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  • la prestation télévisée du président François Hollande

    la prestation télévisée du président François Hollande

    Par delà les jugements, et ils sont tous plutôt sévères, la question que cette interview suscite est la suivante : est ce que l’époque avec toute son évolution, est encore en adéquation avec l’état d’avancement du pays ? Est ce qu’on peut encore organiser de tels rencontres ? Plus personne n’y croit. Même les journalistes ont reconnu après coup que l’exercice était daté et ne s’imposait plus. Il faut autre chose. Ce sont les critiques des jeunes qui m’ont convaincu : il faut autre chose. Mais quoi ? D’autres types de rencontres avec le peuple sont nécessaires. Une autre question se pose : est ce que c’était du niveau du président de la Ve république de se confronter à des problèmes d’intendance, surtout lorsqu’on n’a rien à annoncer de fondamentalement nouveau. Il fallait y penser avant. Ce que François Hollande voulait, c’était avant tout mettre un terme à cette chute vertigineuse dans les sondages. Mais aucun conseiller présidentiel na osé dire qu’il fallait changer de logiciel : on ne traite plus ainsi avec ses électeurs. Il faut une action plus participative, plus vivante, et aussi moins de réglementations, moins d’état. C’est là le talon d’Achille de la France : l’omniprésence de l’Etat. Il est partout au lieu de se cantonner à des tâches essentielles, plus régaliennes, comme la défense, la sécurité, la politique étrangère. Or, l’Etat s’occupe des hôpitaux, de la télévision, des radios, de l’économie, des écoles et de l’éducation en général, de l’enseignement supérieur, etc… Et fait aggravant : ce sont ses propres élites, toutes fabriquées selon le même moule qui sont à la tête partout. Et toute cette administration qui se mêle de tout, au lieu de laisser aller, laisser faire. C’est donc aussi un problème de culture, la culture française adore une vache sacrée, intouchable : l’Etat. Il contrôle tout et en cas de conflit du travail, de fermeture d’usine, de chômage, c’est toujours vers l’Etat que l’on se tourne. Comment faire un lavage de cerveau pour que les mentalités changent ? CQFD. Un jeune étudiant qui avait voté pour François Hollande m’a ému : le président a dit ce qu’il voulait faire en 2017 au lieu de nous dire ce qu’il peut faire pour nous hic et nunc…

    La France doit cesser de penser qu’elle est le nombril de l’univers. Il faut se comparer aux autres, faire preuve d’humilité. Regardez l’Allemagne, l’Angleterre, même l’Espagne et l’Italie. Il faut cesser de faire de l’autisme. A lui seul, François Hollande n’y arrivera pas. Il cumule tous les handicaps de la France, mais il est injuste de tout lui imputer. J’ai entendu Nicolas Doze dire qu’on glissait lentement mais surement vers le déclin. Cela ne se sent pas, un peu comme une maladie qui avance insidieusement et dont on ne relève la présence que lorsqu’il est trop tard.

  • Le cas Benzeéa, la morale l’emporte

    Le cas Benzeéa, la morale l’emporte

    La décision de la Fédération Française de Foot fera date : pour la première fois, c’est l’éthique qui l’a emporté sur toutes autres considérations. Enfin, la morale reprend pied dans un univers où elle comptait pour quantité négligeable.

    Mais avant d’aller plus loin, il faut rappeler avec force que tant qu’on n’est pas condamné, on est présumé innocent. Tout le monde doit bénéficier de la présomption d’innocence. Pour le moment contre ce joueur de Foot Ball il n ‘ y a que des charges, pas d’accusations et il a été mis en examen. Mais une mise en examen se solde dans 80% des cas par un non lieu ou un abandon des poursuites.

    Il semble cependant que des indices inquiétants aient été découverts et que la bonne foi du joueur soit mise en cause. Mais attendons pour voir. Ce qui intéresse ici le philosophe moraliste ou éthicien, c’est qu’une puissante fédération n’a pas seulement écouté ses propres intérêts mais tenu compte de l’impression produite sur l’opinion publique, accordant une sorte d’immunité imméritée à une vedette ou à une personnalité connue pour ses talents ou ses mérites réels ou supposés.

    Il faut saluer comme il convient ce début de moralisation qui fera jurisprudence. Il y a aussi l’aspect exemplaire : sélectionner ce joueur sur lequel tant de charges (je dis bien charges et non accusations), c’était tenir la justice pour quantité négligeable C’était aussi dire que le public étant de son côté, eh bien, le reste ne comptait pas. C’eût été un pari risqué. Noël le Grät aurait pu le prendre mais son amour de la justice l’en a empêché. Il y a aussi les autres membres du conseil qui ont vite de ramener le curseur là où il fallait. On ne peut pas représenter notre pays, la France, dans une telle compétition quand on est déjà mis en examen et que des soupçons, même de simples soupçons, pèsent sur vous.

    Le monde du foot ball est trop sorti des clous ces derniers temps, les personnalités les plus éminentes ont été mises en cause et chassées de leurs postes de direction. La fédération française a donc bien agi. Et puis, qu’on se le dise, nul n’est irremplaçable. L’équipe de France a jouté et même gagné des matchs sans ce joueur

    Cela commençait à faire beaucoup : il y eut des joueurs qui ont eu recours à des filles de petite vertu, d’autres qui ont ridiculisé la France à la face du monde entier lors d’un certain mondial, etc… On se souvient de la phrase sagace de la ministre de l’poque : des caïds immatures…

    Vive l’éthique même sur un terrain de foot que des millions de jeunes de toutes classes sociales regardent avec envie. Il faut de l’exemplarité. On l’a enfin.

    Alors bravo !

  • Terrorisme, le coup de pied dans la fourmilière

    Terrorisme, le coup de pied dans la fourmilière

    Faut il faire crédit aux déclarations du terroriste Abrini, ce Belgo-marocain arrêté en Belgique ? Dit il la vérité ou cherche t il à abuser les enquêteurs en leur faisant croire que l’ensemble de la cellule terroriste a été démantelé ? C’est là toute l’incertitude à laquelle les gouvernements français et belge sont confrontés : Abrini, coupable de tant de chefs d’accusations, mais qui n’est pas encore jugé ni condamné, s’est mis à parler : selon ses dires, les terroristes s’apprêtaient à frapper la France, notamment le quartier de la Défense et le siège d’une institution catholique conservatrice. Mais l’arrestation d’Abdelslam a précipité les choses : se sentant en voie d’arrestation, les terroristes ont opté pour un plan B mal préparé (heureusement) et qui a conduit à l’anéantissement de toute la cellule. Mais peut on faire confiance à un individu qui s’est enfui en laissant sa bombé dans le hall de l’aéroport de Bruxelles ? Peut on faire confiance à un terroriste qui a contribué aux attentats de Paris ? Un individu qui a, avant tout, voulu sauver sa peau alors que ses comparses allaient jusqu’au bout de leurs sinistres projets ? Et puis pourquoi Abdelslam n’a t il pas parlé pour dénoncer ses complices dont il savait pertinemment qu’ils n’étaient pas des enfants de chœur ? Les Belges ont raison de se méfier, mais leur réveil est quelque peu tardif.. Même si l’on est sûr d’avoir porté un coup sévère aux terroristes, rien ne dit que des cellules dormantes, compartimentées de manière hermétique, ne passeront pas à l’action un jour ou l’autre. On ne sortira pas de cette situation avant plusieurs années, voire des décennies. On paie un long moment d’insouciance, d’inattention, de naïveté et de laisser-aller. On ne peut pas intégrer le monde entier, surtout lorsqu’il s’agit de populations issues d’autres cultures : comment voulez vous que des gens habitués à la violence, au totalitarisme, au régime politique très autoritaire, à l’exclusion des femmes de l’espace public se convertissent du jour au lendemain à nos valeurs judéo-chrétiennes qui sacralisent la vie, prônent l’égalité absolue entre les hommes et les femmes ?

    On aura remarqué que depuis de nombreuses années on ne parle plus du dialogue des cultures alors que c’était jadis la tarte à la crème : l’Occident à court d’idées, pensait qu’au fond toutes les idéologies sa valent, que les hommes ont partout les mêmes, etc… C’était un humanisme du café du commerce… L’Occident s’était trompé, de même qu’il n’avait pas compris qu’il serait à son tour confronté aux même problèmes que l’Etat d’Israël qui lutte, chaque jour que Dieu crée, contre un terrorisme aveugle.

    Pourtant, aujourd’hui, l’aéroport de Bruxelles demande aux voyageurs de venir deux ou trois heures avant le décollage. Quel retournement de situation ! Aujourd’hui, en toute discrétion, des équipes étrangères vont le voyagé de Tel Aviv pour rencontrer leurs collègues israéliens et apprendre de leurs méthodes.

    Certaines erreurs de nature politique peuvent coûter très cher en destructions mais aussi et surtout en vies humaines : prenez ce que François Fillon a dit hier sur BFM TV au sujet de l’Etat islamique : il faut le neutraliser car c’est la racine de tous les maux. Eh bien, voyez comment on isole la Russie alors que c’est elle qui a fait le ménage sur place. Je ne me fais aucune illusion sur la nature véritable de Vladimir Poutine, mais si les deux coalitions fusionnaient, on aurait sérieusement avancé sur le terrain. L’Ukraine ne doit pas être un obstacle infranchissable, même si je considère que Poutine a osé s’en prendre aux frontières héritées de la seconde guerre mondiale.

    Le terrorisme n’est pas seulement à nos portes. Il est déjà dans la place, il épouse tous les contours du réel et peut s’appuyer sur une infrastructure locale dont les autorités ignorent tout. Songez que c’est un précieux renseignement des services marocains qui a permis de neutraliser le terroriste Abahoud, lequel se préparait à commettre un bain de sang à la Défense… Imaginez ce qui se serait passé si l’on n’avait pas eu cette précieuse information !!

    Le coup de pied dans la fourmilière bruxelloise ne doit pas faire illusion. De nombreuses cellules dormantes pourraient passer à l’action. Il faut renforcer la surveillance de certains milieux dans nos territoires. Et chacun sait lesquels.

    Maurice-Ruben HAYOUN in Tribune de Genève du 11 avril 2016