig et Romain Rolland. Ce dernier, réfugié à Genève où il travaillait en tant que bénévole pour le comité international de la Croix Rouge, fait part à son ami de l’horreur que lui inspire une telle guerre.

    J’ai écouté tout à l’heure sur I-Télé un reportage faisant intervenir de très jeunes étudiants français et allemands qui doivent mesurer l’étendue de l’horreur et s’engager en faveur de la paix partout dans le monde et pas uniquement en Europe.

    Tout s’exporte, et très vite, et notamment la haine de l’autre.

  • Titre de la noteMême en temps de guerre, même en période de forte tension, l’attachement déraisonnable des juifs tunisiens à leur ancienne patrie…

    Même en temps de guerre, même en période de forte tension, l’attachement déraisonnable des juifs tunisiens à leur ancienne patrie……

    Entre deux communiqués de guerre sur J24News, je viens de voir un reportage de Stéphane Calvo sur les visites récentes de touristes israéliens à Djerba et à la Ghriba, réputés être des sites juifs parmi les plus anciens du monde. Le reportage est, comme d’habitude, bien fait, les commentaires pertinents et mesurés, mais l’effet produit sur moi l’est nettement moins.

    Résumons la situation pour être le plus objectif possible : du temps du président Ben Ali, les choses étaient plus simples entre Israël et la Tunisie car l’ancien potentat alliait une rigueur de façade à un grand pragmatisme qui lui permettait de ménager l’allié américain et de faire de son petit pays un havre ensoleillé pour les touristes d’Europe. L’arrivée du soi disant printemps arabe a changé la donne en portant au pouvoir des islamistes qui ont fini par se faire renvoyer dans leurs foyers par le peuple tunisien. Un exemple du fanatisme de ces gens : ils voulaient inscrire au troisième ou quatrième alinéa de leur constitution l’exclusion de toute normalisation avec Israël qui entretenait pourtant  avec leur pays des relations discrètes mais bien réelles, notamment au plan touristique.

    Cette année, en dépit des événements (non pas présents mais anciens) une agence de voyage israélienne a tout de même organisé ce pèlerinage sur ces sites juifs réputés fort anciens.. Jusqu’ici tout va bien. Mais quand on voit les effusions, l’émotion de ces dames et de ces hommes sur la terre où ils ont vu leur jour, on ne comprend pas que des citoyens israélien d’origine judéo-tunisienne se comportent de la sorte. Surtout, quand on se souvient des circonstances de leur départ précipité de ce pays et des menaces pesant jadis sur eux.

    On ne comprend pas cet attachement déraisonnable à un pays qui clame encore haut et fort cet amour et cet attachement à une terre, venant de personnes qui durent quitter précipitamment leur pays natal, laissant tout derrière eux. Et qui reviennent clamer, la larme à l’œil, leur attachement à ce pays qui les a rejetés en raison de leur religion..

    Que l’on me comprenne bien : on peut comprendre de tels sentiments et il est même bon de les éprouver. Mais de toutes les communautés exilées (galouyot), les juifs tunisiens sont les seuls à nourrir un attachement  aussi déraisonnable à un pays qui les a rejetés. Et qui continue de le faire. La Tunisie tirait du tourisme et de la cueillette des olives, donc de l’huile, l’essentiel de ses revenus. Le geste fait tient donc compte, au plus haut point, de cet intérêt vitale pour le pays.

    Je dois néanmoins rendre hommage à cette ministre tunisienne du tourisme, accusée en pleine session du parlement local presque de collusion avec l’ennemi sioniste (sic) : je ne fais que citer. Certes, elle est venue saluer les touristes israéliens mais a refusé de se montrer avec l’organisatrice à la télévision. Elle aussi, je la comprends et tiens à lui rendre hommage car seuls les êtres de bonne volonté peuvent rétablir la confiance et la fraternité entre les hommes. Elle s’est bien défendue dans sa réponse, arguant qu’on ne pouvait pas discriminer des gens, des visiteurs, en raison de leur appartenance religieuse. Il est vrai que cette talentueuse jeune femme a été formée en Allemagne et n’a donc pas d’œillères.

    Mais j’avoue, quand je relis les discours des gens d’Ennahda et même de l’actuel président tunisien, ne pas comprendre cet attachement étrange pour un pays qui poursuit Israël d’une haine quasi inexpiable. Et qui a maintes fois, dans passé récent, exprimé sa solidarité avec le Hamas, ennemi juré de l’Etat hébreu.

    Ce sont des mémoires brisées, des vies déchirées, des destins brisés. Mais tout de même, il faut cesser de dire que ces sites sont les plus anciens et remonteraient à l’époque de la déportation en Babylonie ou après la destruction du second temple.

    Je me souviens de quelques déclarations bien senties d’Ernest Renan sur l’ignorance qui fait le lit de la légende. Et le public non cultivé offre à son âme non pas des pâturages de rêve mais un rêve de pâturage. Mais les briques à l’œuf ou le complet poisson sont profondément enracinés dans l’imaginaire culinaire des uns et des autres.

    Renan disait qu’on lit sa foi dans les textes sacrés plus qu’on ne l’y puise……

  • Titre de la noteCe très récent sondage qui place Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle

    Ce très récent sondage qui place Marine Le Pen en tête du premier tour de la présidentielle

    La nouvelle fait l’effet d’une bombe et même le gouvernement semble frappé de langueur en l’apprenant. Marine Le Pen est en tête du premier tour de l’élection présidentielle, si celle-ci devait avoir lieu ce dimanche. Certes, comme le soulignent les spécialistes, il y a encore trois ans ou presque, et d’ici là, les choses peuvent changer. Mais il faut bien reconnaître que Marine surclasse même Nicolas Sarkozy qui la talonne (moins d’un point) alors que le président de la république et le premier ministre sont loin derrière, à égalité, avec 17%… Quelles leçons devons nous en tirer ?

    D’abord, que personne ne sait vraiment de quoi demain sera fait. Nul ne sait vraiment si ce peuple français, si prompt à s’embraser, va admettre que l’on gouverne ainsi encore trois ans, au cours desquels nulle embellie n’est en vue…… Il ne faut jamais oublier l’explosion sociale de mai 68 que personne n’avait vu venir. Or, aujourd’hui, même le chef de l’Etat et ses ministres ne dissimulent plus leur pessimisme, voire leur impuissance. Certes, un autre gouvernement n’aurait peut-être pas fait mieux. Mais dans les deux camps, à droite comme à gauche, des voix s’élèvent pour dire, pour des raisons absolument différentes, que l’on a perdu deux ans, parce qu’on a sous-estimé la crise, proposé des solutions qui n’étaient pas les bonnes et laissé filer à la fois le chômage et les déficits.

    Il est vrai que le chef de l’Etat, errare humanum est, a commis l’imprudence de parler avec insistance d’inversion de la courbe du chômage ; aujourd’hui, deux ans après, il reconnaît s’être trompé. Et tous prévoient une rentrée non seulement difficile, mais agitée. Que va t il se passer ? Je l’ignore mais je souhaite que le pouvoir ne songe pas à remettre sur le tapis une réforme sociétale (du style, le vote des étrangers aux élections locales…), ce qui nous plongerait dans un nouveau malstrom dont le pays n’a vraiment pas besoin.

    Mais pour l’avenir, que faire ? Je l’ignore aussi. Si les choses empirent, il faudra bien admettre que l’actuelle majorité parlementaire est en décalage par rapport à la majorité sociologique. Ce que les institutions de la Ve République, datant de 1958, voulaient préserver, est il encore valable aujourd’hui ? Cette protection de la fonction suprême, envers et contre tout, fait problème aujourd’hui.

    Le seul scenario réaliste, si tant est qu’il le soit aux yeux du principal intéressé, serait une dissolution-surprise qui conduirait une écrasante majorité de droite au parlement. Déjà le Sénat va repasser à droite en septembre, en raison de l’éclatante défaite de la gauche aux élections municipales.. Si le président dissout, il se condamne à une cohabitation de choc pendant près de trois ans. Un doute subsiste : la droit, appelée à Matignon, voudra t elle cohabiter avec M. Hollande ? Certains disent que non. Alors faire ?

    Pourtant, si l’on conduit le raisonnement de manière cynique, c’est ce changement de majorité qui offrirait à l’actuel président l’éventualité d’une réélection en 2017 : dans le cas où il dissoudrait et dans le cas où la droite nouvellement majoritaire accepterait de dépêcher l’un des siens à Matignon, la situation socio-économique du pays sera t elle meilleure ? C’est là toute la question… Mais alors le président pourrait en appeler à l’opinion et dire qu’il a tout essayé, mais en vain. En une phrase : qu’il n’est pas le responsable.

    Mais si la situation devenait perdurer, en l’état, le président peut se faire du souci pour 2017.

    Mais ne dit-on pas qu’avec des si, on pourrait mettre Paris en bouteille.