Le dernier baroud d’honneur du Hamas et les «nouvelles opportunités diplomatiques» de B. Netanyahou
Certains commentateurs non avisés s’étonnent des quelques salves tirées par le Hamas qui, une fois la mise à feu terminée, s’empresse de revenir en rampant vers la table des négociations, conscient que Tsahal n’a utilisé, jusqu’ici, contre lui qu’une partie infime de ses capacités militaires offensives. Donc, il réclame une trêve tout en s’empressant de souligner que ce sera la dernière et qu’il ne transigera pas sur ses revendications de base. Ce mouvement joue sa survie : s’il n’obtient rien après tant de morts et de destructions, à quoi aura servi la confrontation qu’il a déclenchée ?
Mais en réalité, sa reprise des hostilités ne fait pas l’unanimité chez les habitants de Gaza, éprouvés gravement par ces semaines de guerre et qui commencent à comprendre que le Hamas mène sa petite guerre personnelle en se servant d’eux. Des voix commencement à se faire entendre dénonçant la décision des terroristes de ne pas accueillir la population civile dans les galeries souterraines lors des bombardements, ce qui aurait divisé par cinq ou dix le nombre de victimes civiles… Alors que sa direction politico-militaire était terrée à près de 30 mètres sous terre, dans les fondations d’un hôpital. Quel héroïsme !
Enfin, l’arsenal du Hamas a fondu comme neige au soleil et son isolement sur la scène internationale est grand. Même l’Egypte qui joue les médiateurs, a du mal à dissimuler son aversion profonde pour des terroristes qui s’en sont pris à son armée dans le Sinaï en se servant d’un paravent. On ne parle plus des Turcs ni des Qataris dont la tentative de médiation a fait long feu. Quant à John Kerry, on dit qu’il médite ses déconvenues récentes et aspirerait à faire autre chose..
Ceci nous conduit à dire un mot d’une phrase sibylline de Benjamin Netanyahou concernant des opportunités diplomatiques nouvelles. Les commentateurs pensent au repositionnement des états de la région, devenus enfin conscients du danger que représente l’islamisme à l’état global. On dit bien l’islamisme et non l’islam qui se veut une religion comme une autre, dans l’écrasante majorité de ses adeptes dans le monde. Tous ces états se sont mobilisés pour stopper la progression des djihadistes qui ont commis des atrocités partout où ils sont parvenus à s’installer.
Pour ma part, je pense que B. Netanyahou a fait allusion à la possibilité de s’engager vraiment dans une voie menant à une solution définitive du problème par des moyens pacifiques. Rattacher la bande de Gaza aux gens de Ramallah neutralisera le Hamas, devenu une simple branche politique et le privera de toute capacité offensive pendant des années. Le temps fera le reste : la corruption, le laisser-aller de l’Orient, le népotisme, la saison chaude, la prostration qui s’abat sur les gens, en feront un parti qui suivra la même évolution historique que son frère ennemi, le Fatah.
Mais la question qui se pose est la suivante : que va faire la coalition actuellement au pouvoir en Israël où au moins deux hommes de droite ont le vent en poupe. L’annulation sine die de la réunion du cabinet israélien de sécurité n’est pas très rassurante. Certes, aucun danger véritable ne peut venir du Hamas, on l’a déjà dit et répété : si le Hamas n’est pas totalement à terre mais titube encore, c’est parce que les visées politiques de Netanyahou pensent déjà à l’après conflit, au jour d’après… Israël n’a pas intérêt à ce que la partie palestinienne reconstitue entièrement son unité sous l’égide d’Abbas qui pourrait alors renforcer sa position, et cette fois-ci, contre l’Etat juif…
Mais ce louvoiement, cette manière de finasser (finassieren, comme l’écrivit Walther Rathenau dans une lettre controversée au Kronprinz) ne dureront pas éternellement. Surtout que le Hamas était non seulement au bord de l’effondrement militaire mais aussi du collapse économique : l’une de ses premières revendications au Caire a été le paiement immédiat de ses fonctionnaires par Ramallah… C’est dire.