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  • Kippour

    Kippour…

    Ce terme représente à lui seul le point culminant de la religion et de la spiritualité juives. C’est, comme on le dit en langue araméenne selon le traité talmudique qui porte son nom YOMAH, le jour crucial, il n’en existe pas d’autre, celui au cours duquel se décide, nous dit-on, l’avenir de l’humanité, à la fois au plan individuel et au plan collectif. C’est le jour qui suit l’épreuve du jugement lorsque tous les hommes, sans exception aucune, défilent devant le tribunal céleste qui juge leurs actions. Seront ils condamnés, seront ils rédimés ? Tout dépend, nous dit on, de la sincérité de leur repentir et de leurs bonnes résolutions pour l’avenir.

    On peut se poser la question suivante : mais pourquoi le judaïsme qui, contrairement au christianisme ne croit pas au péché originel du Psaume 51, a t il axé toute sa religiosité autour de la confession des péchés  et de la nécessité de se purifier ? N y a t il pas là une sorte d’obsession de la pureté qui renverrait corollairement à la nature pécheresse de l’homme, celle là même à laquelle le judaïsme veut tourner le dos ?

    Ici, un renvoi s’impose à une exégèse midrachique d’un passage de l’Exode, celui de la révélation au pied du Mont Sinaï. Chacun sait que pour le judaïsme on ne parle pas vraiment de revelatio, d’une sorte d’épiphanie, mais plus concrètement du don de la Tora. A la limite extrême, aux yeux du judaïsme, la Tora et son contenu éthique comptent bien plus que l’essence divine de son auteur. Si l’on veut voir jusqu’où va cette idée on peut s’en référer au Zohar, bible de la kabbale, née au cours de la fin du XIIIe siècle, où se lisent la question suivante et la réponse qui lui est apportée : Qu’est ce que Dieu ? C’est la Tora… Attention, on a dit qu’est ce que et non pas qui est Dieu, ce qui renverrait à tout autre chose.

    Mais revenons à Kippour dont la racine signifie le rachat, l’action de rédimer et aussi ce qui est en rapport avec la propitiation . D’ailleurs le vrai nom de cette solennité (qui n’est pas une fête puisque c’est un jugement sur la vie et la mort) dans la Bible hébraïque, c’est yom ha-kippourim, ce que La Pléiade rend par jour des propitiations. La même racine KPR a donné kapporét qui signifie le propitiatoire.

    Dans la Bible on insiste tant sur cette journée de contrition et de jeûne où l’homme doit faire son examen de conscience afin de retrouver une sorte de pureté et d’innocence originelles. Mais l’institution synagogale, si je puis dire, de cette affaire, s’explique surtout par la destruction du Temple de Jérusalem dont la fonction majeure était justement de conférer aux fidèles la rémission de leurs péchés, moyennant l’immolation d’un animal, comme le prescrivait le culte sacrificiel de la caste sacerdotale (dans le livre du Lévitique). La destruction du temple de Jérusalem a  totalement changé le centre de gravité du judaïsme puisque le culte sacrificiel qui permettait l’effacement des fautes n’existait plus et qu’il fallait bien trouver autre chose. C’est alors que le souffle de nos lèvres (aréshét sefaténou), c’est-à-dire la prière, s’est imposé en lieu et place de l’immolation d’animaux. Mais il a toujours été précisé que celui qui offre le sacrifice doit savoir que la lame qui tranche le coup de l’animal devait s’en prendre à lui mais qu’un Dieu miséricordieux, compatissant et ami de l’humanité en a décidé autrement.

    Si au cours du Nouvel an (qui lui aussi n’est pas une fête mais une solennité austère) les lectures bibliques comprennent les chapitres XXI et XXII du livre de la Genèse où la naissance d’Isaac est présentée comme le miracle équivalant à celui de la création de l’univers, les péricopes choisies pour kippour par la tradition portent sur les unions illicites, les interdits sexuels. Pour le judaïsme, comme pour toute religion digne de ce nom, la morale sexuelle est la ligne rouge (parlons en des lignes rouges !) séparant l’humanité de l’animalité. Toute une série de nudités interdites sont énoncées et l’homme est sommé de ne pas enfreindre de telles lois énumérées dans le livre du Lévitique.

    L’autre passage le plus important de ces lectures de la Tora porte sur les chapitres du prophète Jonas, un texte qui montre que la miséricorde divine n’a pas de fin et ne demande qu’à se manifester au bénéfice de l’homme, à condition qu’il fasse amende honorable et se repente sincèrement.

    Les enfants adorent cette lecture surtout lorsqu’elle est faite en français et en hébreu, comme c’est le cas au Palais des congrès où se tient l’office de kippour de l’Ulif, d’ailleurs le plus grand office de kippour de Paris et de toute la France… On voit un prophète un peu léger qui veut fuir loin de Dieu, s’embarque sur un bateau qui menace de faire naufrage, est jeté à l’eau par les marins, finit dans l’estomac d’un monstre marin d’où il adresse au Seigneur une vibrante prière… Cette épisode m’a toujours fortement ému : même dans les entrailles du monstre marin ( mi-mé’é ha-dagga) Jonas adresse une prière à son Dieu qui l’exauce. Rejeté sur le rivage, Jonas, tout secoué, accepte de remplir sa mission et de se rendre à Ninive, la métropole régionale.

    Jonas annonce au roi que la ville sera détruite dans trois jours par décret divin, en raison de ses innombrables fautes. Emu, le roi décrète trois jours de jeûne et de repentir, tant pour les hommes que pour les animaux. Et lui-même troque ses vêtements royaux contre l’habit d’un simple pénitent. Dieu n’est pas insensible à cela et accepte d’accorder sa grâce aux condamnés, sans se douter qu’il aura aussi à gérer le mécontentement de son prophète qui lui reproche d’être trop compatissant. Dieu fait alors pousser un arbuste qui protège Jonas d’un soleil de plomb… Mais aux premières lueurs de l’aube, ce petit arbre meurt et Jonas est pris d’une grande fureur…

    C’est alors que la Bible administre sa leçon : Jonas voulait mourir en voyant qu’une petite végétation  a disparu et que dire de Dieu qui aurait été contraint de signer la condamnation à mort de centaines de milliers d’êtres….

    C’est la leçon de kippour qui montre aussi que le judaïsme éclairé et bien compris est la religion de la grâce, du pardon et de la miséricorde. Ce n’est donc plus le Dieu jaloux, ce fameux Dieu cruel que même une pièce de Racine critiquait et qu’on nous apprenait au lycée…

    Et vraiment cette légende du prophète Jonas se lit comme un conte de fées. Or, les contes ne finissent jamais mal.

     

  • Que se passe-t-il en Turquie?

    Que se passe-t-il en Turquie ?

    Les régimes autoritaires pèchent tous de la même façon : ils se lancent dans des croisades à l’extérieur pour divertir l’attention de leurs administrés qui ont, eux, le regard fixé sur les problèmes de politique intérieure. C’est ce qui est arrivé à tous les pays arabes qui se sont servis d’Israël comme d’un abcès de fixation et aujourd’hui c’est la Turquie de M. Erdogan qui est rattrapée par ce même processus. Car au bout d’un certain laps de temps, l’évidence finit par s’imposer aux yeux de tous et les peuples réclament que l’on s’occupe aussi de leurs propres problèmes au lieu de caresser des rêves lointains. Les manifestations de plus en plus violentes reprennent en Turquie. Un jeune manifestant est mort, touché à la tête par une grenade lacrymogène. Et les troubles repartent de plus belle. Aujourd’hui, les manifestants réclament tous le départ de M. Erdogan qui, évidemment, n’en fera rien. Plus de dix ans de pouvoir quasi absolu a coupé le premier ministre islamiste de la réalité dans son pays, surtout depuis qu’il s’est mis à poursuivre un rêve de grande puissance régionale. Il ne faut pas oublier ce grand procès intenté à d’anciens généraux, dont l’ancien chef d’état major interarmes, accusé de comploter contre le régime. Les lourdes condamnations qui s’ensuivirent ne laisseront pas indifférente l’armée turque qui ne peut pas ne pas être choquée par l’incarcération de son ancien chef. Et M. Erdogan ferait mieux de méditer l’exemple égyptien… Aujourd’hui, l’incendie s’est déclaré en Syrie, aux portes de la Turquie et si les frappes occidentales devaient intervenir, la Turquie, ouvertement anti-Assad, subira inéluctablement des représailles. Or, ce pays est membre de l’OTAN… La Syrie, les troubles intérieurs, la question kurde, le refus de l’Europe d’admettre son pays, tous ces points devraient convaincre l’actuel Premier Ministre de mettre un peu de miel dans son thé à la menthe. L’avenir de la Turquie réside dans une approche plus détendue des questions et dans un exercice moins autoritaire du pouvoir.

  • Le fiasco de Barack Obama

    Le fiasco de Barack Obama

    Si rien ne change dans les tout prochains jours, Obama passera pour le plus incompétent des présidents US. Il est en passe de ruiner la crédibilité de son pays. On comprend bien que les USA veuillent se désengager de tout, du reste du monde, mais il faudrait battre en retrait en bon ordre et non pas capituler en rase campagne. Rendez vous compte du message désastreux envoyé à l’Iran et à la Corée du Nord, sans même parler des groupes terroristes qui sauront désormais que les USA ne sont rien d’autre qu’un tigre en papier.

    Obama a engagé ses alliés derrière lui et maintenant il les abandonne au milieu du gué, notamment la France qui a pris, c’est tout à son honneur, une position en flèche. Et qui, aujourd’hui, est abandonnée à son triste sort.

    Ce qu’il faut redouter ce sont les réactions d’Israël et des états arabes modérés qui sauront désormais que les USA ne veulent plus sortir de chez eux. Le discours de Barack Obama fut, révérence gardée, lamentable : alors que cet homme dispose d’une énorme force de frappe, alors que la constitution US lui donne le droit d’intervenir, il s’est volontairement pris les pieds dans le tapis à la face du monde entier.. Savez vous  combien de mois, voire d’années il faudra pour vérifier que Bachar a donné l’emplacement de tous les sites des armes chimiques et combien de temps il faudra pour les détruire ? Or, il n’existe pas en Syrie d’usines pour le faire : savez vous combien de temps il faudra pour les faire sortir de terre ? Et pendant ce temps le tyran syrien continuera de tuer son peuple. Les historiens apprécieront comment un président US a ruiné la crédibilité de son pays. Il fallait vraiment s’appeler Obama pour réussir cette performance.