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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1341

  • LE PAPE EN FRANCE : BILAN ET LEÇONS D’UNE VISITE

     

     

    LE PAPE EN FRANCE : BILAN ET LEÇONS D’UNE VISITE
        La France aurait besoin d’une catharsis, d’une sorte de purge de ses fantasmes, de ses démons. Comme du temps de Jean-Paul, on a pu voir que ce beau pays était divisé en deux, tant partisans et adversaires refusent de se parler, de s’écouter et préfèrent se murer dans une détestation ou une vénération qui ne veut rien entendre… Etrange.
        Faisons une tentative de tirer les enseignements de cette visite et voyons autour de quels grands axes elle s’est déroulée. Pour ce faire, il convient de retirer des différents discours (à l’Elysée, au collège des Bernardins, à Lourdes et devant un parterre d’évêques) les points les plus saillants.
        Vendredi, à l’Elysée, le pape Benoît XVI a dit tout l’intérêt qu’il trouvait dans cette belle formule de laïcité positive, intelligente et réfléchie. Il a dit son respect des idéaux républicains qu’il ne considère pas être en contradiction absolue avec les valeurs de l’église. D’ailleurs, le président avait très adroitement montré que les préoccupations respectives de l’Etat et de l’Eglise convergeaient vers un même idéal : assurer le bonheur de l’homme… Carl Schmitt, le grand juriste des années trente qui s’était temporairement fourvoyé avec les Nazis, avait écrit dans sa Théologie politique que tous les idéaux politiques étaient des thèmes originellement religieux et qui furent sécularisés par la suite. C’est, en d’autres termes, reconnaître la genèse relieuse du politique, même si ce dernier a, dans un pays comme le nôtre, coupé le cordon ombilical depuis fort longtemps.
        Le discours des Bernardins reprend la trame du discours de l’Elysée en appuyant sur certains points que le pape avait tout juste effleuré vendredi midi : il a souligné les sources latines et chrétiennes de la culture européenne, sous entendant par là que la culture européenne et l’identité chrétienne étaient en complète harmonie. C’était un clin d’œil à ceux qui, au congrès de Nice, avaient rejeté la demande allemande de signaler dans le préambule de la constitution les racines chrétiennes (les Allemands avaient dit : geistig-religiös). Le message du pape était clair : c’est le christianisme ou le judéo-christianisme qui a fait ce continent et le chrétien doit s’y sentir chez lui car les valeurs qui irriguent cette culture sont ses valeurs. En insistant sur le travail intellectuel des moines, sur leurs ateliers d’écriture, leurs traductions et leur existence vouée à l’étude des textes et à l’adoration de Dieu, le souverain pontife a mis en avant la vocation de l’Eglise en tant que puissant facteur de développement et de recherche intellectuelle : Platon, Aristote, Plotin, les penseurs arabes et juifs médiévaux, tous ces courants de pensée furent étudiées et  analysés dans les abbayes et les couvents. Il fallait le rappeler car certains confondent encore, hélas, médiéval et moyenageux…
        Après cet intermède parisien, les autorités politiques et les intellectuels, le vrai message a été adressé à Lourdes. Et là, les esprits chagrins ont reproche au pape d’avoir réaffirmé la doctrine orthodoxe de son église… Mais où est le mal ?  C’est son rôle, sa vocation, sinon il ne serait pas à la place où il se trouve. Certes, dans nos sociétés post-modernes, dire que l’on n’admet pas les divorcés remariés provoque la stupéfaction, mais (même si je ne pense pas comme lui) comment devait-il faire ? Adopter des valeurs religieuses à géométrie variable, dire que la règle admettait autant d’exceptions que l’on voudra ?
        On dit que le pouvoir religieux est un pouvoir spirituel, don issu de l’esprit qui transcende le temps et ses aléas, ses variations. L’Etat, lui, agit dans le temps, hic et nunc. Oui, le temps, qui détermine tout. Or le temps n’est pas le même pour un chef religieux et un leader politique : les temporalités sont différentes : le religieux ou le spirituel se place d’emblée sub species aeternitatis, il apporte des valeurs et des principes qui, tout en transcendant le temps et l’espace, cherche à améliorer les réalités de ce bas monde  et l’état de nos sociétés.  Les systèmes  religieux et philosophiques nous apprennent qu ce qui doit durer doit être dur et persistant. C’est la différence entre le transitoire et le permanent. Or les valeurs sont permanentes tandis que les aménagements et les compromis ne durent qu’un temps.
        A Lourdes, enfin, nous avons eu droit à un sermon destiné à la communauté des croyants et c’est vrai que c’est de nature à heurter la sensibilité a-religieuse de certains. Mais le pape s’adressait alors à ceux qui ont foi en le miracle et en Dieu résurrecteur des morts. C’est une autre logique et le pape est à l’intérieur de son droit, dans la mesure où la république est laïque et les Français libres de choisir entre croire et ne pas croire.
     

  • LE PAPE ET LE DIVORCE

     

     

    LE PAPE  ET LE DIVORCE
        Les dernières déclaration de Benoît XVI à Lourdes, peu avant son retour à Rome, ne manqueront pas de faire couler beaucoup d’encre. Le pape a rappelé avec force l’indissolubilité du mariage et le caractère très problématique de l’admission des divorcés remariés dans la communauté chrétienne. Ceci fait penser immanquablement à des précédents célèbres, dirons nous, sans être plus précis, afin de ne pas créer d’incidents au terme d’une visite qui a plutôt bien commencé.
        Nous sommes bien d’accord que le chef de l’église catholique ne saurait se muer en  thuriféraire du monde moderne, de son laxisme, de sa permissivité et de sa tendance quasi pathologique à enfreindre les interdits.
        Nous  savons aussi que le divorce est une maladie chronique de notre monde, que dans certaines métropoles européennes ou ailleurs, une union sur deux finit par un divorce et que les êtres humains, contraints à une telle extrémité en souffrent gravement.
        Nous savons aussi que les doctrines de l’église catholique lui dictent de ne pas renoncer à ce qu’elle considère comme un dogme intangible depuis le début de sa structuration doctrinale (car certains compagnons de Jésus étaient mariés et pères de familles avant de rencontrer auquel ils ont consacré leur vie…
        Mais tout de même, sans se faire l’apologiste du divorce ou le partisan de la permissivité, il faut bien considérer que l’évolution des relations entre les sexes, le développement sociologique et ce qu’il faut bien nommer les contraintes de la vie d’aujourd’hui, tous ces éléments ont, qu’on l’admette ou non, rendu le divorce incontournable…
        Chacun sait que j’ai de la religion et du pape une bonne impression, que l’élément religieux, éclairé par la Raison, me paraît souhaitable, mais cette réaffirmation du dogme, suivie de la réintroduction de la messe en latin, risque de ralentir l’évolution de l’église et de la couper du monde où nous vivons.
        Avec tout le respect que je peux avoir pour un saint homme et le courant religieux qu’il incarne, je ne puis que m’étonner de cette réaffirmation éminemment conservatrice (certains diront réactionnaire) d’un dogme que plus personne ne respecte. Certes, le Saint Père a cru bon d’assortir cette interdiction de divorce de sa profonde affection pour ceux qui y sont acculés, mais cela ne suffit pas.
        Les fidèles sincères de cette religion risquent de se demander où va l’église. Et finirent par s’en détourner. Il y a certains dogmes de l’église catholique qui ne passent pas : le divorce et le célibat des prêtres en font partie.
        Loin de moi l’idée de donner des conseils mais tout de même ! Je ne pense pas que l’on interprète correctement l’enseignement de Jésus sur ce chapitre sensible…  En agissant ainsi, le Saint Père réintroduit les ferments de la discorde dans sa propre communauté qu’il divise profondément. Son motu proprio avait déjà irrité bon nombre de gens. S’il en rajoute, ce n’est vraiment pas bien.
        Pour être une bonne église, une saine congrégation religieuse, l’église catholique doit vivre avec son temps, sans céder sur l’essentiel. L’essentiel, c’est d’aider les femmes et les hommes à vivre selon des principes humains. Et non point des idées d’un autre temps.
        On devrait s’inspirer d’un vieil adage sémitique : ce que ta main droite repousse, que ta main gauche le rapproche…
     

  • OLIVIER BESANCENOT ET LA GAUCHE FRANÇAISE

    OLIVIER BESANCENOT ET LA GAUCHE FRANÇAISE
        Olivier Besancenot sera-t-il le plus petit diviseur commun de la gauche ? Indéniablement, le porte-parole de la LCR a le vent en poupe. Certes, il n’arrivera pas demain au pouvoir, soyez rassuré mais les médias se l’arrachent, Michel Drucker l’a reçu dimanche après-midi dans son émission de divertissement et d’accueil de personnalités et les radios s’honorent de l’interviewer.
        Agréable à regarder, photogénique, intelligent, il débit de belles phrases toutes faites sur les revendications salariales, les inégalités sociales, les contestations en tout genre, et de ce fait, il plaît aux Français qui sont mécontents de leur sort. Et par les temps qui courent, cette catégorie est plutôt bien représentée.… Même si le discours du patron de la LCR qui crée d’ailleurs un nouveau groupuscule politique sonne assez creux.
        Ce qui est le plus frappant, c’est qu’il est le seul à progresser à gauche : le PS s’enlise chaque jour un peu plus dans les luttes intestines et les rivalités internes. Le PC a du mal à réaliser qu’il est l’ombre de lui-même, bref à gauche, le seul courant qui ait repris des couleurs est celui de Besancenot.
        Les Français seraient ils devenus des trotskystes ? Non point. C’est simplement une stratégie politico-médiatique dont Besancenot se fait l’allié objectif, pour parler le langage marxiste.
        Voici ce que fait la droite et qu’un dirigeant de premier plan a expliqué un leader de l’opposition de gauche : nous allons vous faire avec Besancenot ce que vous nous avez fait, durant vingt ans, avec Le Pen…
        Intéressant, non ?