Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 5

  • Heinrich Gerlach, Eclairs lointains. Percée à Stalingrad (Editions Anne Carrière)

    Heinrich Gerlach, Eclairs lointains. Percée à Stalingrad (Editions Anne Carrière)

    Splendide ouvrage que ce roman qui retrace les derniers moments de plus de 300. 000 soldats allemand, commandés par un maréchal du Reich Paulus et pris dans la nasse devant Stalingrad en feu et en ruines. Ce livre eut un destin assez incroyable puisqu’il fut confisqué par les Soviétiques lorsque son auteur quitta le camp de prisonniers, près de Moscou où il était interné, pour regagner enfin le sol de la mère patrie. Une Allemagne en très mauvais point puisqu’elle avait dû accepter une capitulation sans conditions.

    L’auteur, lieutenant de la Wehrmacht, se met en scène dans le livre puisqu’il fit partie de cette fameuse 6eme armée allemande commandée par le Generaleldmarschall Paulus qui, après moult hésitations, finit par capituler afin de ne pas livrer presque un demi million d’hommes à la destruction. Hitler lui avait pourtant promis des renforts de troupes fraîches et des divisions blindées qui n’arrivèrent jamais. Quant aux soldats transis de froid devant Stalingrad, ils furent livrés à leur sort sans pouvoir ni contre-attaquer ni se défendre valablement face à des divisions soviétiques qui ne reculaient pas même devant des sacrifices humains énormes. Les soldats de l’Armée rouge couraient vers les tranchées allemandes qui les hachaient menu avec leurs mitrailleuses ; mais les ordres étaient les ordres.

    Du côté allemand, le général hiver décida du sort de la bataille : pas d’équipement approprié, pas de ravitaillement suivi, par d’arrivages de munitions. L’auteur qui partagea le calvaire de ses camarades d’infortune avant de se retrouver dans un camp de prisonniers raconte comment on abattait les chevaux pour s’en nourrir, comment on ne recula même pas devant l’égorgement d’un chien qui fit les délices de soldats et d’officiers affamés. Mais le pire, c’était le froid. La neige, le manque de bottes en feutre, les uniformes d’hiver n’étaient pas encore là et surtout l’aviation et l’artillerie russes qui attaquaient presque sans arrêt.

    Le livre contient aussi quelques réflexions sur les débats qui allaient agiter l’Allemagne et les survivants de la catastrophe. Pris dans le chaudron ( der Kessel en allemand) de Stalingrad, soldats et officiers ne croyaient plus en rien et tournaient les ordres d’Hitler en dérision. Dans bunker surchauffé de Berlin, il n’avait aucune idée de ce que vivaient les soldats, transis de froid et mourant de faim.

    Un jour, le pasteur de la division est interpellé par des hommes qui lui demandent comment il arrive à concilier sa vocation ecclésiastique et la violence qui ravage le monde. Comment bénir les armes qui tuent, estropient et ravagent toute vie, tant physique que morale… Le pasteur s’en tire par une pirouette en parlant de l’état d’imperfection de ce bas monde : partant, comment exiger d’un tel homme une conduite parfaite et irréprochable dans un monde si imparfait ?

    Lorsqu’un officier inconscient ordonne à son subordonné d’exécuter froidement un soldat soviétique fait prisonnier mais qui ne veut pas répondre aux interrogatoires, l’homme clame qu’il ne le fera pas, même s’il doit comparaître devant une cour martiale.

    Un jour, on confie deux prisonniers russes à une escouade laquelle revient en disant que leurs prisonniers ont tenté de s’évader et qu’ils furent donc abattus… Mais l’auteur ne se faisait pas d’illusion sur ce qui s’était vraiment passé…

    Un mot du sort de ce livre : comme on le notait plus haut, son auteur, Gerlach, le rédigea dans son camp de prisonniers en Russie. En franchissant la frontière après sa libération, le manuscrit est confisqué au grand dam de l’auteur qui, après tout ce qu’il a vécu et dans le Kessel et au camp, ne désespère pas de faire connaître sa terrible histoire. De tous les journaux auxquels il demande de l’aide et de l’argent, seul une publication à gros tirage réagit. Comment ? En lui proposant le marché suivant : on lui finance une série de séances d’hypnose chez un médecin munichois afin qu’il retrouve la mémoire, grâce auquel l’auteur retrace environ 150 pages sur 650 au total !

    Revigoré par cette aide imprévue, notre auteur se remet au travail et retrouve progressivement la mémoire. Il complète son ouvrage qui devient vite un best seller. Il y a même des contrats de traductions, jusques et y compris en Pologne. Mais voilà, notre médecin, alerté par de telles ventes, sent la bonne affaire et attaque en justice Gerlach, lui réclamant 10% sur tout le chiffre d’affaire. L’auteur refuse et dit que le contrat signé après hypnose ne vaut rien. En fait, sans le dire, il plaide l’abus de faiblesse !

    Le médecin sera finalement débouté. Il est intéressant de lire les longues annexes qui clôturent le livre. On y apprend que Michail Souslov, l’idéologue du régime, avait mis en garde contre la restitution de ce manuscrit dont la publication viendrait renforcer les revanchards allemands…

    Quelle Histoire, mais aussi quel livre !

  • La prise de parole du président Macron ce soir sur TF1

    La prise de parole du président Macron ce soir sur TF1

    Ceux qui prévoient une sorte de capitulation d’Emmanuel Macron face aux médias et à leur diktat se trompent assez lourdement. Certes, le président fait preuve de pragmatisme, il fait contre mauvaise fortune bon cœur, mais il reniera pas sa décision dite jupitérienne : ne pas descendre dans l’arène médiatique, redonner un pouvoir aussi exorbitant que dévastateur des journalistes et suivre son chemin. En réalité, il fait une pause car sa chute constante dans les sondages commençait à l’inquiéter et devenait un thème de prédilection des médias. Il va donc parler sur TF1 ce soir pendant une bonne heure. Est ce la bonne solution ? Oui, si cela ne devient pas un rituel auquel il faudra sacrifier régulièrement ; cela signerait une sorte de défaite face à la toute puissance des médias. La presse est un contre-pouvoir, ce n’est pas un pouvoir.

    Prenons un exemple, même s’ il faut saluer l’action dissolvante des journalistes, maillon indispensable de toute vie politique démocratique. Vous savez que le président du groupe parlementaire des marcheurs à l’Assemblée nationale a été blanchi par la justice qui a vraiment pris son temps. Le procureur général a classé le dossier sans suite et on peut comprendre que le principal intéressé ait poussé un soupir de soulagement. Et voici que ce pauvre homme est interviewé par une journaliste connue qui le met littéralement sur le gril… Elle veut lui faire comprendre que les choses ne vont pas s’arrêter là, que l’avocat de quelques parties civiles clame son intention de faire appel, bref d’aller plus au fond, si tant est qu’il y ait encore quelque matière à investigation…

    Ceci est une inacceptable judiciarisation de la vie politique.

    On comprend que les avocats fassent de la procédure, après tout ils en vivent et ils sont là pour cela. Eux aussi constituent un maillon indispensable de la vie civile dans un Etat démocratique. Imaginez en effet que vous soyez arrêté dans la rue ou sur la route par des policiers qui vous placent en garde à vue ; vous serez bien content de voir arriver un avocat qui vous tirera de cette mauvaise passe. J’ajoute qu’il est le seul à pouvoir le faire car la loi lui en donne le droit.

    Mais revenons à ce journalisme qui ne sait plus quoi inventer pour renforcer l’audience, véritable épée de Damoclès placée sur le maintien ou la disparition de telle émission ou de telle autre : si son indice d’audience ne se redresse pas, elle est condamnée à disparaître… Et ceci est souvent la loi d’airain de ce type d’émissions… D’où leurs excès et leur volonté de survivre à tout prix : les souffrances occasionnées aux familles ou aux principaux intéressés ne les préoccupent guère…

    Tout ceci pour dire que ce soir E. Macron ne se reniera pas, il n’avalera pas son chapeau, ni ne remettra le pouvoir entre les mains des médias. Comme le fit son malheureux prédécesseur qui a fini par récolter ce qu’il avait semé. Le fameux livre avec les deux journalistes d’un grand quotidien du soir lui a été fatal. E. Macron fut, nous dit-on, horrifié par ces étranges confessions dont certaines étaient vraiment incompréhensibles. Et qui est sorti vainqueur de ce match ? Les deux journalistes, évidemment. Le perdant avait tout simplement oublié qu’il était (pour peu de temps encore) le président de la République.

    L’actuel président a un imposant train de réformes à faire passer. Il sait pertinemment que nos compatriotes ne se laisseront pas faire. Il l’a vu avec les nouvelles ordonnances sur la loi travail. Il a dû les atténuer quelque peu mais l’essentiel a désormais force de loi. Il s’apprête à présent à en faire autant avec les autres déficits (sécurité sociale, indemnité de chômage, retraites, etc…). Cependant, il a commis une petite erreur en réclamant cette baisse de cinq euros qui touche des gens en bas de l’échelle sociale et qui réagissent. Je dois dire que je comprends leur réaction, d’autant que cela renforce l’étiquette injuste de président des riches et qui ponctionne le maigre budget des pauvres. J’ai entendu des dames dire ce matin que 60€ par an, c’était important pour elles. Et je n’ai aucune raison de les soupçonner d’indignation infondée…

    1. Macron a compris que ce ne sont ni les salariés du privé ni les fonctionnaires qui constituent la richesse d’un pays. Ils en sont les forces vives, on ne peut rien faire sans eux mais ils n’ont pas de capitaux à investir pour créer des emplois ou des richesses. Il faut des investisseurs puissants, des chefs d’entreprises courageux qui prennent des risques.

    Or, aujourd’hui, nous vivons un bouleversement total des anciennes structures, notamment de protection sociale. Et le soi-disant modèle social français ne pourra pas poursuivre sur sa lancée si on ne jugule pas les déficits. Il suffirait d’un petit accident (que nul ne souhaite) dans la conjonction internationale pour que tout s’écroule : que le prix du baril de pétrole remonte, que les taux d’intérêt des emprunts français sur les marchent grimpent pour que la croissance retombe en panne.

    Ce qui explique la célérité avec laquelle E. Marcon pousse son train de réformes. Donc, ce soir, on aura affaire à un président proche des Français, conciliants avec tout le monde mais fidèle à ses engagements.

  • L’Iran et la réconciliation inter-palestinienne : est-ce crédible ?

    L’Iran et la réconciliation inter-palestinienne : est-ce crédible ?

    Chaque fois qu’un accord est en vue au Proche Orient, des imprévus, des difficultés insoupçonnées surgissent et réduisent à néant tous les efforts accomplis pendant des mois, voire des années. C’est comme si une fatalité accablait cette région du monde qui sombre à intervalles réguliers dans la guerre et une violence endémique. Mais laissons cette pensée pessimiste de côté et tentons de progresser vers un avenir un tant soit peu prévisible concernant cette région si disputée du monde.

    L’accord qui se dessine entre les frères ennemis de Ramallah et de Gaza n’est pas un pur fruite du hasard. C’est la conséquence d’une politique systématique de Mahmoud Abbas dont la patience était à bout. C’est lui qui a mis à genoux la direction politico-militaire du Hamas en prenant des mesures draconiennes, mesure, qui, si elles avaient été prises par le gouvernement d’Israël, auraient soulevé une tempête d’indignation. Mais là, avec le président palestinien, c’est passé comme une lettre à la poste.

    Abbas a donc décidé de ne plus payer la facture d’électricité de Gaza, de restreindre la livraison des médicaments, il a veillé à ce que les points de passage soient encore plus hermétiques qu’auparavant, de restreindre aussi le paiement des salaires des fonctionnaires sur place, bref il a mis en marche une véritable stratégie d’étranglement de la bande de Gaza et de ses habitants, lesquels contestent fortement désormais la conduite politico-militaire du Hamas… Le Hamas n’avait plus le choix, il n’a pas été soudainement touché par la Grâce : tous ses alliés ou ses soutiens lui ont fait comprendre qu’il vivait ses derniers instants et que la population risquait de se soulever en raison de ses dures conditions de vie.

    Assurément, nous ne sommes pas à l’abri de mauvaises surprises. Que de fois le Hamas n’a t il pas signé des accords de réconciliation pour ensuite les dénoncer ou ne jamais les appliquer alors que l’encre du document n’était pas encore sèche. Ce succès, s’il venait à se confirmer, est l’œuvre de la diplomatie égyptienne. Le président égyptien dont le pouvoir est sérieusement contesté par les attentats islamistes est un militaire qui a compris que les Arabes ne portraient jamais détruire Israël et qu’ils s’étaient engagés dans une impasse. Mais surtout il a compris que le conflit entre les Israéliens et les Palestiniens n’était plus l’essentiel, la priorité. La priorité urgente, c’est l’Etat islamique et la menace qu’il représente dans la région. Il faut donc régler cette affaire pour peser ensuite de tout son poids sur la question palestinienne.

    C’est l’armée égyptienne qui a contribué à étrangler économiquement le Hamas de Gaza. Abbas et Al-Sissi ont pris le Hamas en tenaille, et l’aide iranienne n’a pas pu inverser le rapport de forces. Or l’Iran est devenu le sujet de préoccupation numéro un des états arabes modérés de la région ; l’Arabie saoudite l’a bien compris qui multiplie de plus en plus ouvertement les contactes, voire les rapprochements avec l’Etat hébreu. Et ceci peut changer du tout au tout le rapport de forces dans la région. Imaginez simplement que l’armée de l’air israélienne puisse emprunter l’espace aérien saoudien… Cela pourrait empêcher de dormir certaines personnes à Téhéran.

    Cette unité palestinienne, si elle devait aboutir, créera une autre perspective. Certes, suivant la tendance orientale à masquer les problèmes et à faire une confiance un peu aveugle à l’articulation du temps et de la vie, les diplomates égyptiens ont isolé de l’accord le sort des armes du Hamas. Or, si Hamas et Fatah fusionnent à Gaza, quid de leurs programmes respectifs ? Ramallah accepte l’état d’Israël, Gaza veut le détruire.

    Si j’ai bien compris, ils vont commencer par envoyer quelques milliers de policiers de Cisjordanie à Gaza ; ces hommes vont assurer le maintien de l’ordre ainsi que la sécurité aux frontières. Si tout se passe bien, les Egyptiens rouvriront les points de passage en vérifiant qu’aucune arme n’entre dans la bande. Comme les services de sécurité du Fatah collaborent avec les Israéliens, cela devrait, en principe, augurer une ère de calme à défaut d’une paix véritable. C’est mieux que rien…

    Les Egyptiens font une pari sur l’avenir : la dynamique de paix, l’amélioration des conditions de vie devraient pousser au désarmement de la branche armée du Hamas. Est ce réaliste ? Les Egyptiens disposent de bien des moyens de pression. Ils sauront isoler le Hamas lui montrant quel est, selon eux, son intérêt bien compris. Et les choses devraient se régler rapidement.

    Reste l’Iran qui ne renoncera pas si facilement à sa position dans la région où il est loin d’être un facteur de paix et de stabilité. Et cela nous conduit à évoquer le refus du président Trump de certifier l’accord sur le nucléaire avec l’Iran. L’Iran joue sur plusieurs tableaux : d’un côté, il a en apparence ralenti ses recherches sur l’arme nucléaire, mais d’un autre côté, il soutient les groupes terroristes de la région. Donald Trump affirme donc que l’Iran prétend respecter la lettre de l’accord, tout en péchant contre son esprit. Il n’a pas tort et les essais portant sur les missiles balistiques constituent en effet une violation de l’esprit de l’accord…

    Certains régimes totalitaires ne parviennent pas à lutter contre leurs propres démons : alors qu’ils s’apprêtent à récupérer des dizaines de milliards de dollars pour développer leur pays et renforcer leur emprise sur une jeunesse qui pourrait leur échapper et menacer leur survie, les Mollahs n’en démordent pas et veulent à tout prix exporter leur révolution et s’installer en Syrie et au Liban, aux frontières d’Israël. C’est une voie dangereuse.

    L’Iran commettrait une lourde erreur en tentant de saboter l’accord inter palestinien. Il devrait tout faire pour asseoir son intégration dans le concert des nations. Les semaines à venir nous diront sir la région va enfin changer et la raison affirmer tous ses droits.