Les karaïtes prennent enfin la parole…
Lorsque j’ai visionné le beau film de Monsieur Vladimir ELI sur les karaïtes de San Francisco, qui dure une bonne heure, l’envie m’a pris d’en parler ici. Mais, tout d’abord, quelques généralités sur cette secte juive dissidente, qui vit à l’état schismatique depuis les VIII-IXe siècles
Le nom qu’elle porte définit bien son programme : contrairement à leurs frères ennemis rabbanites, ils ne reconnaissent pas la loi orale, c’est-à-dire tout le grand corpus du talmud et du midrash qui ont pourtant, au fil des siècles, façonné la religion juive actuelle connue sous le nom de judaïsme rabbinique. Le mot karaïsme vient du verbe ou du substantif hébraïque KARAH qui signifie lire. Karah et son dérivé Miqrah connotent l’idée de lire ce qui est écrit et rien d’autre. Les karaïtes se fient exclusivement à la Bible hébraïque et à ses vingt-quatre livres, reconnus comme faisant partie de la Tora écrite, la seule qui soit contraignante pour l’orant juif d’obédience karaïte. D’où le schisme puisque, faute de concordance documentaire entre les deux traditions, les deux partis ne manqueront pas de se séparer l’un de l’autre sur des questions pratiques ; la détermination des fêtes religieuses, le mode d’abattage des animaux consommables, les interdits sabbatiques, la circoncision, l’hygiène familiale, et tant d’autres pommes de discorde qui rendaient impossible toute vie religieuse commune. Et je ne parle pas de leur prosternements durant la prière, leur déchaussement, le dépouillement strict de leurs lieux de culte, etc