Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 8

  • Titre de la noteEn Egypte, les choses ne s’arrangent pas…

    En Egypte, les choses ne s’arrangent pas…

     

    Et c’était prévisible. Le problème est que des gens comme Mohammed Morsi ne parviennent pas à se dépasser, à inventer des choses nouvelles, bref à sortir du cadre dans lequel ils ont été formés et élevés. Prenons un exemple : un véritable homme d’Etat aurait compris que le pays est en ébullition, qu’il faut absolument surseoir à des décisions qui vont engager la population pour une longue période… Eh bien, dans le cas qui nous occupe, le président et son parti font preuve de cécité.

     

    Rendez vous compte : ce président, élu par défaut (car l’autre candidat prévu avait eu un problème avec la législation en vigueur dans de telles élections), invite l’opposition à venir dialoguer avec lui, tout en affirmant haut et fort qu’il ne reviendra sur rien. Même un enfant encore à la mamelle demanderait à quoi peut bien servir cette rencontre si rien ne change, si le président actuel ne revient pas sur ce qui heurte l’opposition…

     

    L’opposition, notamment M.M. Amr Moussa et El Baradaï ne sont pas des idiots, ils connaissent toutes les ficelles de la politique intérieure égyptienne. Ce qui est encore plus préoccupant, ce sont les appels à la démission du président actuel. Et l’Egypte, en tout état de cause, va entrer dans une zone de turbulences et d’instabilité. Les morts d’hier sont près d’une dizaine tandis que les blessés se comptent par centaines. C’est un très mauvais début.

     

    Il m’étonnerait fort que ce président réussisse à se maintenir contre la volonté de son peuple. Certes, il est soutenu par ses partisans, mais si cele s’envenime on ira vers un scénario à la syrienne, sauf si l’armée siffle la fin des affrontements et prend les choses main. Selon moi, c’est bien ce qui risque de se passer.

     

    La grande leçon à tirer : dans moins de deux décennies, le Proche Orient que nous connaissons ne sera plus le même. Les régimes auront tous changé, les frontières ne seront plus les mêmes en raison de tous ces foyers de tensions, de séparatismes et d’antagonismes religieux.

     

    Ne survivront que ceux qui auront su s’adapter.

  • La déstabilisation du président égyptien, vecteur de l’islamisme

     

    La déstabilisation du président égyptien, vecteur de l’islamisme

     

    Les hommes politiques sont parfois incorrigibles : même parvenus à la magistrature suprême, ils s’entêtent, pour certains, à se comporter comme des hommes de partis ou d’institutions alors qu’ils ont été élus pour demeurer au service de tous…  C’est exactement ce qui vient d’arriver à M. Mohammed Morsi, issu de la confrérie des Frères musulmans.

     

    Depuis hier soir, plus de cinq victimes et des centaines de blessés autour du palais présidentiel au Caire, qui est désormais entouré d’une ceinture de blindés. Quel changement, quelle transformation ! Du fond de son hôpital-prison, le président Hosni Moubarak, autrement mieux préparé à exercer les fonctions suprêmes de l’Etat doit savourer sa revanche. M. Morsi est parvenu à scinder son paix, à le diviser, à en monter une faction contre une autre. Le tout afin d’imposer ses idées islamistes et de donner à l’Egypte un régime que la majorité du peuple refuse et rejette.

     

    Comment ce président a t il pu gâcher si piteusement les innombrables atouts qu’il avait en main ? Comment a t il pu méconnaître à ce point les réalités fondamentales de son pays ? IL a réussi un tour de force que nul n’avait pu réaliser avant lui : unifier l’opposition contre lui alors que ses programmes hétéroclites l’empêchaient de le faire. Eh bien, grâce à M. Morsi, l’opposition parle d’une seule voix et on a vu M. El Baradai et M. Amr Moussa, côte à côte, réclamer le retrait du décret scélérat et anti-démocratique.

     

    Le régime dont les manifestants exigeaient la chute et le départ de son chef n’a plus qu’une double perspective, aussi humiliante l’une que l’autre, devant lui : retirer le décret ou partir. M. Morsi ne partira pas ni ne retirera son décret, ce qui veut dire que les troubles vont se poursuivre, la situation économique, déjà précaire, s’aggraver et donc le mécontentement croître.

     

    Dans son coin, l’armée ne restera pas inactive. C’est bien elle, on l’oublie parfois, qui a demandé à son ancien chef de partir, afin de ne pas heurter le peuple. Or, ce même peuple, profondément divisé, demande à être gouverné au centre, ce que ne peut ni veut faire le président actuel. L’armée attend donc que les choses atteignent une telle gravité que l’on finira par faire appel à elle. Après tout, c’est elle qui dirige le pays depuis le milieu des années cinquante. Et apparemment, la confrérie aura simplement constitué une petite parenthèse dans l’histoire politique récente de l’Egypte.

     

    L’art de gouverner est subtil, ce n’est ni la ni les prophètes car les peuples se nourrissent d’aliments et non pas d’idéologie ni de la seule parole divine. Comme disait Voltaire (que M. Morsi n’a jamais lu), l’homme ne vit pas que de pain, mais il en vit aussi…

     

     

  • LES LUMIERES DE HANOUKKA

     

    Les lumières de Hanoukka

     

     Du 8 au 16 décembre, ce samedi soir qui vient, à la sortie du sabbat, les juifs du monde entier (mais aussi tous ceux qui le souhaitent) allumeront la première bougie de la fête de hanoukka qui dure huit jours.

     

    Certes, il y aune histoire officielle qui explique ce geste religieux mais aussi profondément humaniste. Au cœur de la nuit, des ténèbres, une huitaine de petites bougies scintillent dans un petit instrument appelé hanoukkiya, sorte de bougeoir que toute famille juive possède chez soi en plusieurs exemplaires, ce qui permet à tous ses membres de s’acquitter de leur devoir.

     

    A quand remonte ce rite purement humaniste qui a permis de sauver le monothéisme sous toutes ses formes (paroles d’André Néher, comme me le rappelle mon ami le sous préfet Alain BOYER) à un moment où il était gravement menacé par le paganisme de la soldatesque grecque ?

     

    Sous Antiochus Epiphane IV, vers 165 avant notre ère,  ce roitelet se risqua à une hellénisation forcée de la Judée, provoqua la révolte des Maccabées et des judéens attachés à leur tradition ancestrale. Pour bien marquer son autorité, ce monarque détruisit les murailles de Jérusalem  et en profana le temple en y introduisant le culte idolâtre. La riposte fut foudroyante : sous la conduite des Macchabées et de Matthias ben Yohanan, la judée se déchaîna contre l’agresseur qui s’imaginait pouvoir la séparer de son Dieu et du monothéisme en général.

     

    Lors de la reconquête, il fallut nettoyer le temple des souillures qui l’avaient rendu impur.  Dans ce même temple brûlaient des lampes à huile. Mais les païens avait tout compromis et c’est à grand peine que l’on découvrit une unique fiole d’huile qui ne devait durer que 24 heures. Et miracle ! La fiole a tenu huit jours, ces mêmes huit jours que les juifs commémorent durant cette fête de hanoukka.

     

    Que veut dire ce terme hébraïque ? Simplement, l’inauguration, une façon de pendre la crémaillère, la remise en état du temple de Jérusalem, débarrassé des souillures et de l’abomination du culte idolâtre. D’où la pertinente remarque de Neher : le monothéisme réaffirme ses droits face à un paganisme qui se croyait triomphant.

     

    Durant les huit jours de cette fête, les juifs religieux insèrent dans les dix huit bénédictions (prière statutaire tri quotidienne) tout un couplet qui commence par ces termes : A l’époque de Mattathias ben Yohanan, le grand pontife, des Maccabées et de ses fils, au moment où le royaume grec impie chercha à leur faire oublier la Tora de Dieu et à les éloigner des commandements et préceptes divins…

    La tradition rabbinique a institué cette fête qui n’est donc pas d’origine biblique (comme d’ailleurs la fête de Pourim), mais qui reste une joyeuse commémoration  familiale.

     

    Essayons d’aller au delà du cadre de l’histoire religieuse et voyons, d’un point de vue universel, ce que représente cette fête, ce qu’est sa symbolique : cette fête tombe généralement au cours du mois de décembre, il fait froid et sombre.  On est généralement un peu triste en raison du ciel bas et du peu de luminosité solaire. Les bougies de hanoukka nous rapprochent de la lumière, de la chaleur et de la joie.  C’est aussi une façon de rappeler que l’hiver ne dure qu’un temps et qu’après l’oppression et l’obscurité ( la tyrannie et la honte du paganisme avec son culte orgiaque et ses abominations) arrivent la liberté et la joie des lumières.

     

    Hermann Cohen, le fondateur de l’école néo-kantienne de Marbourg a parlé de Kippour comme de la fête de l’humanité messianique, Hanoukka est la fête de l’humanité monothéiste, celle qui a découvert le monothéisme éthique, une divinité unique et qui se conduit moralement envers ses créatures.

     

    L’église primitive ne s’est pas séparée sans peine de cette belle fête qui incarne les espoirs de tout ce qui porte sur le visage les traits de l’humain. Certains vont jusqu’à y trouver les origines de la proximité temporelle avec Noël. Il y eut des infiltrations réciproques : ce sapin auréolé de lumières scintillantes, tout en étant un héritage des tribus nordiques christianisées, n’est pas sans évoquer les bougies de la hanoukkiya… D’un autre côté, il y a les cadeaux de Noël qui ont commencé à devenir une pratique même chez les juifs. Il faut toutefois rappeler que l’on avait coutume de donner des gâteaux ou des cadeaux, voire de l’argent aux enfants, durant cette fête.. Voici un excellent exemple de l’interpénétration des deux cultes issus d’un même tronc ; on ne pourra jamais dire qui est la source et qui est l’emprunteur…

     

    Alors hanoukka, vecteur d’un syncrétisme religieux moderne ? Quand j’étais professeur à l’Université de Heidelberg, j’ai assisté un jour à une curieuse cérémonie : Noël et hanoukka étaient très proches ce soir là, le sapin voisinait avec les bougies de hanoukka…. Mes édutiants allemands, juifs ou pas, me demandèrent de réciter les prières hébraïques ; ils m’apprirent ensuite ; alors que la bière coulait à flots qu’on célébrait WEIHKOUKA, mélange de Weihnachten (Noël) et Hanoukka… Mais Dieu n’aurait pas à reconnaître les siens car il se reconnaîtra en chacun de nous.

     

    Maurice-Ruben HAYOUN