IVeme partie
Changeons d’univers pour passer dans le monde de la kabbale qui n’attendait que son heure, tapie dans l’ombre de quelques intellectuels déçus par l’intellectualisme froid du maimonidisme.
Nous allons voir à présent comment le courant ésotérique juif, l’univers de la kabbale, a réagi à cette spiritualisation de l’héritage biblique par un représentant juif d’Aristote, Moïse Maimonide. Par un subtil mouvement de balancier dont l’histoire juive semble avoir le secret, celle-ci empêche d’aller trop loin dans un sens ou dans l’autre. Au Guide des égarés de Maimonide fait face le Sefer ha-Zohar dont Moïse de Léon est l’auteur de la partie principale au XIIIe siècle. Ce même Moïse de Léon, on en a la preuve formelle, avait commandé à un scribe un exemplaire du Guide afin de l’étudier de près ; mais il s’en écarta à cause de son intellectualisme froid qui le rebutait. Il opta pour l’exubérant symbolisme kabbalistique qui envoûtait tous ceux qui s’en approchaient. Déjà Abraham ben David de Parquières (de son acronyme hébreu RaBaD), issu des nombreux cénacles kabbalistiques où l’on interprétait la Tora selon des critiques autres que rigoureusement rationnels, avait adressé au Guide des remarques critiques (hassagot) . Notamment concernant le dogme de l’incorporéité divine dont Maimonide avait fait son principal cheval de bataille. Rabbi Abraham ben David dira qu’il a connaissance de savants autrement plus illustres que l’auteur du Guide et qui admettaient en leur créance la corporéité divine… Il faisait ainsi allusion à un mystérieux petit écrit qui circulait jadis dans certains milieux lettrés, Iggérét shiur qoma (Epître de la mesure de la taille ou du corps).
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