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  • François Hollande, l'irrévocable récusation?

    François Hollande, l’irrévocable récusaltion ?

    L’observateur superficiel et presse pourrait croire que l’on s’acharne impitoyable sur ce pauvre président de la République qui est loin de caracoler dans les sondages. E, réalité, on souhaite intensément son succès car de son succès dépend la remise à flots du pays, la France. Ce sont les sondages qui se suivent et se ressembelent avec une persistance d’une indicible cruauté, tant et si bien qu’avant janvier 2014 le président actuel devra prendre une décision. Deux faits vont l’y contraindre : les déclarations de son ministre du travail qui baisse les bras, parle d’échec et ne prévoir d’amélioration qu’au milieu de 2015, et encore, seulement si la croissance revenait. Or, aucun expert sérieux, pas  même gouvernemental, ne prévoit une telle reprise. L’autre élément n’est autre que le dernier sondage réalisé pour I-Télé et le Parisien : seuls 4% des sondés souhaitent que François Hollande se représente en 2017. Même les membres du PS sont plus de 60% à souhaiter qu’il s’abstienne et ne se représente pas. En revanche, Manuel Valls a plus de 48% d’opinions favorables, devant Martine Aubry et Arnaud Montebourg. Enfin, plus de 82% des sondés souhaitent que M. Hollande ne se représente plus.  Il faut dire que l’homme paraît impuissant, s’est trompé en s’entêtant à répéter que la courbe du chômage s’inverserait, que la reprise serait au rendez vous, etc… Il eût fallu changer de langage et dire la vérité aux Français, on aurait alors pu espérer une sorte de sympathie, de commisération, Rien n’est venu. Le président s’est contenté de faire le gros dos ; après le livre de son ancienne compagne, après les critiques des membres du PS, après le désaveu de ses anciens ministres.. Et rien n’a changé. Les diplomates étrangers susurrent en privé lors de réceptions en vase clos qu’ils ne comprennent pas qu’il n y ait pas en France de référendum révocatoire pour remettre le pays en marche, pour qu’il cesse d’être à l’arrêt.  On ne peut pas écarter l’hypothèse d’une grave mécontentement populaire. Rendez vous compte : dans els familles, les parents ont peut-être perdu leur emploi ou ont vu leur pouvoir d’achat amputé ; les enfants, parvenus à l’âge de travailler, ne peuvent pas trouver un emploi, ne se marient pas, ne s’installent pas.. Et face à ces malheurs, le pouvoir lève les bras au ciel. On parle d’une légère amélioration vers l’été 2015, et encore elle est très aléatoire : les gens vont ils attendre jusqu’à cette date ?  Le président devrait prendre une décision, soit remettre son mandat en jeu, soit dissoudre. Après tout, la seconde solution pourrait être la bonne. Mais la nouvelle majorité issue des urnes acceptera t elle de gouverner avec M. Hollande ? Involontairement, la dernière ouverture faite à M. Bayrou en donne une idée… Le maire de Pau parle de dernière onction donnée au PS. Cela ne promet rien de bon. Et on en est au même point : que faire ?

     

  • L'appel déguisé de M. Valls à une union nationale

    L’appel du pied de Manuel Valls au centre

    C’est indéniable, le gouvernement et sa majorité actuelle sont en parfaite inadéquation, l’un avec l’autre. Mais depuis quelques jours, la crise se précipite et tous se rejoignent dans la discorde, le PS de son côté, le premier ministre de l’autre. Je dis le premier ministre car on ignore ce que pensent les membres du gouvernement. Le fait que Manuel Valls ait été rappelé à l’ordre, même par le chef du PS, montre la profondeur de la ligne de fracture. Mais cela va bien plus loin, puisqu’on peut désormais parler d’une crise de régime ou au moins de gouvernement. Car que vient de faire M. Valls ? Il a, ni plus ni moins, menacé d’ouvrir la porte au centre, menaçant ainsi de changer la composition de la majorité. Il faut vraiment être sourd ou aveugle, ou tout simplement de part pris, pour ne pas reconnaître la situation. Certains pensent que cet appel au centre, auquel seul un dirigeant a timidement répondu, est une façon déguisée d’avancer à pas comptés vers un gouvernement d’union nationale. Les autres leaders du centre ont, quant à eux, franchement repoussé l’offre, parlant d’un «gouvernement socialiste en perdition», condamné par ses propres contradictions et au sauvetage duquel ils ne voulaient pas participer. La situation, il est vrai, n’est guère réjouissante. Il est même surprenant que le gouvernement s’en étonne, regrettant amèrement que l’on ne parle que de ce qui ne va pas. Mais voilà, que l’on nous indique donc ce qui va, nous serons alors les premiers à en parler et à lui donner la place qu’il mérite. Mais aujourd’hui, il faudrait être sourd ou aveugle (voir supra) pour réagir autrement. On nous reproche de dénigrer le pays, de se plaindre, bref d’être des professionnels de la rouspétance, mais comment faire autrement ?  De plus en plus de voix s’élèvent pour dire que la fin de ce quinquennat est sérieusement compromise, certains se demandant même de manière récurrente si son titulaire ira jusqu’au bout. C’est une atmosphère malsaine dont il convient de sortir au plus vite. Comment ? En disant la vérité aux Français. En reconnaissant que la lettre de Bruxelles au sujet du budget de la France n’est pas un message de félicitations mais de critique. La demande de précisions est un véritable euphémisme. Je trouve que l’éditorial matinal de M. Christophe Barbier n’était pas d’un ton exagérément alarmiste : il a parlé d’humiliation. Je me souviens d’une phrase de Georges Pompidou qui établissait un distinguo entre un scandale et le scandaleux : ce n’est pas scandaleux de parler d’un scandale lorsque ce scandale existe réellement… En d’autres termes, ceux qui se lamentent d’une situation lamentable n’en sont ni les responsables ni les auteurs. Que le gouvernement adopte enfin l’idée claire et nette d’une union nationale, il trouvera sûrement une oreille favorable et pourra nouer une authentique alliance avec des forces politiques désireuses d’œuvrer en commun au redressement de ce pays.

    Une occasion à ne pas laisser passer. Même au sommet de l’Etat.

  • Orthodoxie et libéralisme

    Comment est née l’idée même de réforme ou de libéralisme au sein du judaïsme ?

    Historiquement dans l’aire culturelle germanique, sous l’impulsion, volontaire ou involontaire, de Moses Mendelssohn (mort en 1786) et de la science du judaïsme qui domina les esprits juifs du XIXe siècle. Mais des théologiens et des rabbins libéraux veulent voir en des sages renommés du Talmud les véritables initiateurs du mouvement, notamment rabbi Yohanan ben Zakkaï, d’une part, et rabbi Akiba, d’autre part.

    Le premier est à l’origine du judaïsme rabbinique puisqu’il réunit autour de lui le fameux synode de Yabné (90-100 de notre ère) où le culte sacrificiel en vigueur au Temple, désormais détruit, ne pouvait plus se poursuivre et fut donc remplacé par la prière et le culte intérieur. Ce qui suffit à faire de cet homme un réformiste, aux yeux des rabbins libéraux du XXe siècle. Et le second, rabbi Akiba, contemporain de Bar Kochba (vers 130 de notre ère), a lui aussi contribué à substituer les Docteurs des Ecritures aux prêtres puisque le temple était détruit. Akiba aussi pouvait donc faire figure de sage réformiste et de lointain ancêtre de la réforme et du libéralisme.

     Mais ma préférence va aux  explications plus solidement historiques car elles sont plus vraisemblables et ne tentent pas de substituer leurs propres idées à celles des sources juives anciennes..

    En deux siècles d’évolution, les réformistes se sont, pour ainsi dire, assagis et ont opéré un recentrage en direction d’une tradition juive rénovée, mieux adaptée à son temps. L’Europe n’est plus la roue motrice du mouvement après avoir été, pourtant, son berceau et son creuset.

    Les Etats Unis d’Amérique, terre promise de la réforme ? Oui, assurément. C’est bien dans le nouveau monde que le judaïsme libéral et réformé a connu sa finalisation, c’est là qu’il s’est développé, reprenant, du moins à ses débuts, l’héritage germanique des pères fondateurs tout en l’acclimatant aux nouvelles réalités. En d’autres termes, le judaïsme allemand a été l’humus du mouvement américain qui le dépassa en en élargissant considérablement les perspectives.

    En deux siècles d’existence, ce judaïsme libéral implanté aux Etats Unis a nettement changé par rapport aux sources et à l’humus qui lui ont servi de terreau.  Abraham Geiger, l’âme du mouvement, a tout fait pour favoriser l’émergence non pas d’une religion entièrement nouvelle, mais d’une autre sensibilité religieuse qui s’étendrait à tout le judaïsme. Le  mouvement dont il fut l’initiateur a fini par abandonner cette prétention un peu irréaliste. L’ambition de Geiger englobait la totalité du judaïsme, un peu comme le protestantisme de Luther visait toute la chrétienté. Aujourd’hui, beaucoup d’idées du judaïsme réformé se sont naturellement imposées à la communauté juive dans son ensemble. Un exemple : en Israël, c’est le grand rabbinat orthodoxe lui-même qui a renoncé, de son propre chef, au second jour des fêtes de pèlerinage car il en connaissait, mieux que quiconque, la motivation : lorsque la cause n’existe plus, l’effet n’a plus de raison d’être…

     Il faut s’arrêter un instant sur l’immigration juive d’Allemagne vers les USA. Les  premiers jalons d’une émigration juive vers ce pays avaient déjà commencé du temps de Moïse Mendelssohn. A toutes ces familles expatriées il fallait des guides spirituels. Certes, les représentants de l’orthodoxie étaient, eux aussi, bien implantés sur place mais leur conception religieuse n’attirait plus de nouveaux adeptes ; leurs collègues réformés furent mieux partagés. Et ces derniers n’avaient, en guise de modèle, que le paradigme allemand d’un judaïsme réformé ou libéral. Le rabbin David Einhorn, grand admirateur du rabbin Samuel Holdheim (1806-1860) et futur collègue du plus modéré Isaac Mayer Wise, avait immigré aux USA où il prononçait ses sermons en … allemand, car c’était la langue maternelle de toute sa congrégation.

    Les conditions étaient donc réunies pour faire des USA la terre promise de la réforme. Les premières graines semées en Amérique y ont donné leurs plus beaux fruits et ont pris racine sur place puisque la communauté libérale américaine est la plus puissante et la plus dynamique au monde. Toutefois si l’on veut examiner sérieusement les tout premiers débuts du mouvement sur le sol américain, il faut remonter aux timides tentatives de quelques juifs de Charleston, en Caroline du sud, qui, dès 1826, bien avant l’arrivée des leaders européens, se constituèrent en un petit groupe de quarante-sept personnes, issues de la communauté de Beith Elohim (en hébreu la maison de Dieu) et demandèrent respectueusement à leurs dirigeants des réformes concernant le déroulement du culte.

    Voici un bref résumé de leurs principales demandes : Rien n’est plus cher, écrivaient ils, à notre cœur que le respect de notre religion et le bien-être de notre nation. En qualité de membres de la grande communauté d’Israël, nous ne voulons pas transmettre à nos enfants un exemple obscurantiste ni les priver des bons moyens d’adorer rationnellement le Dieu de vérité. En demandant que le ministre officiant (le hazan) répète les prières en anglais, nous fortifions l’attention des orants qui ne comprennent pratiquement plus l’hébreu et renforçons leur ferveur religieuse. Les pétitionnaires reconnaissent que tous n’ont pas les moyens ni le temps de se consacrer à l’étude de l’hébreu. Ils demandent donc avec raison : n’est ce pas le but de toute société religieuse de diffuser les bases de la foi parmi les pauvres et les ignorants ? Du haut de la chaire, on nous expose les fondements de notre religion dans une langue que nous ne comprenons pas.

    Mais les pétitionnaires de Charleston ne s’arrêtaient pas là, ils exigeaient aussi que l’on gardât l’essentiel et que l’on supprimât l’accessoire… Ce qui constituait une réelle révolution. Pour que la prière atteigne ses objectifs, il faut que les passages essentiels soient lus en anglais et que tous puissent les comprendre. Une dernière réclamation portait sur la lecture hebdomadaire de la péricope biblique le samedi matin : cette lecture devrait se faire en anglais afin que tous pussent en tirer profit et en être édifiés. Enfin, les pétitionnaires suggéraient que cette péricope biblique fît l’objet d’une sorte de prêche le samedi après midi afin que les fidèles pussent se faire une idée claire de ce que la Tora recommandait d’accomplir dans un certain nombre de situations.

    Dans ce livre qui vient de paraître Le judaïsme libéral, on examine aussi l’implantation de ce mouvement  en France. Mais en gros, depuis l’apparition de l’ULIF (Union Libérale Juive de France) d’autres communautés libérales ont vu le jour et voient leurs rangs grossir de manière constante et régulière.