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Vu de la place Victor-Hugo - Page 556

  • La confrontation armée entre Israël et le Hamas

    La confrontation armée entre Israël et le Hamas

    La situation devient de plus en plus compliquée, non pas qu’il y ait le moindre doute sur l’issue du conflit ou la victoire d’Israël, mais les coulisses de ce conflit laissent entrevoir une vérité hallucinante : apparemment aucune des deux parties ne veut la guerre et s’y trouve engagée, à son corps défendant, pour ainsi dire.

    Du côté du Hamas qui entend le chant du cygne, il n y a plus rien à perdre. Et ce n’est sûrement ce mouvement terroriste qui va se laisser arrêter par une effusion de sang. Il n’a plus aucune base populaire, les mouvements radicaux armés, nés dans son sillage, ne lui obéissent plus et ont fini par l’entraîner dans cette confrontation. Par ailleurs, il a perdu tous ses soutiens car partout il a fait le mauvais choix : en Syrie, Bachar se maintient et gagne du terrain, en Egypte, poumon de Gaza, leur ami Morsi a été renversé et croupit dans une geôle de l’armée. Enfin, l’Iran a considérablement ralenti son aide car l’actuel président essaie de se tirer de cette mauvaise passe que traverse son pays depuis des décennies. Il y a aussi les possibilités que les USA font miroiter au président Rouhani lui faisant comprendre que le soutien au terrorisme ne lui rapporte rien d’autre que des désagréments. Les Iraniens, essence même de duplicité, passés maîtres dans l’art de l’exégèse de n’importe quel texte, ont changé de camp. Ils n’ont plus qu’une obsession : se sortir de la nasse dans laquelle Ahmaninedjad les avait enfermés en se focalisant stupidement sur le nucléaire. Enfin l’union nationale avec le Fatah a privé le Hamas du peu de pouvoir qu’il lui restait. Même pour payer ses fonctionnaires et surtout ses bandes armées, il a dû se soumettre au bon vouloir de Mahmoud Abbas.

    Israël a gradué sa riposte ; il est encore trop tôt pour dire s’il a eu raison ou tort. L’avenir, l’avenir proche nous le dira. Le premier ministre israélien avance sur des œufs, très prudemment : s’il avait voulu en finir avec le Hamas il aurait réagi autrement. Selon l’adage populaire, on sait ce qu’on a, on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve.

    Mais même si Israël est dans son droit et défend la sécurité de ses citoyens, même si l’Union Européenne et l’ONU espèrent, sans le dire, que le Hamas sortir vaincu de cette confrontation, et malgré les erreurs d’analyse de Barack Obama qui n’est vraiment pas à la hauteur, en dépit de tous ces éléments, la bataille médiatique est la plus risquée. Qu’un incendie se déclare dans une ville côtière israélienne, que des sirènes retentissent à Jérusalem, Tel Aviv ou Haïfa, et les médias en font leurs choux gras.

    Pour ma part, j’apprécie bien la retenu dont fait preuve le service de communication de Tsahal, économe en déclarations et efficace sur le champ de bataille. Même I24News n’est pas à la hauteur que ce soit lors de débats ou lors de la diffusion de bulletins d’information. Tout ceci manque de sobriété et de professionnalisme. Et c’est dommage car le plus grand joueur, toujours absent du champ de bataille mais omniprésent dans les médias, c’est l’opinion publique internationale.

    Si le monde suivait un cours normal, Israël aurait dû bénéficier d’une immense vague de sympathie après l’assassinat des trois jeunes adolescents et cette pluie de missiles tombant sur ses villes… Et pourtant, il n’en est rien.

    Comme je l’écrivais dans un précédent papier, Israël est à la croisée des chemins. Il ne peut plus admettre que chaque fois, après deux, trois ou cinq ans, il doit faire face à des actes hostiles de la part du Hamas ou du Hezbollah. Cela me rappelle un développement de l’ancien premier ministre Itzhac Shamir qui n’est pas mon maître à penser et qui n’était pas un grand penseur, mais un bon observateur de la scène proche orientale. Voici en substance ce qu’il disait avec résignation : la nuit est la nuit, le jour est le jour, les juifs sont les juifs, les Arabes sont les Arabes… Tous les dix ou quinze ans, on fait une bonne guerre et on a la paix…… Et au bout de ce temps, cela repart de nouveau……

    Est ce qu’Israël sera condamné à vivre ainsi continuellement ? J’en doute.  Au bout de soixante-dix ans, le monde arabo-musulman n’a toujours pas accepté Israël qui a pourtant des droits immémoriaux sur cette terre. Imagine t on l’inanité de cette attitude qui a coûté tant de vies et causé tant de dégâts matériels ? Imagine t on un instant à quoi ressemblerait aujourd’hui la région si l’on avait choisi la paix au lieu de la guerre ?

  • Faut il remanier ou supprimer certains passages de la liturgie juive?

    Faut il remanier ou supprimer certains passages lirurgiques juifs ?

    La dernière livraison de l’excellente revue SENS (n° 390, pp 445-457) de mes amis Bruno Charvey et Yves Chevalier m’a permis de lire un intéressant article concernant la liturgie juive dans ses relations avec l’amitié judéo-chrétienne.  Son auteur, rabbin à Bruxelles, a déployé de louables efforts pour exposer le problème. Ayant écrit un Que sais je ? intitulé La liturgie juive, il me paraît bon d’intervenir sur ce sujet.

    La notion de tefillah ne reflète pas vraiment l’unique notion de prière, elle en englobe beaucoup d’autres. Et dans l’inauguration du temple de Jérusalem par le roi Salomon, on totalise pas moins de cinq ou six autres termes pour désigner une sorte d’abandon confiant à Dieu. Le-pallel signifie soumettre son cas à quelqu’un, en l’occurrence à Dieu. C’est ce qui ressort d’un passage du premier livre du prophète Samuel qui souligne que si un différend oppose deux êtres, il est facile de trouver une solution, mais si l’homme se trouve confronté à Dieu, il en va tout autrement.

    Cette prière juive a évolué au cours du temps mais elle a toujours comporté trois parties statutaires, c’est-à-dire indispensables : le shéma Israël, les dix-huit bénédictions (qui en comptent en réalité dix-neuf) et le tahanum, prières pénitentielles et pétitions privées, afin de laisser à l’âme de l’individu un espace où exprimer ses propres demandes privées, sous forme d’oraisons jaculatoires (par exemple, la prière pour une guérison : El na réfa na lo : Seigneur ! guéris le…).

    C’est dans le traité talmudique de Berachot que l’on peut prendre connaissance de la genèse de certaines prières. Et en particulier une d’entre elles qui pose problème puisqu’il s’agit de la malédiction des minnim (apostats ? Hérétiques ? Judéo-crhétiens, Délateurs calomniateurs ?), désignée par l’euphémisme bénédiction des minnim (bénédiction des hérétiques). Le talmud parle de Samuel le jeune qui l’aurait rédigée. Mais le même folio talmudique attire notre attention sur la distinction à observer entre deux verbes hébraïques qui ne veulent pas dire la même chose : hitkin (fonder, instituer) et hisdir( mettre en ordre).

    Au fond, qui était désigné par le vocable MIN n’est pas vraiment controuvé aujourd’hui car cette appellation a pu recouvrir différentes catégories de «déviants» religieux, par rapport à l’axe centrale de la pensée rabbinique. Ce fut une époque où le judaïsme rabbinique était en formation et il fallait se poser en s’opposant. L’une des méthodes destinées à couper court à tout syncrétisme religieux fut de réciter cette prière à haute voix afin d’éloigner des synagogues les judéo-chrétiens.

    La question qui se pose et qui fut même très nettement posée par les partisans de la réforme en Allemagne au XIXe siècle fut la suivante : devait on maintenir une telle partie de la prière ? Des rabbins théologiens comme Samuel Holdheim et Abraham Geiger jugeaient que cette séparation hermétique d’avec les autres (notamment pour la prière terminale Aléinou) n’avait plus lieu d’être puisque les juifs devenaient une confession, une communauté religieuse et non plus une communauté nationale, un peuple.

    Si l’on pouvait bien articuler une défense pour cette birkat ha-minnim et dire, comme Mendelssohn, qu’elle ne visait pas les chrétiens mais les païens et les idolâtres, il en allait tout autrement puisqu’Israël s’attribuait ici le seul culte divine qui fût juste et agréé par Dieu. Ce qui, effectivement, pourrait porter atteinte au dialogue interreligieux et faire le lit d’un exclusivisme de même nature. Cette seconde prière est nettement plus ancienne que la précédente et n’a pas manqué d’évoluer avec le temps. Le rabbin Daniel Meyer cite certains rituels de prière pour l’illustrer.

    Mais ici aussi il faut repérer avec minutie la date de naissance afin d’identifier ceux que l’on dénonçait comme des idolâtres. Je dois rappeler que cette prière de aleinou est fondamentale et qu’un groupe de juifs brûlés à Blois en 888 moururent en martyrs en la chantant. Depuis des temps immémoriaux, elle clôture les trois prières quotidiennes. Au fil des siècles, on lui adjoignit même un supplément qui commence par :’al kén nekawweh la (C’est pourquoi nous plaçons en toi notre espoir…)

    Alors, faut il faire le ménage ? Les adeptes de la réforme entreprirent de le faire depuis 1818, date de la première publication du nouvel rituel de prière du temple de Hambourg..

    Mais je ne sais pas si nous devons les imiter.

    Au mois d’octobre 2014 doit paraître mon livre sur Le judaïsme libéral : Les grandes étapes d’une évolution religieuse (Hermann, 2014). Voir notamment le chapitre III de cet ouvrage.

  • La politique intérieure de la France

    La situation politique à l’intérieur de la France.

    De plus en plus de commentateurs n’hésitent plus à envisager des changements au plus haut niveau dans ce pays. Un article paru dans Le Figaro d’hier se demandait clairement si François Hollande ne devrait pas s’appliquer à lui-même la règle de clarification qu’il réclamait de l’ancien chef de l’Etat en 2006. En clair, de s’interroger sur sa légitimité au regard des sondages qui restent désespérément bas. Ce matin I-Télé donnait moins de 16% d’opinions favorables et tout juste 41% pour le Premier Ministre. C’est vrai, la situation est difficile mais tout de même.

    La question qui se pose est la suivante : Peut-on gouverner avec des sondages ? Qu’est ce qu’un sondage face à un mandat constitutionnel accordé à un homme politique ou à une majorité parlementaire pour une durée déterminée ? Peut-on arguer juridiquement de l’impopularité sans précédent pour lui demander de dissoudre l’Assemblée, voire de remettre en jeu son mandat ? Aux  Constitutionnalistes de répondre. Pour certains, orientés à droite, la réponse est toute trouvée. Mais il faut souligner que cela pourrait créer un précédent.

    En fait, la démarche la plus consensuelle et qui est prévue par la Constitution, c’est de revenir vers les électeurs. Et en effet, des voix s’élèvent pour douter que les Français aient la patience d’attendre trois ans avant de changer de politique et de régime.

    On se souvient qu’aux lendemains des élections européennes, Français Hollande avait habilement contourné l’obstacle et interprété les résultats comme un désaveu de la politique d’austérité dictée par Bruxelles et Madame Merkel. Il avait alors dit que les institutions étaient fortes, ce que d’autres avaient interprété dans le sens suivant : elles me protègent, quoiqu’il arrive, quels que soient les résultats des élections…

    Qui départagera les protagonistes ? Le peuple ?

    Je me souviens quand j’étais étudiant, il y avait eu un discours de Georges Pompidou déplorant l’instabilité politique du pays et la versatilité de ses électeurs. Il rappelait aussi que la France était le pays qui avait usé le plus de constitutions. Celle de 1958 était censée porter remède à ces maux congénitaux de la France.

    Mais peut on encore, en 2014, soit plus d’un demi siècle après, gouverner la France de cette manière ?