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Vu de la place Victor-Hugo - Page 1415

  • Le Hezbollah, encore…

     

      Le Hezbollah, encore…
        Un honorable lecteur me demande pourquoi je souligne que le mouvement chi’ite prend ses ordres à Damas et à Téhéran, sans dire que la «majorité antisyrienne prend, elle, ses ordres à Washington.» (sic)
        La réponse est simple : le gouvernement légal du Liban, dirigé jusqu’à nouvel ordre par Monsieur Fouad Siniora, décide comme il l’entend. Il est le dépositaire de la volonté populaire. S’il estime que l’intégrité territoriale et la sécurité du Liban sont bien assurées ainsi, libre à lui. Si on n’est pas d’accord, et ce serait normal dans un régime démocratique, eh bien, il faut voter contre aux prochaines élections.
        Mais à quoi assistons nous ? Des efforts redoublés du même camp qui veut rompre le cadre de la légalité libanaise : a-t-on jamais une milice illégale, mieux armée que l’armée régulière, décider de la paix et de la guerre, provoquer une vértiable ruine de son propre pays pour complaire à d’anciens occupants du pays qui n’ont pas encore digéré leur évacuation forcée ? A-t-on jamais vu une milice qui quadrille militairement tout un quartier d’une capitale (Beyrouth ouest) et  provoquer de sanglants affrontements qui font des victimes ? A-t-on déjà vu une milice illégale s’emparer des rédactions de télévisions et de journaux d’autres partis politiques afin de les réduire au silence après les avoir mis à sac ? Et la liste serait longue… et on ne parle pas des attaques à l’encontre des attributs de la souveraineté libanaise qui font de cette milice illégale un status im statu…
        L’intérêt du pays du Cèdre est de vivre comme il l’entend, de faire la paix avec qui il veut, de veiller sur la sécurité de ses citoyens sans qu’ils soient espionnés dans leurs déplacements et que leurs communications téléphoniques soient écoutées…
        Il y a au Liban place pour tout le monde, tous ceux qui veulent coexister en paix avec leurs voisins.… Mais pour y parvenir, a-t-on le droit de bloquer les voies terrestres menant à l’aéroport ?  Alons ! Un peu de bon sens et tout rentreta dans l’odre. Mais quelle tristesse pour les victimes et leurs familles.

     

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  • Vers un nouvel embrasement à Beyrouth ?

     

       Vers un nouvel embrasement à Beyrouth ?
        Voici enfin la preuve, s’il en était encore besoin, que le Hezbollah libanais est une milice illégale qui prend ses ordres à l’étranger et ne sert nullement les intérêts nationaux du pays où il se trouve.
    On connaît les faits : les autorités libanaises qui restent, jusqu’à preuve du contraire, en charge de la loi et de l’ordre dans le pays du Cèdre découvrent deux choses graves :
    a) le Hezbollah a installé avec l’aide de pays étrangers (on sait lesquels) un système de télécommunications indépendant du réseau national, ce qui lui permet de se soustraire à tout contrôle tout en espionnant les autres.
    b) les membres du Hezbollah ont réussi à braquer, de jour comme de nuit, une caméra sur une piste d’envol de l’aéroport de Beyrouth permettant de voir qui part et qui arrive par des jets privés. Ces informations sont vitales car elles permettent de s’en prendre à des adversaires politiques dont on connaît les déplacements…
        Ainsi qu’il en le droit, le gouvernement légal a décidé d’y mettre bon ordre en révoquant l’officier chargé de la sécurité de l’aéroport et en ordonnant une enquête. Se voyant découvert, le Hezbollah a mis le feu aux poudres, arguant que ce système de communications et d’espionnage lui permet de se prémunir contre des menaces… Et pour montrer sa détermination, il a lancé des attaques contre les partisans de la majorité…
        Une nouvelle fois, le petit Liban redevient un pion dans le jeu d’autres puissances régionales. Des tractations secrètes sont en cours entre la Syrie et certains grandes puissances occidentales. Et pour faire monter les enchères et obtenir plus d’assurances sur la survie de son régime isolé et mis au ban, l’ancien occupant du Liban montre qu’il n’a pas perdu la main.
        Mais que faire pour soustraire enfin ce petit pays à la barbarie et à la désolation ? Pas de président pour le Liban, pas de souveraineté libanaise même à l’intérieur des frontières, rien qui ressemble de près ou de loin à un Etat indépendant… Que faire, oui, que faire ?

     

  • Sari NUSSEIBEH. Anthony DAVID. Il était un pays. Une vie en Palestine. Traduit de l’anglais par Marie Boudewyn. Jean-Claude Lattès, 2008.

     

      Sari NUSSEIBEH. Anthony DAVID. Il était un pays. Une vie en Palestine.  Traduit de l’anglais par Marie Boudewyn. Jean-Claude Lattès, 2008.

        Voici un livre émouvant, écrit de manière mesurée, sans haine ni ressentiment, mais avec une certaine fermeté de plume. Je n’en approuve pas tout le contenu, mais je trouve qu’il est sorti de la plume de l’un des meilleurs intellectuels palestiniens qui aient jamais défendu la cause qu’il croit être la bonne. Même Amos Oz, co-fondateur , il est vrai, du mouvement La paix maintenant, donc inclinant vers la gauche israélienne, a tressé quelques couronnes convenues à ce livre. Qui, je le répète, ne m’a pas laissé indifférent.
        Ecrit par un rejeton d’une veille famille de Jérusalem qui, de manière toute hagiographique, fait remonter sa propre lignée aux générations suivant immédiatement celle du prophète de l’islam, l’auteur a étudié dans de bonnes universités anglo-saxonnes (ce qui lui permit non seulement d’acquérir culture et ouverture d’esprit) mais aussi de trouver l’âme sœur, ce qui n’est pas sans avoir influencé sa vision de l’univers et son approche des problèmes de l’existence. En particulier une existence en Palestine, ce pays qui, bien que voté par l’ONU à l’occasion du partage, ne vit jamais le jour car les armées arabes déclarèrent la guerre au jeune Etat juif et que le roi Abdallah Ier, le grand père du souverain hachémite actuel, s’empressa d’annexer la Cisjordanie…
        L’habileté de la présentation de ce livre a consisté à dérouler une vie en la nouant autour d’un groupe ethnique ou d’un peuple, les Palestiniens. Et là, je dois dire que l’auteur fait preuve d’un esprit critique fort apprécié, tout d’abord à l’égard de ceux qu’il nomme les « occupants», mais aussi les politiciens palestiniens dont il stigmatise à longueur de pages, l’incompétence, la cupidité et la corruption. Les pages écrites sur la mentalité et le mode de gouvernement du défunt Yasser Araft sont étonnantes de lucidité et de franchise. Cet auteur a résisté de son mieux, grâce à sa formation philosophique et à son étude approfondie des œuvres d’un grand philosophe musulman du IXe siècle, père de la falsafa, Abu Nasr Al-Farabi. Ce dernier dressait en fait un portrait du souverain de la cité vertueuse qui ne correspondait pas en tous points au personnage de l’ancien président de l’Autorité palestinienne… C’est ainsi que l’auteur refusa poliment les postes trop en vue que le vieux leader tentait de lui confier ; cela rappelle les difficultés de Mahmoud Abbas, alors Premier Ministre, avec le même leader, un Abbas sur lequel l’auteur ne tarit pas d’éloges.
        Sari Nusseibeh a été un philosophe attiré par l’action politique (voire terroriste quoique non violente, il s’est contenté, dit-il, d’introduire des sommes d’argent qu’il répartissait entre les activistes…) mais rapidement déçu par elle. Très instructif est son écartèlement entre un poste de professeur associé aux USA et un portefeuille ministériel confié par Arafat. Ce qu’il dit de l’université de Birzeit qu’il dirigea durant des années est très lucide ; il a pu constater, impuissant, la montée en force des adeptes du Hamas qui cherchèrent régulièrement à le neutraliser au motif qu’il ne défendait pas les mêmes idéaux qu’eux… Il stigmatise aussi l’arrièrisme et la monomanie des islamistes, ivres de lectures du Coran ,au point d’y découvrir même les prévisions météorologiques… l’hommage qu’il rend à son épouse Lucie sur ce point mérite d’être mentionné,  Son islam à elle, issue d’une famille d’athées, est plus valide que celui des obscurantistes.
        L’auteur a passé, avec un tel parcours de militant de la cause palestinienne, un peu de temps, derrière les barreaux mais reconnaît n’avoir jamais été maltraité, même s’il consacre des chapitres entiers aux dires de ses étudiants, arrêtés pour activités terroristes. Universitaire, il émaille ses développements de références à John Locke, à Spinoza et à Kant… Il a même collaboré (dans le bon sens du terme) à l’enseignement de l’Université Hébraïque de Jérusalem. Il reconnaît les mérites de ses amis israéliens de gauche qui lui permirent d’assister à des séminaires de Shlomo Pinès sur les Lois de Platon. Il prit aussi connaissance des travaux de Léo Strauss sur al-Farabi, son auteur préféré, même si Avicenne retint aussi quelque peu son attention.
        Ses présentations des hommes politiques israéliens de droite comme de gauche sont assez tranchées : il ne porte dans son cœur ni Shamir, ni Bégin, ni Sharon, tout juste Pérés et un peu Rabin. Ehoud Barak l’a déçu , sans oublier le président américain Clinton auquel il reproche d’avoir imputé au seul Arafat l’échec des négociations du Camp David.
        Ce livre est trop riche, trop documenté pour qu’on puisse le résumer en si peu de lignes. Il convient de lire, sans en trop mâcher les feuilles…
        Il est dommage que les Palestiniens n’aient pas eu la sagesse politique de pousser vers l’avant un homme comme l’auteur qui sait, malgré son unilatéralisme, juger avec pondération et modération.


     

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