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  • Qui était vraiment Maître Eckhart ? A propos de l’ouvrage de Kurt Flash : D’Averroès à Maître Eckhart

    Qui était vraiment Maître Eckhart ?

    A propos de l’ouvrage de Kurt Flash : D’Averroès à Maître Eckhart

    Dans cet ouvrage qui remet en question bien des idées reçues, il convient d’accorder une certaine attention au sous-titre figurant sur la couverture (Les sources arabes de la «mystique» allemande) sans omettre le complément du titre en première page, la naissance de la «mystique » allemande de l’esprit de la philosophie arabe. Et dans ces deux occurrences, le terme mystique est soigneusement entouré de guillemets.

    La raison en est simple et saute aux yeux de quiconque considère les toutes premières pages avec l’attention requise : l’auteur ne considère pas le maître allemand du XIVe siècle comme un mystique, purement et simplement. Pour ce faire, il se fonde avec raison sur des déclarations spécifiques de maître Eckhart dont la moins étonnante n’est pas celle où il déclare que l’Ancien Testament, le Nouveau Testament et Aristote (interprété par Averroès et Albert le grand) enseignent «la même chose».

    Alors qu’était maître Eckhart ? Un commentateur biblique ? Et dans ce cas il nous faut rechercher les ressorts profonds de son exégèse biblique… Etait-il un théologien puisqu’il portait le titre de maître en théologie et dans ce cas aussi, il faut savoir comment lui-même entendait ce vocable et comment le pratiquait-il ? Ou était-il un philosophe, un peu comme Maimonide que l’auteur allemand du XIV avait étudié à partir d’une traduction latine ? On a laissé le titre de mystique pour la fin car Kurt Flash émet les plus sérieuses réserves quant à l’attribution d’une telle qualité aux œuvres (latines) du maître allemand du XIVe siècle.

    On se souvient que Maître Eckhart doit à une mort prématurée en 1327/28 le bonheur d’avoir été condamné, à titre posthume, par le pape Jean XXII pour hérésie, tout juste un après sa disparition. Si la condamnation s’était produite du vivant de l’auteur, c’eût été l’infâmie du pain de la tribulation et de l’eau de l’angoisse… Les autorités ecclésiastiques avaient subodoré l’hérésie dans tous ces emprunts contractés auprès de l’Averroès latin dont la plupart des thèses avaient été condamnées, même si le maître ne les avait pas toutes reprises à son compte (éternité de l’univers, unité de l’intellect, etc). Aux yeux d’Eckhart, la philosophie recouvrait les grands écrits d’Aristote : logique, physique, métaphysique, éthique…

    Dès les premières pages de son livre, Kurt Flash annonce son intention de mettre en lumière ce qui lui paraît être les véritables sources de la pensée eckhartienne. Mais il faut lire ce livre en ayant présente à l’esprit la grande controverse qui a agité les esprits après la parution d’un récent ouvrage sur les sources gréco-latines de l’Europe chrétienne dont l’objectif affiché était de repousser l’influence judéo-arabe (Avicenne, Averroès et Maimonide) et de lui substituer une prégnance chrétienne et latine. Or, Kurt Flash milite principalement contre cela, tout en cherchant à montrer que les historiens de la philosophie allemande du XIXe siècle, responsables de la dévolution du titre de mystique à Maître Eckhart, ne connaissaient pas encore l’imposant corpus latin de leur auteur. S’ils l’avaient pris en considération, ils auraient immanquablement découvert la grande influence averroïste subie par l’auteur.

    Il est vrai que cette méprise est excusable quand on se limite à l’un des deux corpus : pour qui lit l’un des deux, Maître Eckhart n’a été que ceci ou cela. Si on se plonge dans les sermons allemands, on se défendra mal de l’impression que leur auteur n’est pas insensible à une certaine forme de pensée mystique. Mais si l’on considère exclusivement les textes philosophiques, portant l’empreinte indéniable d’Averroès, on penchera vers d’autres qualificatifs. Au fond, on pourrait presque, comme dans le cas de Moïse Maimonide, s’interroger sur l’unité ou la dualité de la pensée d’Eckhar

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  • Un nouveau Premier Ministre pour la France ? Grave erreur…

    Un nouveau Premier Ministre pour la France ? Grave erreur…

     

    Rentré d’une longue semaine de repos en Normandie, je reprends un à un les exemplaires du journal Le Monde que je n’ai pas pu lire durant le temps écoulé et mon regard tombe sur une tribune libre de Lionel Stoléru, ancien secrétaire d’Etat à la formation professionnelle de Valéry Giscard d’Estaing qui recommande de changer de Premier Ministre (Le Monde daté du 30 décembre, page 19)

    Franchement, je ne crois pas que ce soit une bonne idée et l’auteur se sent lui-même tenu de rappeler quelques solides qualités de François Fillon qui ont d’ailleurs soutenu –et largement justifié- son exceptionnelle longévité à Matignon. Mais dans l’énoncé des motifs, censés justifier un tel changement de pied, l’auteur de l’article souligne, je ne le cite qu’en substance, le peu d’autonomie dont dispose l’hôte de Matignon, vis-à-vis de l’Elysée. L’hôte de l’Elysée se voit lui aussi reprocher de ne pas être bien entouré… Soit.

    Mais qui nous garantit qu’un éventuel successeur de M. François Fillon disposera, quant à lui, d’une plus grande liberté de manœuvre, qu’il sera plus écouté et plus suivi ? Au premier coup d’œil, l’observateur attentif (et M. Stoléru en est évidemment un) découvre que ce n’est pas un problème d’homme, mais de système, la présidence de la République étant la clef de voûte de nos institutions… Vous voyez ce que je veux dire : il faut un exécutif fort mais il doit être aussi plus équilibré et les pouvoirs mieux répartis.

    Mais M. Stoléru ne s’arrête pas là. Ayant dessiné ce qui lui paraît être le profil idéal du nouveau Premier Ministre, il jette son dévolu son le caractère et le style d’un Raymond Barre (éminent chef de gouvernement de VGE) et va jusqu’à donner des noms de candidats putatifs dont celui de M. Jean-Claude Trichet… Comme si le président de la République qui a souvent critiqué en termes assez forts la politique de la BCE allait confier les rênes de son gouvernement à l’ancien président de cette institution européenne… M. Stoléru nous avait habitués à des regards plus profonds et plus fouillés.

    Je n’ai encore jamais eu l’honneur de rencontrer M. François Fillon, mais je connais un peu son entourage immédiat. Je puis donc dire et redire que jamais on ne trouvera un homme aussi compétent, ni aussi fidèle, ni aussi loyal que lui.

    Changer d’attelage au milieu du gué alors que le Président ne compte se déclarer candidat à sa propre succession que dans plusieurs semaines serait un geste inconsidéré.

    Et l’intelligence politique nous dit qu’il ne le fera pas.

    François Fillon est très bien à son poste.

  • La Turquie de Monsieur T. Erdogan

    La Turquie de Monsieur T. Erdogan

     

    En d’autres temps, on aurait même pu parler de provocation. Tant l’actuel Premier Ministre turc ne recule devant rien pour faire parler de lui et surtout pour s’imposer comme le leader incontesté d’un monde arabe qu’il cherche à satelliser en en faisant un monde islamique, ce qui supprimerait la dernière différence qui le sépare de ce même monde dont il rêve de prendre la tête.

    On avait déjà relevé ici et là cette étrangeté de voir un Turc prendre la parole devant la Ligue arabe au Caire : Et pour faire quoi ? Bien entendu pour pincer les cordes les plus sensibles du nationalisme arabe en évoquant en termes virulents la Palestine. Et à dénigrer son allié d’hier, Israël. Mais M. Erdogan semble ne pas voir que les Arabes n’ont pas gardé le meilleur souvenir de la domination ottomane au XIXe siècle. Et notamment dans le territoire de l’actuel Etat d’Israël : incurie, laissez aller, corruption de l’administration, absence de corps judiciaire, pas de cadastre, etc…

    Dans sa volonté de satelliser les Arabes, la Turquie de M. Erdogan a un rival de poids, l’Iran des Mollahs. Mais les deux prétendants ont le même fonds de commerce : la rhétorique anti-israélienne. Or, les Turcs sont bien placés pour avoir qu’Israël ne disparaîtra jamais. Enfin, il y a dans ces réactions cutanées un dissentiment provoqué par le rejet de la part de l’Europe. Mais comment admettre un tel pays lorsque son gouvernement accorde son indulgen,ce et sa reconnaissance à un mouvement terroriste, dénoncé comme tel par l’UE ? Et qui, de surcroît, occupe un autre pays de l’UE, Chypre…

    Et aujourd’hui, considérant que cela ne suffisait pas, le même homme en vient à courtiser le Hamas, mouvement reconnu comme une organisation terroriste. C’est probablement le pas de trop, le Premier Ministre devrait se méfier du vibrionnisme et tenter de s’inspirer de la sérénité et de la diplomatie de son président, M. Abdullah Gûll…

    Il est évident que l’homme traverse une phase d’agitation aigüe : après les attaques violentes contre Israël, il s’en est pris à son allié d’un jour, Bachar el Assad, qu’il voue aux gémonies après l’avoir porté aux nues… Depuis peu, il entendait dicter à la France sa conduite en raison du vote d’une loi reconnaissant comme une faute la négation de tout génocide. Mais le chapitre n’est pas encore clos.

    On se demande comment réagissent certains secteurs de l’opinion et de l’Etat turcs : par exemple, ce que pense l’armée, formée aux valeurs kemalistes de laïcité et de séparation de l’église et de l’état. Et on ne parle même pas de la réaction des USA qui commencent à penser qu’il en fait vraiment trop…