Israël et les médias du monde
Tout juste sorti (provisoirement ?) du champ de bataille et pansant ses blessures, l’Etat d’Israël ne connaît pas de répit, il se voit confronté à une opération d’une tout autre nature, aux dimensions internationales, portée dans tous les foyers du monde, dotés d’une radio ou d’une télévision, l’opinion publique internationale.
Ce sujet n’est pas nouveau et on peut même dire qu’il se renouvelle depuis l’éclatante victoire de Tsahal de 1967. Là, le jeune Etat avait déconcerté tout le monde, oui, le monde entier. Il avait défait et de manière incontestable les armées de tout le monde arabe ; il avait mis en fuite des centaines de milliers de soldats, occupé de larges portions de territoire et se retrouvait même à 101km du Caire… Ce fut l’apothéose. Mais cela n’allait pas durer.
Dès l’instant où Israël ruinait les stéréotypes du monde chrétien où le juif était persécuté, livré pieds et poings liés à l’arbitraire de ses cruels persécuteurs et tourmenteurs, toutes ces représentations, héritées du Moyen Age et aussi du milieu du XXe siècle, disparurent pour donner naissance à des conceptions aux antipodes des précédentes. Dans l’imagerie chrétienne du combat symbolique de David contre Goliath, les rôles s’inversèrent : David devenait le méchant et ce sont les Palestiniens qui revêtaient les atours des persécutés. Et fait incroyable, les Israéliens symbolisaient la violence aveugle et jouaient le rôle fâcheux de l’agresseur. Et pour quelle raison ? Parce qu’ils étaient les vainqueurs ! Il ne pouvait pas en être autrement. Le monde se met du côté des juifs lorsqu’ils sont dans la détresse. Vainqueurs de leurs ennemis, ils ne méritent que sarcasmes et condamnations. Et nous ne sombrons pas dans je ne sais quelle victimologie. Mais malheureusement, un tel discours, si convainquant et si clair soit-il ne passe pas. Il suffit de voir les tribunes acceptées par les grands quotidiens européens : ils ne publient que les textes qui se contentent du service minimum quant au soutien apporté à Israël
Ce raisonnement occidental, biaisé dès ses fondements, colporté et renforcé par les médias internationaux n’en est pas un, c’est une projection d’images qui heurtent notre sensibilité.
Un exemple : imaginons une image complaisamment diffusée ad nauseam par les télévisions du monde entier, montrant une femme en train de poignarder à mort un homme… Limité à cette seule scène, l’acte de cette femme est abject et suscite l’indignation générale. Mais si l’on remontait un peu dans le temps et que l’on montrait les images précédentes où l’homme en question est un violeur et la femme se défendant contre une agression, le problème n’est plus le même : la femme qui tue son agresseur n’est plus considérée de la même façon. Voilà, pour parler comme la Bible, le machal et son nimchal, voilà l’allégorie et son interprétation allégorique.
La saine raison ne peut rien contre l’émotivité, la guerre des images règne sans partage. Et d’ailleurs, qui resterait de marbre devant des gens endeuillés, criant leur douleurs à la face du monde ?
Nous avons donc affaire à un image du juif qui a radicalement changé. Les Israéliens ne cherchent plus, comme les juifs du monde entier avant sa renaissance, à susciter la pitié ou la commisération du monde entier. Ses soldats sont vaillants et se battent avec leurs armes chaque fois que leur paix ou leur survie est menacée. Et cela a du mal à passer, à être acceptée par les médias du monde entier.
Très symptomatiques de cet état d’esprit sont les discours tenus hier par Barack Obama et par le secrétaire général de l’ONU : au lieu d’instruire le procès des crimes de guerre commis par le Hamas dont on a tant parlé, ils dirigent leurs accusations contre l’Etat d’Israël. Et comme on l’expliquait plus haut, ils jugent insupportables les images de destruction de Gaza. Ce que je peux comprendre, bien que ce ne soit qu’une partie de la photographie. Mais rien n’est dit sur cette pluie de missiles ayant même provoqué la fermeture de l’aéroport Ben Gourion. Ni sur ces milliers d’habitants du sud d’Israël, confinés, des semaines durant , dans des abris.
C’est triste. J’espère vraiment que les pourparlers du Caire déboucheront sur une paix durable et le retour de Gaza dans le giron de l’Autorité palestinienne. Après tout, le statut juridique de cette bande côtière n’est pas clair. Et rien ne permet au Hamas d’y régner, mis à part la violence armée. Au lieu d’accuser Israël, l’ONU devriat se pencher sur ce problème juridique international.
Je conclurai par deux citations bibliques, l’une tirée de la littérature prophétique et l’autre des Psaumes.
Ha-émét néédérét, la justice (la vérité, l’équité) est absente. ‘Et tsara hi le-ya’akov u-mimménah ywwash’a : c’est un temps très difficile pour Jacob mais il en sera délivré.